La LECTIO DIVINA....
L'activité primordiale de l'ermite
ou du moine et qui tend peu à peu à devenir unique est :La
PRIERE...ç'est à dire le contact intime avec Dieu, un peu comme
celui d'un enfant dans les bras de sa mère ou celui d'un amoureux
dans les bras de sa compagne ou contemplant le regard de celle-çi...
Contrairement à beaucoup de
principes reçus cette Prière est une fonction naturelle de homme
au même titre que respirer ou penser...et ce n'est pas moi qui
m'adonne à la Prière, mais bien l'Esprit qui en moi ne cesse d'y
prier en gémissements ineffables...(Rm 8,26)...
Au début cette prière est
parfaitement inconsciente... et tout mon effort consiste à la
laisser affleurer à ma conscience, rien de plus... je dois me laisser investir par
elle de l'intérieur,afin de m'unir à elle... la prendre en charge, tout en me
laissant continuellement porter par elle... la voie monastique n'a finalement
pas d'autre objectif...
Redire ad cor...
C'est la première étape: faire
silence, se mettre en présence du Seigneur, retourner à son coeur..
.Ce coeur (noùs) est le lieu où
Dieu rentre en contact avec nous...
Certains mystiques en ont parlé
comme d'un abîme, un puits dont la profondeur vertigineuse nous
aspire sans cesse...
nous sommes ainsi continuellement
hantés par le vertige de Dieu ,qui nous entraîne insensiblement vers
notre Réalité la plus profonde et la plus divine...
en ce lieu, nous sommes à chaque
instant engendrés, créés, maintenus dans l'existence... comme Ses
propres fils....
Plus j'essaie de me recueillir
autour de ce puits béant d'éternité, plus je me rapproche de la Vie
divine qui s'y écoule...
Lectio divina...
La traduction moderne: lecture
divine évacue le sens profond du terme...
ni érudition, ni distraction...pas
seulement lecture pieuse , édifiante ou spirituelle...
si elle est "divine" c'est que
Dieu y prend la parole directement...
ce n'est pas le lecteur qui lit
des choses sur Dieu mais c'est Dieu qui prend l'initiative et
intervient en personne...
Dans la Lectio divina Dieu parle
et s'adresse à quelqu'un individuellement...
Rumination...
Dès que la Parole a retenti ou est
lue, elle ne reste pas inactive en nous...
il suffit de se prêter à elle...
la répéter doucement, lentement,
pour soi...
Les Pères anciens parlent de
"ruminer", "mastiquer", "bercer" la parole dans le coeur...en
répétant amoureusement la parole ...
je la presse doucement, j'en
extrais tout le suc, je m'en nourris inlassablement.. .
de nouvelles lumières en
jaillissent et je saisis toujours mieux son sens profond...
elle imprègne mon coeur et me
devient comme naturelle...
elle est devenue prière...
C'est déjà une prière et en
ruminant la parole je me trouve directement abouché à la force de
Dieu qui me travaille à travers elle...elle deviendra parole que
j'adresse à mon tour au Seigneur devant lequel je me tiens...c'est
ce qui se passe pour les Psaumes...
Psalmodie...
La prière des psaumes occupe la
plus grande partie des offices monastiques..
de jour comme de nuit les psaumes
ne cessent d'y retentir...
St Benoit lui même insiste pour
que la totalité du psautier soit dit au moins une fois par
semaine...et montre en exemple les anciens moines qui avaient à
coeur de réciter le psautier intégralement chaque jour...(Règle
ch.18,23-25)
Cette prière vocale demande moins
d'attention aux paroles que l'attention à son propre coeur...Ainsi
celui qui n'est pas "éveillé" s'efforce de faire attention aux
paroles, de se les approprier pour toucher son coeur...mais pour
celui qui est déjà "éveillé"...il suffit d'écouter celui-çi...les
paroles ne sont plus là que pour être reconnues par le mouvement
intérieur de l'âme...leur sens leur est donné de l'intérieur et
elles peuvent revêtir des significations de plus en plus larges...de
plus en plus lumineuses...la Parole s'élargit alors aux dimensions
de la société, du monde, de l'univers...de nouvelles zones de notre
esprit s'ouvrent permettant le contact avec Dieu et la compréhension
par bribes du Réel...un peu comme ces moines "zen" qui peuvent
reçevoir un"flash" de compréhension à la lecture d'un "koan"...
