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      Le plus dur reste à faire 
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       Dossier :  | 
     
   
   
    
      
      
        
        
        Présentation :  article de 
        François de Lacoste Lareymondie est 
        vice-président de la Fondation de service politique.du site  
        www.libertepolitique.com. Agence catholique de presse et d'analyse 
        
        
        Extraits :  Ce rejet en dit 
        long sur l'abîme qui sépare un peuple de ses élites. Jamais notre pays 
        n'avait enregistré un clivage aussi tranché entre deux mondes...... 
        Un 
        “non”anti-technocratique.. 
        Un “non” 
        identitaire. Elle s'est structurée sur le refus français de 
        mentionner les "racines chrétiennes" de l'Europe, et plus encore sur la 
        question turque  
        Le 
        bouleversement de la donne ouvre largement le jeu. ....En provoquant des 
        risques que nul n'est sûr de pouvoir maîtriser, il offre aussi une 
        chance historique..... 
        ...Au delà 
        du séisme immédiat et de ses répliques inévitables et au terme de la 
        période de latence et de doute qui s'ensuivra, la machine européenne 
        redémarrera. ....quelque chose s'est débloqué 
        N'y a-t-il 
        pas dans ces rejets populaires un appel à promouvoir une autre dimension 
        de l'Europe, moins technique, plus culturelle, et politique ? 
        ...on peut 
        considérer que nous avons jusqu'en 2007 pour transformer le “non” 
        français en un levier de négociation efficace entre les mains de ceux 
        qui voudront alors s'en servir... 
        s'il est un 
        domaine où les catholiques sont porteurs d'une valeur ajoutée, c'est 
        bien celui de la construction européenne 
       
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      Le plus dur reste à faire 
      
      Source:
         http://www.libertepolitique.com/ 
      
      Date : 
      
      7.06.05  
      
       
         
      
        
          
          François de Lacoste 
          Lareymondie  
           
          Pour avoir été annoncé, le choc n'en a pas moins été violent. Le 
          niveau de participation et l'avance majoritaire du non témoignent 
          d'une décision claire et sans ambiguïté. Et maintenant ? Quoi qu'on 
          dise, le projet de traité constitutionnel est mort et enterré. Les 
          Néerlandais ont suivi l'exemple français, et nettement. Les 
          référendums suivants se présentent mal pour leurs promoteurs. Dans les 
          pays qui ne l'ont pas prévu, la pression monte en faveur d'une 
          consultation populaire, et d'un vote négatif. Quant aux Britanniques, 
          leur Premier ministre considère que le référendum de ratification 
          promis pour l'an prochain n'est plus d'actualité. 
           
          Cependant, le plus dur reste à faire. Le vote du 29 mai révèle une 
          fracture qui comporte de nombreux risques, en France et dans 
          l'ensemble de l'Europe.  
           
           
          UNE FRACTURE POLITIQUE 
           
          La première fracture est politique. La majorité des électeurs a rejeté 
          la proposition que lui présentait l'ensemble de ses dirigeants 
          politiques, économiques, syndicaux, et tout ce que la France compte ou 
          presque d'intellectuels et d'autorités morales. Ce rejet en dit 
          long sur l'abîme qui sépare un peuple de ses élites.  
           
          Les lignes de partage se dessinent de façon très nette : ont approuvé 
          majoritairement le projet de Constitution les plus de soixante ans, 
          les habitants des centres urbains anciens, bourgeois et résidentiels, 
          qu'ils soient conservateurs/traditionnels ou libéraux/libertaires, 
          ainsi qu'une demi-douzaine de départements de l'Ouest. À l'inverse, le 
          non domine chez les actifs, toutes catégories sociales confondues (à 
          l'exception des cadres supérieurs), chez les jeunes, et dans presque 
          toutes les régions, notamment les plus rurales, les plus marquées par 
          les phénomènes péri-urbains et les zones frontalières. 
           
          Jamais notre pays n'avait enregistré un clivage aussi tranché entre 
          deux mondes. Les partis politiques traversés par ces nouvelles 
          lignes de fracture peinent à les assumer. Et les élites contestées ne 
          semblent pas prêtes à une autocritique de fond. Imputer la défaite au 
          chômage les dédouane d'une plus ample réflexion. Ce contexte a sans 
          doute contribué au résultat mais il n'en a pas été le facteur décisif. 
          Après une longue campagne de neuf mois, durant laquelle les Français 
          se sont plongés dans les questions européennes comme ils ne l'avaient 
          jamais fait, ce serait leur faire injure de prétendre qu'ils ont 
          répondu à côté de la question. 
           
