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Monsieur Schmidt    

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 Présent du 6.03.03

Itinéraire d'un retraité déboussolé... Pour Warren Schmidt (Jack Ni­cholson), 66 ans, courtier en assu­rances,, l'heure de la sortie a sonné. Plus exactement, l'heure de la retrai­te. Place aux jeunes qui n'ont que faire de son expérience.

Si pour certains le départ à la retraite est synonyme d'une nouvelle vie, de loisirs et de troisième jeunes­se, pour Warren, c'est la fin d'une époque. Du jour au lendemain,, il se retrouve errant comme une âme en peine' dans son pavillon de banlieue, le regard aussi expressif que deux raisins secs dans une platée de se­moule, faisant les courses au côté d'une épouse (June Squibb) qu'il. se surprend à trouver décrépite. Et de se demander qui est cette femme dormant près de lui, épaissie, des hanches, de la mamelle et dont les jambes, décorées de varices pétant la santé, ressemblent à une carte des rivières et canaux du Middle West. Lui-même a toutefois conscience qu'il n'est pas non plus un perdreau de l'année avec ses rides au coin des yeux, ses cheveux clairsemés, son embonpointet ses poils dans les oreilles. Contrairement au Reblochon, il ne s'est pas affiné avec l'âge au cours d'une vie aussi monotone et plate que ..l'encéphalogranune d'un gastéropode. Une vie" faite de colères rentrées, durant laquelle il a été plus docile qu'un haricot de mouton.

A . 66 ans, il est parti pour s'éteindre à feu doux et toujours s'asseoir sur la cuvette des toilettes, pour ne pas salir, comme le lui a inculqué sa femme au fil des ans. Lorsque celle-ci décède brutalement d'une crise cardiaque, il découvre que celle qu'il a aimée était un trésor de femme, mê­me si, il y a bien longtemps, elle avait eu une aventure avec son meilleur ami. Alors, il la pleure.

Au fil des jours, s'il retrouve ses habitudes de célibataire, il se sent malgré tout bien seul Warren et prend conscience de la vacuité de sa vie.

Plus rien ni personne ne le retenant chez lui, il se met au volant de son mobil-home grand luxe que lui avait offert sa femme comme cadeau de départ à la retraite. Direction le Nebraska où sa fille Jeannie (Hope Davis).est sur le point de se marier avec Randall (Dermot Mulroney), un futur gendre vendeur de waterbeds (matelas à eau) qu'il trouve cornichon et dont la famille, à commencer par la mère (Katy Bates) un tantinet nympho, sent la ploucaille à plein nez et suinte le barbecue arrosé à la Bud.

Une route émaillée de rencontres, de nuits à la belle étoile, de nostalgie (notamment quand il découvre que la maison de son enfance est devenue un magasin de pneus) et d'interrogations, du genre dam-quel-état-j'erre, sur sa vie - a quoi; à qui, a-t-il servi dans cette Amérique d'aujourd'hui alors qu'autrefois les pionniers avaient vraiment laissé quelque chose, une trace ?

A 66 ana,, veuf désenchanté et désorienté qui semble n'avoir jamais été heureux ni malheureux, il se demande 'quel sens donner aux quelques années qui lui restent à vivre. Et si dans cette dernière ligne droite, l'espoir, le sens de sa nouvelle vie, n'était autre que Ndgudu, ce pe­tit orphelin Tanzanien . qu'il ne connaît pas et qu'il parraine pour 22 dollars par mois ? Un gosse du bout du monde auquel il adresse de longues lettres émouvantes et pathétiques...

Dans la veine d'Une histoire vraie, Alexander Payne signee un road-movie au goût amer du style « ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie ». Un road-moviee pépère, aussi rapide qu'un aï sous Prozac, sauvé de l'ennui grâce à un Jack Nicholson tour à tour émouvant, exapérant et « drôle » (deux ou trois pétages de plomb - dont un torticolis pas piqué des hannetons qui font rire, mais jaune), qui insuffle à son personnage une seconde jeunesse. Cher Ndgudu...

 

PIERRE MALPOUGE

  02/03

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