L'Europe des crétins 
          
          Les gens qui vont voter Non à la 
          constitution européenne sont des crétins, des abrutis, des imbéciles, 
          des incultes. Petit pouvoir d'achat, petit cerveau, petite pensée, 
          petits sentiments. Pas de diplômes, pas de livres chez eux, pas de 
          culture, pas d'intelligence. Ils habitent en campagne, en province. 
          Des paysans, des pécores. des péquenots, des ploucs. Ils n'ont pas le 
          sens de l'Histoire, ne savent pas à quoi ressemble un grand projet 
          politique. Ils ignorent le souffle du Progrès. Ils crèvent de peur.
          
          Jadis, ces mêmes débiles ont voté 
          non à Maastricht ignorant que le oui allait apporter le pouvoir 
          d'achat, la fin du chômage. le plein emploi, la croissance, le 
          progrès, la tolérance entre les peuples, la fraternité, la disparition 
          du racisme et de la xénophobie, l'abolition de toutes les 
          contradictions et de toute la négativité de nos civilisations 
          post-modernes, donc capitalistes, version libérale. 
          L'électeur du Non est populiste, 
          démagogue, extrémiste, mécontent, réactif. c'est le prototype de 
          l'homme du ressentiment. Sa voix se mêle d'ailleurs à tous les 
          fascistes, gauchistes, altermondialistes et autres partisans vaguement 
          vichystes de la France moisie, cette vieille lune dépassée à l'heure 
          de la mondialisation heureuse. Disons le tout net : un souverainiste 
          est un chien. 
          En revanche, l'électeur du Oui est 
          génial, lucide, intelligent. Gros carnet de chèque, immense encéphale, 
          gigantesque vision du monde, hypertrophie du sentiment généreux. 
          Diplômé du supérieur, heureux possesseur d'une bibliothèque de 
          Pléiades flambant neufs, doté d'un savoir sans bornes et d'une 
          sagacité inouïe, il est propriétaire en ville, urbain convaincu, 
          parisien si possible. Il a le sens de l'Histoire, d'ailleurs il a 
          installé son fauteuil dans son sens et ne manque aucune des manies de 
          son siècle. Le Progrès, il connaît. La peur? Il ignore. Le debordien 
          Sollers, le sartrien Bill- et le kantien Lue Ferry vous le diront.
          
          Bien sûr le Ouiste a voté oui à 
          Maastricht et constaté que, comme prévu, les salaires s'en sont trouvé 
          augmentés, le chômage diminué et fortifiée l'amitié entre les 
          communautés. Le volant du Oui est démocrate, modéré, heureux, bien 
          dans sa peau, équilibré, analysé de longue date. Sa voix se mêle 
          d'ailleurs à des gens qui, comme lui, exècrent les excès : le 
          démocrate chrétien libéral, le chiraquien de conviction, le socialiste 
          mitterrandien, le patron humaniste, l'écologiste mondain. Dur de ne 
          pas être Ouiste... 
          Citoyens, réfléchissez avant de 
          commettre l'irréparable!