Relations...de l'honnête homme et du fat

Panorama

Présentation : 

Je pensais qu'il était peut-être intéressant de verser ce document dans la « tranche » interrelations. Je l'ai trouvé grâce à Google. N'ayant pas le texte exact des deux premiers vers ci-dessous... il m'a suffi de taper: «sincère homme d'honneur Molière» pour voir le texte ci-dessous s'afficher. Fantastique...

Extraits : 

Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur,
On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.

Je ne trouve partout que lâche flatterie,
Qu'injustice, intérêt, trahison, fourberie;

J'entre en une humeur noire, et un chagrin profond,
Quand je vois vivre entre eux les hommes comme ils font ;

Auteur : Molière, le Misanthrope

Source : sujet du bac ( ? ) Guyane - Antilles - Amérique centrale - Séries technologiques - juin 2000

http://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/annales/128.html

Résonances : dans tout échange il y a une part affective ...et c'est elle qui est importante  ...

Corrélats :relation, interaction, affectivité, apparences,

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MOLIÈRE - Le Misanthrope, 1666
 

acte I scène 1, vers 34-96

Au début de cette scène, deux amis, Alceste et Philinte, échangent avec vivacité leur point de vue sur l'attitude à tenir à l'égard des hommes et de la société.

 

PHILINTE
Mais, sérieusement, que voulez-vous qu'on fasse ?
ALCESTE
Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur,
On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.
PHILINTE
Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie,
Il faut bien le payer de la même monnoie,
Répondre, comme on peut, à ses empressements,
Et rendre offre pour offre, et serments pour serments.
ALCESTE
Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode
Qu'affectent la plupart de vos gens à la mode;
Et je ne hais rien tant que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations,
Ces affables donneurs d'embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d'inutiles paroles,
Qui de civilités avec tous font combat,
Et traitent du même air l'honnête homme et le fat.(1)
Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin il court en faire autant ?
Non, non, il n'est point d'âme un peu bien située
Qui veuille d'une estime ainsi prostituée;
Et la plus glorieuse a des régals peu chers,
Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers :
Sur quelque préférence une estime se fonde,
Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde.
Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps,
Morbleu! vous n'êtes pas pour être de mes gens;
Je refuse d'un cœur la vaste complaisance
Qui ne fait de mérite aucune différence;
Je veux qu'on me distingue ; et pour le trancher net,
L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait.
PHILINTE
Mais quand on est du monde (2), il faut bien que l'on rende
Quelques dehors civils que l'usage demande.
ALCESTE
Non, vous dis-je, on devrait châtier, sans pitié,
Ce commerce honteux de semblants d'amitié.
Je veux que l'on soit homme, et qu'en toute rencontre
Le fond de notre cœur dans nos discours se montre,
Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments
Ne se masquent jamais sous de vains compliments.
PHILINTE
Il est bien des endroits où la pleine franchise
Deviendrait ridicule et serait peu permise;
Et parfois, n'en déplaise à votre austère honneur,
Il est bon de cacher ce qu'on a dans le cœur.
Serait-il à propos et de la bienséance
De dire à mille gens tout ce que d'eux on pense ?
Et quand on a quelqu'un qu'on hait ou qui déplaît,
Lui doit-on déclarer la chose comme elle est ?
ALCESTE
Oui.
PHILINTE
Quoi ? vous iriez dire à la vieille Emilie
Qu'à son âge il sied mal de faire la jolie,
Et que le blanc qu'elle a scandalise chacun ?
ALCESTE
Sans doute.
PHILINTE
À Dorilas, qu'il est trop importun,
Et qu'il n'est, à la cour, oreille qu'il ne lasse
À conter sa bravoure et l'éclat de sa race ?
ALCESTE
Fort bien.
PHILINTE
Vous vous moquez.
ALCESTE
Je ne me moque point,
Et je vais n'épargner personne sur ce point.
Mes yeux sont trop blessés, et la cour et la ville
Ne m'offrent rien qu'objets à m'échauffer la bile
J'entre en une humeur noire, et un chagrin profond,
Quand je vois vivre entre eux les hommes comme ils font ;

 Je ne trouve partout que lâche flatterie,
Qu'injustice, intérêt, trahison, fourberie;

Je n'y puis plus tenir, j'enrage, et mon dessein
Est de rompre en visière (3) à tout le genre humain.


 

(1) l'honnête homme et le fat: l'homme honorable et celui qui, sans raison, est toujours satisfait de lui-même. – (2) quand on est du monde. quand on appartient à la haute société ou quand on vit en société. – (3) rompre en visière: attaquer violemment (terme d'escrime).
 


QUESTIONS SUR LE TEXTE (10 POINTS)

1. Reformulez en une phrase la thèse d'Alceste. (2 points)
2. Donnez les différents sens de "on" dans les trois premières répliques de Philinte. (2 points)
3. Étudiez les procédés par lesquels s'exprime la colère d'Alceste dans les vers 8 à 31 (4 points)
4. Dans la réplique des vers 34 à 39, montrez, en vous appuyant sur le texte, sur quelle opposition se fonde l'indignation d'Alceste. (2 points)

TRAVAIL D'ÉCRITURE ( 10 POINTS)

Dites en un développement construit et illustré d'exemples à laquelle des deux opinions, celle d'Alceste ou celle de Philinte, vous vous rangeriez aujourd'hui.

 

 

 

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