La France à l'ordre d'un cadavre....Il serait peut-être temps de s'en apercevoir.   Maurice Druon

"Quand il s'agit de prouver des choses si claires, on est sûr de ne pas convaincre"   Montesquieu

Extraits de la 4e de couverture:

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la France vit en régime semi-marxiste, seul pays d'Europe à se trouver dans ce cas.....

Fonction publique, secteur nationalisé, conventions collectives, code du travail, fiscalité, justice, enseignement et recherche, tout subit les séquelles de plans, concertés à l'époque de la Libération et pendant la « guerre froide », qui tendaient à affaiblir ou déstabiliser notre pays afin de l'aligner sur le modèle soviétique.......

Les effets sont tellement entrés dans nos mœurs que les citoyens ne s'en aperçoivent même plus. Mais la situation en France en est gravement affectée.

Extraits p14 -19:

.....L'art suprême de la guerre, pour Sun-Zu, est de conquérir pays ou cités sans avoir a livrer bataille, mais en les affaiblissant de l'intérieur, en diminuant leurs ressources et en les minant moralement, jusqu'à ce qu'ils soient dans l'incapacité de se défendre et qu'on puisse alors les cueillir, comme des fruits déjà pourrissants. Pour cela, tous moyens et tous alliés sont bons : la propagation de fausses nouvelles dite désinformation, l'excitation des rivalités intérieures, le discrédit jeté sur les chefs par de fausses accusations, l'infiltration des administrations par des agents de propagande, la paralysie du travail, la chute des rendements.

Après deux mille cinq cents ans, si les procédés sont évidemment différents, les principes et les objectifs restent les mêmes.

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C'est surtout dans la presse, qui conditionne journellement l'opinion, que trotskistes et gauchistes étaient utiles aux Moscovites. Pour nombre de journalistes, qui confondent volontiers liberté et impunité, l'indépendance ne se prouve qu'en critiquant et s'opposant. Les attaques systématiques, les insinuations, les mises en cause, la présentation orientée ou faussée des événements, la mauvaise foi, étaient et demeurent procédés habituels des marxistes.

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Communistes et gauchistes se trouvèrent également associés dans une action de longue haleine : la transformation de l'enseignement. Il s'agissait là de préparer la jeunesse à un autre type de société, rompant totalement avec l'ordre existant. Nous en reparlerons. L'enfance devait apprendre à penser d'une autre manière. Il fallait supprimer la mémoire du passé, couper la jeunesse de ses racines, afin de saper les fondations séculaires. Après quoi, un jour, l'édifice s'écroulerait sur lui-même, le pouvoir serait à prendre avec un bâton, et un régime collectiviste pourrait s'installer, dans la mouvance du grand frère de l'Est.

Or. ce fut la citadelle soviétique qui s'affaissa, presque d'un coup, découvrant la faiblesse de ses assises théoriques autant que de ses pratiques. Ce qui changea tout pour le monde, mais rien pour la France. Comme une machine bien programmée, chacun de ses rouages - partis, syndicats, services fiscaux, sécurité sociale, moyens d'information, et tous autres organismes - continuait d'appliquer des instructions, pensées ailleurs, et destinées à affaiblir notre pays en en faisant une société égalitariste, une société d'assistance, une société sinon paralysée, à tout le moins hémiplégique.

Que l'Allemagne fédérale, par son redressement spectaculaire, ait démontré le bénéfice qu'un pays, même vaincu, pouvait retirer de n'avoir pas de parti communiste, que l'Italie se débrouillât en transformant le sien, que la Grande-Bretagne, par le thatchérisme, prouvât que la prospérité ne se conquérait qu'en s'inspirant de principes et de procédés radicalement contraires aux théories marxistes, rien n'y fit. Les habitudes étaient chez nous trop ancrées, les réflexes trop conditionnés pour que nos élus et nos élites ouvrissent les yeux sur ces évidences.

Écrasés sous une pyramide d'impôts, les plus lourds d'Europe, qui ne visent qu'à détruire la fortune et décourager le profit, ligotés par un incroyable réseau de lois, de décrets et de circulaires dont la plupart sont inspirés, plus ou moins consciemment, par la lutte des classes, détournés par tous moyens du sentiment national, les Français, quoi qu'ils en aient, ne sont plus des citoyens vraiment libres, mais deviennent de plus en plus des sujets soumis à toutes dépendances, ce que furent les Russes pendant soixante-dix ans.