          D'où l'importance d'une analyse précise des niveaux du “non”.  
           
          Un “non” social. Au travers de la défense d'un ensemble de 
          protections sociales, d'avantages acquis, le “non” social met le 
          modèle français en balance avec le mouvement général de modernisation 
          engagé en Europe. C'est le choix d'une économie et d'une société 
          libérales fait par la majorité de nos partenaires, et notamment les 
          nouveaux adhérents qui a été refusé par une majorité de Français. Ce 
          modèle issu du pacte conclu à la Libération, mélange d'idéologie 
          socialisante, de redistribution collective à grande échelle, 
          d'interventionnisme étatique et de bureaucratie inquisitoriale, 
          s'alimente encore abondamment au discours ressassé des dirigeants 
          français. Beaucoup d'entre eux continuent de le tenir pour un idéal 
          indépassable… et de rejeter lâchement sur Bruxelles la responsabilité 
          de tout ce qui le remet en cause.  
           
          Un “non”anti-technocratique. Venant d'autres horizons, le “non” 
          anti-technocratique trouve sa force dans le rejet du mode de 
          fonctionnement communautaire. Les réglementations multiples et 
          foisonnantes, acquises au terme de processus obscurs et rigides, 
          tendent à l'uniformisation systématique. Elles ont pour effet de 
          gommer la diversité d'une Europe difficilement gouvernable à 25 et 
          sont de plus en plus mal supportées.  
           
          L'épisode de la directive Bolkestein en est une illustration plus que 
          symbolique, celui du " plombier polonais " une incarnation parlante.
          Les réactions du gouvernement français en ont apporté la preuve de 
          trop : celui-ci ne maîtrise plus le fonctionnement des mécanismes 
          européens. Aux grands principes sur lesquels on demandait aux 
          électeurs de se prononcer, ceux-ci ont opposé leur vécu quotidien. 
           
          Un “non” identitaire. La question de l'identité européenne, 
          quoi qu'on en dise, n'a jamais été absente de la campagne, ni par 
          conséquent du vote. Comment expliquer le rejet du projet de traité 
          constitutionnel par une génération de jeunes et de catholiques engagés 
          ? Sans doute peu nombreuse, elle n'a pas été, pour autant, sans 
          influence sur les termes du débat. Elle s'est structurée sur le 
          refus français de mentionner les "racines chrétiennes" de l'Europe, et 
          plus encore sur la question turque qui s'est invitée dans le 
          débat, moins par un hasard de calendrier que par l'obstination de nos 
          dirigeants politiques. Parallèlement mais opérant dans le même sens, 
          les interrogations sur le contenu et la portée de la Charte des droits 
          fondamentaux ont mis en lumière une conception sous-jacente de 
          l'homme, qui s'écartait des intentions des "Pères fondateurs". 
           
          Des courants contradictoires se sont ainsi renforcés. Mais le vote de 
          dimanche a été fondamentalement politique et contrairement à ce qui a 
          été dit, il n'est pas sorti du sujet européen. Trouvera-t-il une 
          réponse à la hauteur de ses interrogations ? 
           
           
          MAITRISER LES RISQUES 
           
          Le bouleversement de la donne ouvre largement le jeu. En provoquant 
          des risques que nul n'est sûr de pouvoir maîtriser, il offre aussi une 
          chance historique. 
           
          Premier risque, le dépit guette le monde de l'entreprise. Déçus 
          des Français et de la politique, de nombreux responsables 
          d'entreprises se comportent intellectuellement et moralement en 
          apatrides, au gré de leurs intérêts. Il est facile de se laisser 
          accaparer par le Léviathan professionnel. De nombreux chrétiens ne 
          sont pas exempts de cette tentation : pris entre une vie active 
          stressante, et des obligations familiales légitimes, ils renvoient les 
          implications de leur foi à la seule sphère privée. Ainsi une vaste 
          partie de l'élite intellectuelle et morale française se détourne des 
          affaires publiques et se forge, à bon compte, un solide alibi. 
           
