Le vivant industriel ....

Modernisme

Présentation:

article qui mettent en évidence le côté excessif d'un modernisme sans conscience. Il illustre parfaitement les méfaits du mondialisme, de la production de masse, de l'homo économicus pur jus, de l'organisation de la vie par tranche...

Extraits: 

...les poulet industriels ne savent plus marcher.... parce qu'ils sont entassés dans un espace réduit. ...et ... aussi parce que leur vitesse de croissance est excessivement rapide. ....Un débat bien singulier que la sélection génétique pourrait être tentée de résoudre en mettant au point des poulets insensibles à la souffrance ......

en Relation ....

l'homotranches, le veau stabulation, le productivisme, le modernisme, le mondialisme, le libre échangisme mondiale, O. M. C. ...... le flux financier...

le veau en stabulation ! septembre 2002

l'HOMENTRANCHE

 

 

 

 

Les poulets industriels ne peuvent plus marcher ...

Auteur: Yves Miserey

Source: Le Figaro 6.07.04

 

On sert désormais du poulet à presque tous les repas dans les cantines ou les restaurants. Il ne s'agit généralement pas de poulets de type Label rouge, élevés en liberté et nourris aux céréales, mais d'animaux qui ont grandi dans des grands poulaillers industriels (seules les poules pondeuses sont enfermées dans des cages pour récupérer les oeufs). Sans qu'on puisse le deviner dans l'assiette, ces poulets standards vendus à 2 kg sont très souvent frappés de lourds handicaps : ils ont du mai à se tenir debout et à marcher. Ils restent la plupart du temps inactifs, couchés ou assis sur leurs pattes.

Cette situation est régulièrement dénoncée par les défenseurs des animaux. Elle n'est pas sans incidence économique car certains poulets ne se déplacent, même plus pour prendre de la nourriture. Il arrive parfois que ceux qui sont atteints de boiteries graves meurent de faim. faute de pouvoir atteindre ,les mangeoires. En termes d'image, ce n'est pas bon pour une filière misant à la fois sur le profit et la qualité. En 2003, sur les 789,3 millions de poulet: produits en France, les poulets standards ont représenté 68 °/ en tonnage, les poulets labellises 18 %, les poulets certifié 10 % (un intermédiaire entre le standard et le labellisé) et les poulets bio 1 %, les 3 % restant n'appartenant à aucune de ces catégories.

On sait pourquoi les poulet industriels ne savent plus marcher. Ce n'est pas un mystère D'abord, parce qu'ils sont entassés dans un espace réduit. Mais aussi parce que leur vitesse de croissance est excessivement rapide. En effet, au cours des dernières décennies, la sélection génétique a fait des « miracles » : h durée de production d'un poule de 1,5 kg est passée de 33 jours entre 1925 et 1998 soit deux fois moins qu'un poulet labellisé. « Ils pèseraient de sept à huit kilos (le poids d'un dindon) si on les laissait atteindre l'âge adulte » (1). Résultat : les animaux sont trop gros et l'excès de poids les empêche de marcher. Si on appareille un poulet d'un système de suspension avec un câble et une poulie le soulageant de la moitié de son poids, l'animal recommence à se déplacer.

Les problèmes locomoteurs frappent beaucoup de poulets à croissance rapide. Des recherches réalisées en France ont montré que, dans les poulaillers industriels, 4 % des volailles sont incapables de bouger. Des chercheurs anglais utilisant d'autres critères affirment qu'entre 75 et 90 % d'entre eux ont une démarche altérée et que près de 30 % ont une démarche sévèrement limitée. Une étude intitulée « Faire marcher le poulet pourquoi et comment » (2) dresse un répertoire édifiant. Rien n'est épargné aux poulets industriels : boiteries, défauts d'aplomb, anomalies de développement des cartilages de croissance, doigts crochus, luxations des articulations des pattes, dermatites provoquées par une station couchée prolongée. Ces pathologies s'accompagnent de problèmes car dio-vasculaires (défaillances cardiaques, rétention d'eau dans la cavité abdominale).

L'élevage industriel se tourne donc vers les scientifiques pour mettre fin aux problèmes locomoteurs des poulets standards, mais sans remettre en cause leur durée de croissance, pourtant une question clé. « L'augmentation forcée de l'activité physique des poulets améliore la qualité de leurs os et diminue l'apparition des problèmes locomoteurs », soulignent Dorothée Bizeray, de l'Institut supérieur d'agriculture de Beauvais, et deux de ses homologues de la station de recherche avicole de l'Inra (Tours-Nouzilly).

Une partie des chercheurs estiment qu'il faut « enrichir l'environnement » des animaux. Certaines recettes proposées laissent néanmoins perplexe comme la mise en place de tapis roulants ou l'introduction de jouets, de ficelles, de spots lumineux. « Leur effet est parfois bénéfique sur l'activité mais souvent seulement de façon transitoire, et il semble très difficile d'avoir un effet significatif sur les boiteries », notent dans leur conclusion les chercheurs français. La difficulté principale tient au fait que bon nombre de poulets à croissance rapide « souffrent de manière chronique » et ne veulent plus se déplacer. « Le phénomène est amplifié par le fait que les poulets standards ont été aussi sélectionnés pour leur passivité », ajoute Christine Leterrier, de l'Inra. Des expériences réalisées en Ecosse ont néanmoins clairement montré que, si on leur administre des analgésiques, ils se hasardent à faire quelques pas.

La solution la plus efficace consisterait à donner moins à manger aux poulets, de façon à freiner leur croissance trop rapide pour leur morphologie. « Mais on peut se demander alors si on répond aux besoins naturels des animaux. A-t-on le droit de laisser un animal avoir faim ? C'est un débat éthique », souligne Dorothée Bizeray. Un débat bien singulier que la sélection génétique pourrait être tentée de résoudre en mettant au point des poulets insensibles à la souffrance.

« Il faut inventer un nouveau système et s'attaquer aux causes », estime de son côté Florence Burgat, chercheur à l'Inra-TSV (transformations sociales et politiques liées au vivant). Elle vient de coordonner un dossier sur la place de l'animal dans nos sociétés (3). « L'énormité et la technicité du système d'élevage industriel où les animaux sont élevés et abattus en série nous le rendent difficile à penser. Tout se passe comme s'il n'y avait pour ainsi dire plus rien à voir. »


(1) Bulletin d'informations de la Ligue française des droits de l'animal, n° 44, juillet 2004.

(2) Productions animales, volume XVII, n° 1, 2004. Cette revue éditée par l'Inra est disponible gratuitement sur lnternet:

www.inra.fr/Internet/Produits/PA

(3) L 'Animai dans nos sociétés, collection Problèmes politiques et sociaux, éditions la Documentation française.


 

 

texte hébergé en  07/04

 

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