La France répond en tous points à ce que l'U.R.S.S. disparue voulait en faire. Elle obéit aux ordres d'un cadavre.

Il serait peut-être temps de s'en apercevoir.

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ET  POURTANT LA FRANCE....... p135

 

« Peuple are so suprême than they can vote themselves into slavery. (1)» Cette maxime de Herbert Agar vaut pour toutes les démocraties.

 

Un siècle avant lui, Tocqueville avait écrit : « Les Français veulent l'égalité ; et quand ils ne la trouvent pas dans la liberté, ils la cherchent dans l'esclavage. » Ceci vaut pour toutes les époques de notre pays et notamment pour la nôtre.

 

Nous avons bien failli, au lendemain de la Libération, voter nous-mêmes notre mise en esclavage. Un homme d'État de génie et un partage d'influence entre les deux superpuissances nous ont sauvés de ce péril. La France n'en est pas moins restée, depuis cinquante ans, un pays semi-marxiste.

 

Les Français ont pris une telle habitude de cet état de choses qu'ils n'ont pas conscience d'être le seul pays du continent où les lois et les comportements sociaux restent en partie inspirés par une philosophie politique qui a fait faillite.

 

Chez nos universitaires, nos représentants élus et toutes gens qui ont un rôle dans l'opinion et la marche de notre société, beaucoup n'ont pas encore admis que le marxisme était une erreur de l'esprit, parce que fondé sur des bases fausses. En dépit de ce qu'il affirme, il est en contradiction avec l'ordonnance naturelle de l'univers. Il n'est qu'une croyance, mais une croyance méthodique, ce qui fait sa nocivité.

Le marxisme fait partie des infirmités de l'esprit dont celui qui en est atteint ne s'aperçoit pas, et impute à la malveillance d'autrui les désagréments qu'elle lui cause. (2)

Pour les marxistes, le marxisme a toujours raison. C'est pourquoi, si longtemps, les staliniens français ont dit de Staline qu'il avait "toujours raison" et ont appliqué avec tant de zèle ses vues et ses instructions.

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Dieu a donné vraiment beaucoup de choses à ce petit territoire placé au bout du vieux monde, et son peuple, constitué de plus d'apports qu'aucun, a fait le reste.

Pays au long des siècles épris de grandeur, souvent abaissé par l'effet de ses erreurs, toujours redressé par son énergie, je l'ai vu en ma jeunesse descendre au plus creux de l'abîme, et puis reprendre sa position parmi les nations-phares. Comment, au soir de ma vie, perdrais-je espoir en la France ? Si j'étais sans espérance, pourquoi m'indignerais-je de ce qui la défigure, l'inhibe ou l'entrave ?

Tant qu'il me restera souffle, je m'obstinerai à la servir, pour ce qu'elle peut continuer d'offrir au genre humain.

Mais à ceux qui me suivent, j'ose dire qu'il ne faut pas tabler trop longtemps sur le miracle.

2 août 2000

 

1. « Le peuple est si souverain qu'il peut voter lui-même sa mise en esclavage. » In Périls of Democracy. - Herbert Agar, historien et essayiste américain.

2  p 57  Il y a souvent de la naïveté, du cynisme et même de la sottise dans le raisonnement des marxistes. Mais, comme l'a écrit Jean-François Revel : « La  systématisation idéologique s'empare du grand esprit comme de l'imbécile, elle guide l'action du lâche comme de homme courageux. » Nous avons tous été plus ou moins imprégnés de cette systématisation, et, par la répétition des comportements politiques, elle est entrée dans notre inconscient collectif.

Un jour que je demandais à Anatoli Sobtchak, le célèbre maire de Saint-Pétersbourg, et l'un des seuls vrais réformateurs russes - ne commença-t-il pas par rendre son ancien nom à la capitale de Pierre le Grand ? -, ce qu'il y avait de plus difficile à accomplir pour refaire de la Russie la grande puissance qu'elle doit être : « Changer les mentalités », me répondit-il.

