des ouiistes et des nonistes.... Yvan Rifioul

Dossier :

 Document en cours de traitement

Présentation :  chronique du 18.06.05 dans le Figaro

Extraits :   m

en zo-relation ....  mmm

 

 

 

n

Auteur:   Ja

Source:    Agor

Date :        

Retrouver la démocratie

Depuis l'électrochoc du 29 mai, les yeux s'ouvrent, les langues se délient : une chance à saisir pour la droite, si elle veut extraire le pays du panurgisme imposé par la gauche depuis des décennies. Certes, les discours obligés font encore réciter, jusqu'au sommet de l'État : «L'immigration est une chance», «L'école est une réussite républicaine», «Notre modèle social est exemplaire», etc. Mais des sujets interdits – les quotas d'entrées, l'avenir de l'État-providence, la question sociale – font déjà l'objet de questionnements. Reste à abattre le mur édifié par les idéologues.

Observer le nouveau besoin de débattre sur des tabous – même l'euro est mis en doute – rend compte du doux totalitarisme qui a cloné les raisonnements des citoyens, régulièrement rappelés à l'ordre par des gardes-chiourmes monopolisant la parole. Le spectaculaire unanimisme de la France anti-Le Pen (après le 21 avril 2002), pro-Chirac (élu alors à 82%), puis anti-Bush (durant l'année 2003) cachait mal – on le comprend mieux depuis la révolte contre les oukases – des indignations préfabriquées.

Ne pas rêver : la bien-pensance antilibérale, altermondialiste, pacifiste, antiaméricaine, antiblairiste, anti-israélienne, a encore de beaux jours. Et les nonistes de gauche, qui auront dénoncé la pensée unique, le lynchage et le terrorisme intellectuel des ouiistes, ne semblent pas disposés, concernant la défense de leurs susdites convictions, à adopter pour eux-mêmes la pensée plurielle, le dialogue et l'ouverture d'esprit. Mais ces imprécateurs radotants ont pris un coup de vieux.

Notre démocratie laisse voir ses plaies. Elles ne se sont pas seulement dues aux compromissions de la République avec des régimes despotiques. Le pouvoir, qui a voulu un Parlement croupion ouvert aux seuls partis majoritaires, refusé d'aborder les questions embarrassantes, traité avec des syndicats ne représentant pas 10% des salariés, s'est coupé de la France. Le matraquage idéologique de l'intelligentsia, relayée par l'école et la majorité de la presse, a poussé les récalcitrants à l'exil intérieur.

Ces causes expliquent le désastreux bilan laissé par des aveuglements dogmatiques, rêvant notamment de faire table rase de la culture française et de ses prétentions à survivre. L'inquiétude identitaire, révélée le 29 mai, peut être comprise comme l'ultime sursaut de ceux qui pressentent que la nation et ses valeurs pourraient disparaître dans l'indifférence. Pourquoi faudrait-il que ces électeurs s'excusent de vouloir maîtriser un destin ?

Azouz Begag, le nouveau ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, a raison quand il rappelle, mardi, «qu'il y a des milliers d'individus issus de l'immigration qui sont fiers, qui bossent, qui créent des emplois» : l'utilité sociale est le meilleur garant d'une intégration réussie. Mais il a tort quand il s'élève «contre les peurs et la sinistrose en France», en souhaitant «qu'on arrête de ne parler que des problèmes». Il faut, au contraire, les mettre au jour si on veut tenter de les résoudre.

Questions sur «l'immigration choisie»

A quoi bon nier le lien entre l'immigration et les tensions sociales ? Il crève les yeux. Les affrontements communautaires entre musulmans et gitans, qui ont endeuillé Perpignan (deux Maghrébins tués) il y a deux semaines, avaient des allures de guerre civile. Cette semaine, le gestionnaire d'un collège d'Étampes, François Villette, m'écrit qu'il a été traité de «sale blanc» et de «sale Français» par un collégien. Mais sa plainte pour injure raciale a été classée sans suite par le procureur, tandis que le rectorat n'a pas levé le petit doigt. Histoire banale.

Soumise depuis 1970 à des arrivées constantes en provenance d'Afrique et du Maghreb, la nation n'intègre plus ceux qu'elle naturalise. Seules des personnalités remarquables se sortent des ghettos. Les cités produisent le plus souvent des exclus, qui en arrivent à détester la France. Aussi est-il indispensable de promouvoir les réussites, et la discrimination positive peut aider ces Français qui veulent rejoindre la nation. Mais il faut cesser d'assurer que l'«immigration est une nécessité», alors qu'elle risque de balkaniser le pays si elle se poursuit au rythme de plus 300 000 entrées par an.

La droite aura-t-elle le courage d'affronter le conformisme immigrationniste et les procès en xénophobie contre quiconque doute des bienfaits du multiculturalisme ? Les réponses du gouvernement et de l'UMP, qui s'accordent sur une «immigration choisie», laissent supposer une volonté de mettre fin à l'«immigration imposée». Mais, si Nicolas Sarkozy s'est dit prêt cette semaine à contrôler l'affectation de l'aide médicale d'urgence offerte aux étrangers et à maîtriser le regroupement familial, il n'envisage pas de mettre fin aux mécanismes ayant fait naître un phénomène de colonisation.

