En terre d’Islam, les juifs étaient régis par le statut de la Dhimma,
ensemble des relations entre la puissance protectrice musulmane et les
Gens du Livre (juifs et chrétiens.) Ces dispositions, qui sont également
connues comme la Charte d’Omar, règlent dans le détail la présence des
non-musulmans et garantissent in minimum de droits pour les personnes et
les biens. Ce statut repose essentiellement sur trois éléments fondamentaux
:
• reconnaissance du droit de vivre,
• inviolabilité des personnes et des biens,
• Infériorité en termes sociaux et religieux.
Certes, le Dhimmi jouit d’une grande liberté de circulation et
bénéficie d’une large autonomie dans l’organisation de sa vie
communautaire. Il est justiciable de ses propres tribunaux quand la cause
ne concerne pas un musulman. Il peut instaurer règles pour la gestion des
personnes et des biens ainsi que pour l’enseignement et la bienfaisance.
Le droit de propriété lui est reconnu tout comme il peut mener une vie
personnelle, familiale et religieuse conforme à la Halakha.
Cependant, en contre-partie, le Dhimmi est astreint au paiement de la
Djiziya, le fameux impopulaire impôt de capitation exécré à travers tout
le royaume. Le juif doit se distinguer du musulman par son costume
(djellaba noire à partir du XVII° siècle), sa monture, le choix de son
patronyme. Il doit respecter les mesures d’infériorité et reconnaître la
supériorité de l’Islam. Il ne doit pas détenir d’armes ou posséder
d’esclaves. De toute évidence, il lui est interdit de convertir un
musulman au judaïsme.
Comment fut appliqué au Maroc le statut de la Dhimma ? Force est de
reconnaître qu’il n’était pas suivi à la lettre et qu’il était plus souple
dans le Nord du pays – où habitaient les communautés hispanophones – que
dans le reste du royaume. Néanmoins, en règle générale, la condition
humiliée du juif marocain était fonction de la manière avec laquelle les
autorités interprétaient les dispositions du statut, l’existence des
communautés et de ses membres étant soumise au bon vouloir du sultan ou du
pacha local…