Voici la traduction intégrale du texte de
l’allocution que Benoît XVI a prononcée en italien au cours de l’audience
de ce mercredi matin, puis la synthèse qu'il a lue en français.
Lecture: Ps 120, 1-4.7-8
1. Comme je l'ai déjà annoncé mercredi dernier, j'ai décidé de
reprendre dans les catéchèses le commentaire des Psaumes et des Cantiques
qui composent les Vêpres, en utilisant les textes préparés par mon
prédécesseur Jean-Paul II.
Le Psaume 120 sur lequel nous méditons aujourd'hui, fait partie du
recueil des «Cantiques des montées», c'est-à-dire du pèlerinage vers la
rencontre avec le Seigneur dans le temple de Sion. C'est un Psaume de
confiance, car dans celui-ci résonne à six reprises le verbe hébreu shamar,
«conserver, protéger». Dieu, dont le nom est évoqué de façon répétée,
apparaît comme le «gardien» toujours en éveil, attentif et plein de
sollicitude, la «sentinelle» qui veille sur son peuple pour le protéger de
tout risque et danger.
Le chant s'ouvre par un regard de l'orant tourné vers le haut, «vers
les monts», c'est-à-dire les collines sur lesquelles s'élève Jérusalem:
c'est de là-haut que vient l'aide, car là-haut habite le Seigneur dans son
temple saint (cf. vv. 1-2). Toutefois, les «monts» peuvent également
évoquer les lieux où s'élèvent des sanctuaires idolâtres, qu'on appelle
les «hauteurs» et qui sont souvent condamnées dans l'Ancien Testament (cf.
1 R 3, 2; 2 R 18, 4). Dans ce cas il y aurait une opposition: alors que le
pèlerin avance vers Sion, ses yeux se posent sur les temples païens, qui
constituent une grande tentation pour lui. Mais sa foi est inébranlable et
il n’a qu’une seule certitude : «Le secours me vient de Yahvé qui a fait
le ciel et la terre» (Ps 120, 2).
2. Cette confiance est illustrée dans le Psaume à travers l'image du
gardien et de la sentinelle, qui veillent et protègent. On fait également
allusion au pied qui ne vacille pas (cf. v. 3) sur le chemin de la vie et
peut-être au pasteur qui, lors de la halte nocturne, veille sur son
troupeau sans s'endormir ni céder au sommeil (cf. v. 4). Le pasteur divin
ne connaît pas de repos dans l'œuvre de protection de son peuple.
Un autre symbole apparaît ensuite, celui de l'«ombre» qui suppose la
reprise du voyage au cours de la journée ensoleillée (cf. v. 5). La pensée
se tourne vers la marche historique dans le désert du Sinaï, où le
Seigneur marche à la tête d'Israël de «jour dans une colonne de nuée pour
leur indiquer la route, et la nuit dans une colonne de feu pour les
éclairer» (Ex 13, 21). Dans le Psautier, on prie souvent ainsi: «A l'ombre
de tes ailes cache-moi...» (Ps 16, 8; cf. Ps 90, 1).
3. Après la veillée et l'ombre, voilà le troisième symbole, celui du
Seigneur qui se tient «à droite» de son fidèle (cf. Ps 120, 5). Telle est
la position du défenseur, aussi bien militaire qu'au cours d'un procès:
c'est la certitude de ne pas être abandonné au temps de l'épreuve de
l'assaut du mal, de la persécution. A ce point, le Psalmiste revient à
l'idée du voyage au cours d'une chaude journée où Dieu le protège du
soleil incandescent.
Mais au jour succède la nuit. Dans l'antiquité, on considérait que les
rayons de lune étaient eux aussi nocifs, pouvant provoquer la fièvre ou la
cécité, voire même la folie; c'est pourquoi le Seigneur nous protège aussi
la nuit (cf. v. 6).
Le Psaume touche désormais à son terme par une déclaration synthétique
de confiance: Dieu nous protégera avec amour à chaque instant, gardant
notre vie de tout mal (cf. v. 7). Chacune de nos activités, résumées dans
les deux verbes extrêmes de «sortir» et d'«entrer», sont toujours sous le
regard vigilant du Seigneur. Chacun de nos actes et tout notre temps
l'est, «dès lors et à jamais» (v. 8).
4. Nous voulons à présent commenter cette dernière déclaration de
confiance par un témoignage spirituel de l'antique tradition chrétienne.
En effet, dans l'Epistolaire de Barsanuphe de Gaza (mort vers la moitié du
VIe siècle), un ascète de grande renommée, interpellé par des moines, des
ecclésiastiques et des laïcs en raison de la sagesse de son discernement,
nous trouvons plusieurs fois rappelé le verset du Psaume: «Yahvé te garde
de tout mal, il garde ton âme». Grâce à celui-ci, il voulait apporter le
réconfort à ceux qui lui exposaient leurs difficultés, les épreuves de la
vie, les dangers, les malheurs.
Un jour, un moine ayant demandé à Barsanuphe de prier pour lui et pour
ses compagnons, il lui répondit ainsi, en insérant dans ses vœux la
citation de ce verset: «Mes fils bien-aimés, je vous embrasse dans le
Seigneur, en le suppliant de vous protéger de tout mal et de vous donner
le courage de supporter comme à Job, la grâce comme à Joseph, la douceur
comme à Moïse, et la valeur dans les combats comme à Josué fils de Nun, la
maîtrise des pensées comme aux juges, le pouvoir d'assujettir les ennemis
comme aux rois David et Salomon, la fertilité de la terre comme aux
Israélites... Qu'il vous accorde la rémission de vos péchés avec la
guérison du corps, comme au paralytique. Qu'il vous sauve des flots comme
Pierre et qu'il vous arrache des épreuves comme Paul et les autres
apôtres. Qu'il vous protège de tout mal, comme ses fils véritables et
qu'il vous accorde ce que votre cœur demande, pour le bien de l'âme et du
corps en son nom. Amen» (Barsanuphe et Jean de Gaza, Epistolaire, 194:
Collection de Textes patristiques, XCIII, Rome, 1991, pp. 235-236).
Traduction réalisée par Zenit
Synthèse de la catéchèse en français
Chers Frères et Sœurs,
Nous méditons aujourd’hui le Psaume 120. Il appartient au recueil des
«Cantiques des montées» que les pèlerins, en marche vers Jérusalem,
reprenaient pour se préparer à rencontrer le Seigneur dans le temple de
Sion. Riche en symboles, ce Psaume nous présente Dieu comme «gardien»,
comme «sentinelle», qui veille jour et nuit sur son peuple pour éloigner
de lui tout risque et tout danger. Il le couvre d’une ombre protectrice,
qui rappelle la colonne de nuée guidant le peuple dans le désert du Sinaï
pour lui indiquer la route à suivre (cf. Ex 13,21). Le Seigneur se tient
«à la droite» de ses fidèles, les assurant qu’il ne les abandonnera pas au
moment de l’épreuve, de la persécution. Nous sommes, nous aussi, sous le
regard vigilant de Dieu. À chaque instant de notre vie, il nous protège
avec amour et nous garde de tout mal.
Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les
paroisses de la Trinité, Saint-Léon, Sainte-Jeanne de Chantal, de Paris,
ainsi que les groupes de jeunes présents. Puisse votre pèlerinage à Rome
vous faire sentir la présence aimante de Dieu, par laquelle Il soutient
son Église et la guide avec amour !
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