           
          Second risque, le repli sur soi, qui menace davantage la sphère 
          politique. Le discours est entendu : "Cet accident est malheureux ; 
          mais nous n'allons pas nous mettre en travers de la route et 
          restons-en là ! Après tout, que sert de se tourmenter si l'on ne 
          détient pas la capacité de changer les choses ? Priorité donc aux 
          prochaines échéances électorales dont dépend le pouvoir, lequel 
          demeure le principal objectif ! Allons dans le sens de la pente, 
          rassurons avec des “je vous ai compris”, assortis d'une bonne mise en 
          scène. Il sera toujours temps d'aviser ensuite." Cette 
          fâcheuse habitude post-électorale a toujours pour résultat 
          l'aggravation de la fracture. 
           
          Enfin, le risque de récupération. D'ores et déjà certaines 
          organisations politiques et syndicales, appuyées par d'efficaces 
          relais d'opinion prodigues en démagogie, sont à la manœuvre. On 
          connaît leurs moyens, et leurs buts. Faut-il les laisser faire, avec 
          nos beaux yeux pour pleurer quand il sera trop tard ? 
           
           
          PROFITER DU DEBLOCAGE 
           
          Sans attendre, le président de la République a réagi. Surpris par 
          l'ampleur de son désaveu, il a justifié un changement de gouvernement 
          par un discours unanimiste sur l'intangibilité du pacte social 
          français. Tout laisse craindre un repli sur les enjeux de politique 
          intérieure et une gestion purement tactique des deux années à venir. 
          En ce cas, les graves questions posées sur l'Europe pourraient être 
          éludées. Les Français auront alors le sentiment fondé, et dangereux, 
          que leur vote aura été escamoté. Il nous faut donc revenir vers eux 
          sans délai sur ce sujet. 
           
          Nous ne pouvons laisser le champ libre ni aux égoïsmes, qu'ils soient 
          personnels ou corporatifs, ni aux idéologies, qu'elles soient 
          socialistes, mondialistes ou libertaires. Pas seulement par devoir 
          envers nos concitoyens.  
           
          Au delà du séisme immédiat et de ses répliques inévitables et au 
          terme de la période de latence et de doute qui s'ensuivra, la machine 
          européenne redémarrera. L'Europe ne peut demeurer sur un échec. Le 
          dossier sera rouvert, mais pas forcément dans la forme où nous l'avons 
          laissé. 
           
          Or quelque chose s'est débloqué : l'idée que la construction 
          européenne passe obligatoirement par des voies économiques, 
          financières et des mécanismes réglementaires abstraits, ne s'impose 
          plus comme une évidence. N'y a-t-il pas dans ces rejets populaires 
          un appel à promouvoir une autre dimension de l'Europe, moins 
          technique, plus culturelle, et politique ? 
           
          Le pays par qui le non est arrivé dispose, au moins pendant un temps, 
          d'une capacité d'initiative et de l'avantage du terrain, puisqu'il 
          faut bien que les autres viennent à lui pour parvenir à un accord. À 
          condition de s'en servir. S'il s'en abstient, les choses se feront 
          sans lui. Après avoir brûlé leurs vaisseaux et saccagé leur cause, nos 
          dirigeants actuels ont largement perdu leurs repères et leur 
          crédibilité. Comme nos partenaires connaissent également le 
          calendrier, on peut considérer que nous avons jusqu'en 2007 pour 
          transformer le “non” français en un levier de négociation efficace 
          entre les mains de ceux qui voudront alors s'en servir.  
           
          Mais cette préoccupation ne doit pas être seulement la leur. Elle doit 
          être partagée par tous ceux qui se sont engagés dans le débat. En 
          particulier ceux qui ont à cœur de faire émerger une problématique en 
          phase avec les questions posées et les aspirations exprimées. 
           
          Or s'il est un domaine où les catholiques sont porteurs d'une 
          valeur ajoutée, c'est bien celui de la construction européenne. Ne 
          sont-ils pas investis d'une responsabilité particulière en raison de 
          l'espérance dont ils doivent rendre compte ? Il leur appartient 
          désormais d'investir un champ d'action qu'ils ne peuvent délaisser à 
          d'autres sans démissionner.  
           
          À la mesure de ses moyens, la Fondation de service politique entend y 
          participer activement. 
           
           
          *François de Lacoste Lareymondie est vice-président de la 
          Fondation de service politique. 
           
           
          © [DECRYPTAGE ™] sur www.libertepolitique.com. Agence catholique de 
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