Le pape Benoît XVI réaffirme
l’attachement de l’Eglise à la laïcité et il défend l’autonomie de
l’Eglise et de l’Etat mais dans « l’harmonie ».
La laïcité, les valeurs chrétiennes,
l’Europe, la famille, la vie et l’école sont parmi les thèmes
principaux abordés par Benoît XVI lors de sa visite au palais
présidentiel, jeudi matin, devant les plus importants responsables de
l’Etat italien. D’emblée, le pape a annoncé le Christ.
L’accueil chaleureux
Le pape a remercié le président et «
à travers » lui « le Peuple italien pour l’accueil chaleureux qu’il
m’a réservé dès le premier jour de mon service pastoral comme évêque
de Rome et pasteur de l’Eglise universelle. Pour ma part, j’assure
tout d’abord les citoyens de Rome et aussi toute la Nation italienne,
de mon engagement à travailler de toutes mes forces pour le bien
religieux et civil de ceux que le Seigneur a confiés à ma sollicitude
pastorale. L’annonce de l’Evangile, que, en communion avec les évêques
italiens, je suis appelé à apporter à Rome et à l’Italie, est au
service non seulement de la croissance du Peuple italien dans la foi
et dans la vie chrétienne, mais au service de son progrès sur les
voies de la concorde et de la paix ».
Le Christ Sauveur
« Le Christ est le sauveur de tout
l’homme, déclarait le pape, de son esprit et de son corps, de son
destin spirituel et éternel et de sa vie temporelle et terrestre.
Aussi, lorsque son message est accueilli, la communauté civile
devient-elle encore plus responsable, plus attentive aux exigences du
bien commun et plus solidaire des personnes pauvres, abandonnées et
marginales ».
Service désintéressé
« En parcourant l’histoire
italienne, ajoutait le pape, on reste impressionné par les
innombrables œuvres de charité auxquelles, au prix de grands
sacrifices, l’Eglise a donné la vie, pour le soulagement de tout type
de souffrance. C’est sur ce même chemin que l’Eglise entend
aujourd’hui poursuivre, sans viser le pouvoir, sans demander des
privilèges ou des positions d’avantage social ou économique. L’exemple
de Jésus Christ qui « passait en faisant le bien et en guérissant
chacun » (Ac 10, 3), reste pour elle la norme suprême de sa conduite
au milieu des peuples ».
Autonomie et harmonie entre
Eglise et Etat
« Les relations entre l’Eglise et
l’Etat italien, rappelait encore le pape, sont fondées sur le principe
énoncé par le concile Vatican II selon lequel « la communauté
politique et l’Eglise sont indépendantes et autonomes l’une par
rapport à l’autre chacune dans son domaine. Toutes les deux, à titre
divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des
mêmes personnes humaines » (Gaudium et spes, 76) ».
Le pape citait à ce propos les
Pactes du Latran, qui affirment le même « principe », et l’accord qui
les ont modifiés.
La saine laïcité
« La saine laïcité de l’Etat est
donc légitime, affirmait le pape, et en vertu de celle-ci, les
réalités temporelles se règlent selon leurs propres normes, sans
toutefois exclure ces références éthiques qui trouvent leur fondement
ultime dans la religion. L’autonomie de la sphère temporelle n’exclut
pas une harmonie intime avec les exigences supérieures et complexes
découlant d’une vision intégrale de l’homme et de son destin éternel
».
Le pape réaffirmait également le
désir de l’Eglise de « maintenir et promouvoir un esprit cordial de
collaboration et d’entente au service de la croissance spirituelle et
morale du pays auquel elle est liée par des liens très particuliers ».
Il soulignait: « Ce serait gravement
nuisible non seulement pour elle mais aussi pour l’Italie de tenter de
les affaiblir ou de les briser ».
Le rôle de l’Italie dans le monde
La culture italienne, ajoutait le
pape, est « intimement imprégnée de valeurs chrétiennes ». Il disait
souhaiter par conséquent « que le Peuple italien non seulement ne
renie pas l’héritage chrétien, qui fait partie de son histoire, mais
le conserve jalousement, et lui fasse porter encore des fruits dignes
du passé ».
Pour ce qui est du rôle de l’Italie
à l’extérieur, le pape souhaitait que l’Italie continue à « jouer dans
le monde la mission civilisatrice par laquelle elle s’est tellement
distinguée au cours des siècles ».
L’unité du continent européen
Plus encore, le pape soulignait le
rôle de l’Italie en Europe: « En vertu de son histoire et de sa
culture, l’Italie peut offrir une contribution très valide en
particulier à l’Europe, en l’aidant à redécouvrir ces racines
chrétiennes qui lui ont permis d’être grande par le passé et qui
peuvent encore aujourd’hui favoriser l’unité profonde du continent ».
La famille, la vie, l’école
Cependant, le pape mentionnait aussi
ses « préoccupations » en tant que pasteur, qui sont aussi des sujets
d’intérêt pour les responsables de la Nation. Il citait: « la
protection de la famille fondée sur le mariage, qui est reconnue aussi
dans la Constitution italienne (art. 29), le problème de la défense de
la vie humaine de sa conception jusqu’à son terme naturel, et enfin le
problème de l’éducation et par conséquence de l’école ».
A propos de la famille, le pape
faisait remarquer : « L’Eglise (…) voit dans la famille une très
importante valeur qui doit être défendue de toute attaque visant à en
miner la solidarité et à mettre en question son existence même ».
Soins palliatifs
A propos de la vie humaine, il
disait: « Dans la vie humaine, l’Eglise reconnaît un bien premier,
présupposé de tous les autres biens, et demande par conséquent qu’elle
soit respectée à son commencement comme à son terme, tout en
soulignant le devoir de soins palliatifs adéquats qui rendent la mort
plus humaine ».
Pour ce qui est de l’école, les
évêques italiens demandent depuis de nombreuses années la « parité »
de façon à ce que les citoyens qui paient des impôts pour l’école ne
doivent pas repayer une seconde fois pour une école selon les valeurs
de l’Evangile.
Libre choix éducatif
Le pape disait pour sa part: « Sa
fonction est liée à celle de la famille en tant qu’expansion naturelle
de la tâche de formation de celle-ci. A ce propos, mise à part la
compétence de l’Etat pour dicter les normes générales de
l’instruction, je ne peux pas ne pas exprimer le souhait que l’on
respecte concrètement le droit des parents à un libre choix éducatif,
sans devoir supporter un poids financier supplémentaire ».
Il demandait au législateur pour
toutes ces questions des « solutions humaines » et « respectueuses des
valeurs inviolables qui sont en jeu ».
La concorde et le dialogue
Il souhaitait pour toutes les
composantes de la nation la capacité de « vivre et de travailler
ensemble dans un esprit de concorde authentique et dans un contexte de
dialogue ouvert, de confiance mutuelle dans l’engagement à servir et à
promouvoir le bien commun et la dignité de toute personne ».
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