Itinéraire d'un
retraité déboussolé... Pour
Warren Schmidt (Jack Nicholson), 66 ans, courtier en
assurances,, l'heure de la sortie
a
sonné.
Plus exactement, l'heure
de
la
retraite.
Place
aux
jeunes qui
n'ont que
faire
de son
expérience.
Si pour
certains le départ à la retraite est synonyme
d'une nouvelle
vie, de
loisirs
et de
troisième jeunesse,
pour Warren, c'est la fin d'une
époque. Du jour au lendemain,, il
se retrouve errant
comme
une âme en
peine'
dans
son
pavillon de banlieue,
le
regard
aussi
expressif
que deux raisins secs dans
une platée de semoule,
faisant les courses au côté
d'une épouse (June Squibb)
qu'il. se surprend à trouver décrépite. Et de
se demander qui est cette
femme dormant près de
lui, épaissie, des
hanches, de la mamelle et dont les
jambes, décorées de varices
pétant la santé, ressemblent à une carte des
rivières
et canaux du Middle West.
Lui-même a toutefois
conscience qu'il n'est
pas non plus un perdreau de l'année avec ses rides au coin
des yeux, ses cheveux
clairsemés, son embonpointet
ses poils dans les oreilles.
Contrairement
au
Reblochon,
il ne
s'est pas
affiné avec l'âge
au cours
d'une
vie aussi monotone et plate que
..l'encéphalogranune d'un gastéropode.
Une vie" faite de colères rentrées,
durant laquelle il
a été plus docile
qu'un haricot de mouton.
A .
66 ans, il est parti pour
s'éteindre à feu doux
et toujours s'asseoir sur la cuvette des toilettes, pour
ne pas salir, comme le
lui
a
inculqué
sa
femme
au fil des
ans. Lorsque celle-ci
décède brutalement d'une crise
cardiaque,
il découvre que celle qu'il
a
aimée était
un trésor de femme,
même
si, il y a bien longtemps, elle avait
eu une aventure avec son
meilleur ami. Alors,
il la pleure.
Au fil des
jours,
s'il
retrouve ses habitudes de
célibataire, il se sent malgré
tout bien seul Warren et
prend conscience de la vacuité
de sa vie.
Plus rien
ni personne ne le retenant
chez lui, il se met au volant de
son
mobil-home grand luxe
que lui avait offert sa femme
comme
cadeau
de départ à la retraite.
Direction le Nebraska
où sa fille Jeannie (Hope
Davis).est sur
le
point de se
marier
avec
Randall (Dermot Mulroney), un
futur gendre
vendeur de
waterbeds
(matelas à eau) qu'il trouve cornichon
et dont la famille,
à
commencer
par
la mère (Katy Bates) un tantinet
nympho, sent
la ploucaille à plein nez et suinte
le
barbecue
arrosé à
la
Bud.
Une route
émaillée de rencontres,
de nuits à
la belle étoile, de nostalgie
(notamment
quand il découvre que la
maison de
son enfance est devenue
un
magasin de
pneus) et d'interrogations, du genre dam-quel-état-j'erre,
sur
sa
vie
- a
quoi;
à
qui, a-t-il
servi
dans cette Amérique d'aujourd'hui
alors qu'autrefois les
pionniers avaient vraiment
laissé quelque
chose,
une trace ?
A 66 ana,,
veuf désenchanté et
désorienté
qui
semble n'avoir jamais été
heureux ni malheureux, il se demande
'quel sens donner
aux quelques
années qui lui restent à
vivre.
Et si dans cette dernière
ligne droite, l'espoir, le
sens de sa nouvelle
vie, n'était autre que Ndgudu, ce
petit
orphelin Tanzanien .
qu'il ne connaît
pas
et
qu'il parraine pour 22
dollars par
mois ?
Un gosse du bout
du monde auquel il adresse de
longues lettres
émouvantes et pathétiques...
Dans la
veine
d'Une
histoire
vraie,
Alexander
Payne signee un
road-movie
au goût amer
du
style
« ô rage, ô
désespoir, ô vieillesse ennemie
». Un
road-moviee
pépère,
aussi rapide qu'un aï sous
Prozac, sauvé de
l'ennui grâce à
un
Jack Nicholson
tour à tour émouvant, exapérant
et « drôle » (deux ou trois pétages
de plomb -
dont un torticolis
pas piqué des hannetons qui
font rire, mais jaune),
qui insuffle à son
personnage une seconde jeunesse.
Cher
Ndgudu...