 

Un roman dure pour une époque molle

Alain Sanders

Présent 28.02.04

Auteur du Pire des mondes (Flammarion), Ann Scott est une jeune femme bien sous tous rapports. Au moins jusqu'à ce roman. On lui doit quelques réussites comme Asphyxie (Florent-Massot, 1996), Superstars (Flammarion, 2000), Poussières d'anges (Librio, 2002).

Il n'est pas sûr que l'aura littéraire dont elle a bénéficié jusqu'alors va durer longtemps. Et elle a déjà eu droit à un commencement de lynchage dans un récent « Field dans ta chambre » sur Paris Première.


C'est que si Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley parlait du futur, Le Pire des mondes parle de notre présent. Et sans langue de bois. Son héros est un dessinateur de bandes dessinées. Qui conduit une Porsche 993. Ce qui, dès le départ, le rend « suspect » d'être « riche » même s'il l'a achetée

d'occasion. Mais il y a pire : il n'en peut plus du monde qui l'entoure. La saleté des trottoirs. L'incivilité générale. La Française des Jeux. Et les « jeunes » :

« Pour finir, même s'il avait honte, ce qui lui tapait sur le système c'était les "jeunes". Les plus petits, livrés à eux-mêmes, qui jouaient au ballon tard le soir, se foutant royalement de saouler le voisinage. Il détestait leur arrogance, quand ils vous heurtaient la tête avec leur ballon sans s'excuser (...). Il détestait aussi ceux d'une quinzaine d'années qui glandaient adossés aux voitures. Bras croisés, ils agressaient toutes les filles qui passaient. Ils croyaient quoi, attifés de leurs survêts Tacchini ? »

Inattendu, non, dans un roman publié par une maison aussi « politiquement correcte » que Flammarion ? D'autant que la description de ces « jeunes » -jeunes écrit avec des guillemets - continue avec l'évocation de leur langage : « nique ta race », « bâtard de ta mère », « putain t'es bonne »...

Belleville


Aussi le roman peut-il continuer avec l'histoire de ce personnage fondu de cinéma et, de surcroît, fasciné par une star de cinéma, on sent néanmoins que tout cela ne peut que se terminer tragiquement. Car la sourde révolte de cet homme va crescendo. Face à ce monde pourri dont il n'accepte pas l'insupportable réalité, il est certes tenté de s'en inventer un autre et de rester enfermé chez lui. Mais il faut bien continuer de vivre. Et d'affronter la rue et les réalités de la rue. Notamment ce boulevard de Belleville où il a son appartement.

Tout va véritablement basculer le jour où des « jeunes » dérobent le scooter de son amie Elisabeth, un joli petit Honda noir de petite cylindrée. Et qu'il reconnaîtra les voleurs. Et qu'il ira porter plainte à la police. Et que la police - là, ce n'est plus du roman, hélas - relâchera les « jeunes ». Et que ces « jeunes » le retrouveront dans la rue...

Un ton. Un style. Une allure. Ann Scott a tout cela. Avec, dans le climat actuel de « chasse aux sorcières », une sorte d'inconscience. Ou alors une sorte de courage provoqué par un « ras-le-bol » tel qu'on décide de sortir de la tranchée. Quoi qu'il en coûte. Quelles qu'en soient les conséquences.

Car nous avons évoqué les « jeunes ». Mais nous aurions pu, aussi, évoquer la révolte face à une France qui part en quenouille.

Le pire

« Pays d'abrutis. Ici les gens veulent être pris en charge. Ils attendent de la crèche qu'elle garde leur bébé ; ils attendent de l'école qu'elle éduque leurs enfants ; ils attendent de la Sécu qu'elle gère leur santé et maintenant ils attendent de l'Europe qu'elle décide quels steaks mettre dans leur assiette. »

Ou encore : « C'est comme les grèves : n'importe quel syndicat à la con peut paralyser le pays tout entier sans qu'on y puisse quelque chose, et tant pis si tous ceux que ça pénalise ne sont en rien concernés par les revendications. (...) Ceux qui veulent quand même bosser se font casser les gueules. »

Oui, Ann Scott était une jeune femme et un écrivain bien sous tous rapports. Au moins jusqu'à ce Pire des mondes. Maintenant, elle doit être prête à tout. Et même au pire.