SPINOZA...Le désir et la servitude passionnelle
 
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Auteur : JJJJJ

Source : AAAAAA Janvier 2003

 

Le désir et la servitude passionnelle

homme est d'abord un être défini par sa capacité de percevoir et connaître, de sorte que la simple raison ne peut parvenir à le définir. Spinoza s'érige par là contre un certain intellectualisme des philosophes rationalistes en affirmant cette thèse capitale : « Le désir est l'essence même de homme'. »

homme est un être unitaire qui aspire à exister, et c'est ce que Spinoza entend par le terme conatus* : homme tend à persévérer dans son être et à se conserver. Le désir exprime tout entier notre nature. Cet effort dynamique qui constitue l'essence même de homme est une puissance d'agir qui perpétue l'existence, et il n'est nullement assimilable à quelque force mystique ou inconsciente. Ce conatus recouvre différents termes, tous trois délivrant la même signification dans le langage spinotiiste : il s'agit du désir, de l'appétit et de la volonté. L'essence même de homme est un élan dynamique, une force, qui agit sous la forme d'affects et d'actions et qui lui permet de persévérer dans son être. Un tel mouvement est un élan d'affirmation qui vise à « conserver » et « accroître » son existence, et en son sein nulle place pour la mort ou la négation n'est possible.

Spinoza propose une véritable théorie de la vie psychique qui s'organise autour des affects de désir, joie* et tristesse*. Nous éprouvons de la joie lorsque notre puissance d'exister s'accroît, alors que la tristesse exprime une diminution d'être. Le désir est donc perçu en termes de baisse ou d'augmentation de la puissance d'exister. Mais c'est la joie qui est constitutive de l'être dans son déploiement. C'est à partir de ces trois affects - dits primaires - que Spinoza propose d'autres affects capables de donner un sens aux multiples nuances qui colorent la vie affective. Il mêle au creuset de sa palette les affects tels que l'amour* ou l'envie, respectivement formes de la joie et de la tristesse. La vie affective se trouve alors être une modalité positive ou négative de ce conatus, essence même de homme. L'horizon de l'existence se dessine alors : c'est ce désir de vie, ce mouvement vers la plénitude de l'être et la joie. En regard des philosophes de son siècle, Spinoza se situe à contre-courant des intellectualistes tels que Descartes ou Leibniz et édifie une véritable éthique du bonheur, fondée sur la vie concrète du désir.

La finitude de homme n'est nullement vécue comme une déchéance, mais elle est acceptée et surmontée. La vie affective est un acte et c'est le désir qui en constitue la clef de voûte. Dans la vie empirique, le désir peut passer d'une perfection plus grande à une perfection moindre et c'est lui qui exprime l'essence de notre être. Spinoza est novateur dans le sens où il assigne au désir un rôle fondamental dans l'action humaine


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1. Éthique, III, définition des affects, I.

 

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