A l'approche du début des négociations
d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, prévu pour le 3 octobre
2005, la France se répand, selon la presse turque, en déclarations
contradictoires sur la candidature turque. De plus en plus, Paris est
perçu en Turquie comme le principal opposant à l'intégration dans
l'Union européenne.
Pour Abülhamit Bilici, de Zaman, les
volte-face de Jacques Chirac "doivent néanmoins être analysées avec
sang-froid". "En effet, écrit l'éditorialiste de Zaman, "la position
française actuelle s'explique davantage par la politique intérieure que
par une opposition à la Turquie ou par une prise de position en faveur
des Grecs. Chirac, qui a été littéralement réduit à néant par le
référendum du 29 mai dernier essaie de se refaire une ligne politique en
délivrant à l'opinion publique des messages qui vont lui plaire. Ce qui
est certes dommageable pour la Turquie, c'est que cette politique donne
des résultats." "Le front Chirac-Villepin tente de couper l'herbe sous
le pied à Nicolas Sarkozy, favori de l'élection présidentielle de 2007
et opposant notoire à la Turquie, en tenant des propos identiques aux
siens. Dès lors que les critères de Copenhague et les autres accords ne
sont plus des sujets permettant de critiquer la Turquie, la France, tout
comme l'Allemagne en son temps, faute d'arguments, utilise aujourd'hui
la carte grecque. A noter que, selon certains, l'attitude de Paris est
certainement motivée par la concurrence avec la Grande-Bretagne, grand
soutien de la candidature turque et qui assure pour le moment la
présidence de l'Union européenne."
"En bref, on peut dire qu'il n'y a pas
vraiment à s'inquiéter concernant le début des négociations prévues le 3
octobre prochain. Si l'on peut légitimement s'offusquer que la Turquie
soit utilisée à des fins de politique intérieure, on peut aussi faire
preuve de compréhension." "De toute façon, conclut Bilici, cette
attitude ambiguë des dirigeants français concerne davantage les Français
que nous."
Dans Radikal, Ismet Berkan oppose la
franchise de l'opposition d'Angela Merkel à la candidature turque aux
tergiversations de Jacques Chirac. "Chirac, lui, n'a jamais dit qu'il
s'opposait à la pleine adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Il a
même à l'occasion soutenu les Turcs. Néanmoins, c'est de lui qu'est
venue l'idée de soumettre à référendum la question de l'adhésion de la
Turquie à l'Union européenne, alors qu'il n'y avait pas de demande dans
ce sens. Angela Merkel, qui a toujours défendu l'idée d'un partenariat
privilégié avec la Turquie, est plus franche, tandis que Chirac
entretient la confusion. Les changements d'orientation du président
français à l'égard de la Turquie sont-ils liés à des soucis de politique
intérieure ? Parce qu'il veut en découdre avec les Britanniques ? Ou
bien sont-ils la conséquence d'une forme de racisme caché ? Impossible
de le savoir. Ce que je sais en revanche, c'est que - Dieu m'en garde !
-, si j'étais obligé de faire un choix entre Merkel et Chirac, je
voterais pour Merkel. Au moins avec elle, on sait à quoi s'en tenir."