Une expérience paradoxale
- La réalisation, aux Etats-Unis, d'un utérus artificiel est un nouveau
pas dans la "déshumanisation" de la procréation humaine et la loi doit
intervenir, demande Mgr Sgreccia. Mais il souligne en même temps que
l'expérience met paradoxalement en évidence que "l'embryon humain a sa
propre capacité de développement autonome" et donc la nécessité de le
défendre dès sa conception.
Les chercheurs américains qui ont mené cette expérience ont
déclaré avoir réussi à "fixer" ("enraciner") l'embryon mais qu'ils avaient
ensuite interrompu l'essai. Mgr Elio Sgreccia, vice-président de
l'Académie pontificale pour la Vie, commente l'événement au micro de radio
Vatican:
- C'est un acte qui viole non seulement les normes de la bioéthique, mais
qui ne prend pas du tout en considération la relation psychologique qui
s'instaure entre la mère et l'enfant pendant le temps de la grossesse. Par
cette nouvelle expérience, nous sommes toujours sur le chemin de la
déshumanisation de la procréation humaine qui a lieu non seulement en
dehors de l'amour du père et de la mère, mais aussi en dehors du corps de
la femme. Il s'agit d'un processus purement technique mais fait au
détriment d'une créature humaine. Maintenant, on n'a pas besoin de faire
tant d'efforts pour comprendre que cet artifice de laboratoire doit être
condamné aussi par la loi. Je ne sais pas désormais comment on pourra
soutenir que l'embryon humain n'a pas son individualité, sa propre
capacité de développement autonome étant donné qu'il peut se développer en
dehors du corps de la mère. Il faudra réfléchir à nouveau à l'autonomie
biologique et humaine de l'embryon pour demander la protection de la
créature humaine dès son commencement. Donc, une situation paradoxale
s'est créée: d'une part, on met en évidence la vraie nature de l'embryon
humain, son individualité humaine, sa capacité de se développer de façon
autonome dès le moment de la fécondation, et d'autre part, l'usage que
l'on en fait de façon tout à fait inhumaine et uniquement en fonction de
la technologie.
- En outre on néglige la relation de la mère et de l'enfant...
- Justement, celui qui doit se développer est soustrait à la plénitude de
la communion avec la mère et si ce que les psychologues ont toujours dit
est vrai, comme je le crois, à savoir que l'état émotif, l'inconscient se
développe surtout dans la phase prénatale, dans le sein de la mère et dans
l'échange avec elle, alors dans ce cas, la déshumanisation devient
paradoxale et grave.
- Certains chercheurs qui s'étaient en d'autres occasions déclarés
favorables aux manipulations, cette fois se montrent contraires à l'utérus
artificiel?
- Certainement, et je veux espérer que ces exagérations feront
réfléchir à nouveau toute la communauté scientifique sur toute la matière
et que dans certaines nations - qui n'ont pas encore de loi au sujet de la
procréation artificielle - on retrouve le sens humain, plein, de l'origine
de la vie humaine qui doit être le fruit de l'amour du père et de la mère
et du moment sacré où commence la relation de paternité et de maternité.
- Est-il encore possible de faire un pas en arrière et consacrer des
énergies et des fonds à cette recherche qui respecte l'être humain?
- Certainement. Ce que nous attendons et ce que nous efforçons de faire
comprendre aux chercheurs c'est que la voie est autre: voir quelles sont
les causes de la stérilité, guérir le corps de homme et de la femme,
afin qu'ils retrouvent la capacité naturelle de procréer pour pouvoir par
conséquent donner la vie de la façon la plus humaine et la plus naturelle.
Dans ce domaine on dépense peu et on fait peu. Probablement, les fonds
sont plus facilement accordés pour explorer ce type de situations plutôt
que de reconduire la recherche là où elle est appelée à redonner à la
personne humaine sa fertilité naturelle. Dans ce domaine la raison humaine
suffit à faire comprendre que nous nous éloignons des vrais buts de la
recherche.