La politique des quotas déterminés en fonction des besoins économiques, que semble vouloir préconiser le gouvernement, mérite plus d'un débat. Car il ne faudrait pas aboutir au résultat paradoxal d'ajouter un flux, cette fois surveillé, à cet autre demeuré imprévisible. D'autant que les actuels arrivants ont également accès au marché du travail. La France, c'est entendu, ne peut vivre claquemurée. Doit-elle pour autant laisser toutes ses portes ouvertes ? La droite tarde à répondre clairement non.

Aubenas : geôliers oubliés

Ce qui gêne, à la lecture des commentaires sur la libération, dimanche, de Florence Aubenas et de son interprète irakien : l'absence de révolte des médias et des politiques contre l'inhumanité des geôliers, qui ont enlevé et séquestré la journaliste. Parfois battue, mains et pieds entravés durant une partie de sa captivité, un bandeau perpétuellement sur les yeux, l'envoyée spéciale de Libération aura passé 157 jours sur un matelas, dans une cave de 4 mètres sur 2 et de 1,5 mètre de hauteur, qu'elle partageait avec Hussein Hanoun, avec qui elle avait interdiction de parler. Un calvaire dont elle n'a d'ailleurs pas cherché à faire étalage, préférant s'abriter derrière la pudeur de l'ironie.

Ce refus de juger n'est pas neutre. La presse a su dénoncer les humiliations américaines contre des prisonniers d'Abou Ghraïb, en Irak. Ces derniers jours, Amnesty International a qualifié le centre de détention de Guantanamo (où sont détenus des combattants islamistes) de «goulag de notre temps». A-t-on entendu les droits-de-l'hommistes s'offusquer des conditions subies par Aubenas et Hanoun ? A-t-on vu Reporters sans frontières organiser des lâchers de ballons pour dénoncer la barbarie de ceux qui kidnappent des confrères, pour parfois les égorger devant une vidéo ?

Ce silence rejoint la réticence de la France à prendre la mesure du terrorisme islamiste, qui cherche à entraver les timides processus de démocratisation au Moyen-Orient. 700 civils irakiens, dont des femmes et des enfants, ont été tués en mai au cours d'attaques suicides ou d'attentats. Un carnage qui s'est poursuivi ce mois-ci, sans éveiller l'émotion de nos moralistes. Ils ont choisi de ranger ces actions au chapitre «actes de résistance» ou de mettre des guillemets à «terrorisme», vu alors comme une «réponse à une injustice et à une humiliation».

L'angélisme du raisonnement est déjà une capitulation devant ce nouveau totalitarisme et son djihad lancé, depuis le 11 septembre, contre l'Occident. Au prétexte de ne pas vouloir froisser la susceptibilité des bourreaux, les médias donnent le sentiment de les disculper de leur idéologie et de leurs pratiques, ou du moins de leur accorder des circonstances atténuantes, au nom de leur lutte contre «l'occupation américaine». Ce faisant, la profession fait acte de soumission. Une victoire pour les islamistes.

Parler vrai sur l'islam

A ce propos : le besoin de parler vrai, apparu depuis le 29 mai, ne peut plus se satisfaire de l'accusation d'«islamophobie» lancée à la figure de celui qui s'inquiète de la radicalisation de l'islamisme en Europe et en France. Il ne suffit pas de dire que l'islam est une religion de paix pour clore le débat. Il est devenu nécessaire de s'interroger sur la pertinence de l'application littérale du Coran, pratiquée par une minorité de musulmans. Cette approche conduit à des refus de s'intégrer dans une démocratie laïque et égalitaire, au nom de la prééminence de loi islamique, et à considérer les autres religions comme inférieures, voire hostiles. La lecture critique du livre saint ne peut évidemment être l'oeuvre que des musulmans eux-mêmes. Mais si personne ne les incite à cette modernisation, la mèneront-ils ?

Moutons noirs

Encore une chose, sur ce 29 mai qui s'annonce décidément révolutionnaire. Alors que les ouiistes prophétisaient une France isolée – le mouton noir – en cas de rejet de la Constitution, que voit-on ? Le refus français a révélé un même malaise généralisé. Observation de Tony Blair dans Le Figaro de mercredi : «Je crois que la réaction négative à l'égard de l'Europe est la même en France, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Allemagne, où il serait sans doute très difficile de gagner un référendum, s'il y en avait un.» Et la liste des non risque de s'allonger, selon les sondages, au Danemark, à l'Irlande, à la Pologne, au Luxembourg, au Portugal, à la République tchèque...

Tandis que les partisans du oui ne cessent, cette semaine encore, de ressasser leur défaite en s'entêtant à prédire le pire, c'est le premier ministre britannique, épouvantail du bien-pensisme, qui a dit les mots les plus évidents : «Je pense que ce qui est important de réaliser est qu'il y a maintenant une prise de conscience claire en Europe sur la nécessité d'un débat beaucoup plus fondamental sur l'avenir de l'Europe.» Celui qui présidera l'Union le 1er juillet demande une pause, pour réfléchir aux choix économiques et aux liens à entretenir avec les États-Unis. Deux sujets qu'il ne serait pas superflu d'approfondir. Où est le drame ?

A côté de la plaque

La nouvelle plaque d'immatriculation, mise aux normes européennes : présentée mercredi, elle ne fera plus référence aux départements. Le numéro sera attribué à vie au véhicule, quelle que soit la domiciliation du propriétaire. Alors que les Français sont en demande d'identité et rejettent l'uniformisation, cette mesure tombe mal...

 

 

 

texte hébergé en  06/05

 

 

haut de page