J'aime d'ailleurs comparer ce
phénomène à" l'expérience de l'étoile"... chacun sait que si l'on
observe attentivement une étoile par une belle nuit d'été ,
immédiatement autour, d'autres apparaissent qui n'étaient pas
visibles auparavant, celà est lié simplement à la structure de notre
rétine, et si je fixe les nouvelles apparues...elles
disparaissent....je ne peux les voir que de côté... il en est ainsi
de même pour les psaumes : en les chantant...je peux contempler les
réalités célestes!....( de côté !!!)
La prière continue...
Qui prie les psaumes de cette
façon , avec le coeur et non avec la tête, ne se fatigue pas...la
multitude de paroles n'est pas un obstacle à la prière; mais plus il
prie avec son coeur plus sa parole a tendance à se simplifier, à
devenir rare, se réduisant à quelques versets...même à un seul...Il
va de soi que cette réduction n'intervient que lors de la prière
personnelle...
Dans le murmure de cette parole
unique vient surgir un silence intérieur très dense dans lequel Dieu
se rend présent...
alors on ne prononce plus la
parole, on l'écoute...prononcée par un autre au plus profond de
notre coeur...par l'Esprit qui prie en nous avec des gémissements
ineffables...
nous rejoignons alors la source de
notre être...ouverture béante, vertigineuse où nous débouchons dans
l'intimité de Dieu...
Cette prière se rencontre dans
l'hindouisme le "OM"( j'en parlerai dans un autre texte...et dans
l'Amidisme, la forme la plus mystique et évoluée du Bouddhisme, où
la seule invocation au botthistava Amida une fois dans sa vie et
sous forme d'une seule phrase suffit pour acquérir l'éternité dans
le paradis...)
De même pour nous la prière d'une
seule parole devient peu à peu prière sans parole, simple demeure au
milieu de nous même où Dieu se laisse pressentir...
on ne sait plus si il faut parler
alors de sentiment, de toucher, d'audition, de contemplation...
C'est tout celà à la fois mais de
façon nouvelle et indicible...
S'il le veut Dieu peut rendre
transparent le voile qui nous sépare encore de Lui...avant de le
déchirer complètement au moment de notre mort...celà est pure Grâce
et personne ne saurait y prétendre...
L'ermite est tout entier devant
cette humble et paisible attente...comme recroquevillé dans
l'encoignure d'une porte cochère...il ne se lasse jamais et n'est
jamais déçu...mais il sait que son attente ne pourra être pleinement
comblée ici bas...mais seulement dans un monde avenir auquel il ne
cesse d'aspirer...
ROME, Vendredi 16 septembre 2005 (ZENIT.org)
Le pape Benoît XVI .... dans le cadre du 40e
anniversaire de la constitution dogmatique de Vatican II sur la
Révélation divine, « Dei Verbum ».
....
La Parole de Dieu, soulignait le
pape, « ne vieillit jamais » et c’est pourquoi l’Eglise doit se
renouveler sans cesse.
Le pape a mentionné sa participation
aux « vives discussions » qui ont accompagné la rédaction de la
constitution conciliaire.
Cette constitution, disait-il,
s’ouvre avec une phrase d’une signification profonde: « En religieuse
écoute de la Parole de Dieu et en la proclamant avec une confiance
ferme ».
L’Eglise, disait-il, « est une
communauté qui écoute et qui annonce la Parole de Dieu ».
Il précisait: « L’Eglise ne vit pas
d’elle-même mais de l’Evangile et c’est de l’Evangile toujours et à
nouveau qu’elle tire des orientations pour sa marche. C’est une
remarque que tout chrétien doit recueillir, et mettre en application:
seul qui se met avant tout à l’écoute de la Parole peut l’annoncer. En
effet, on ne doit pas enseigner sa propre sagesse, mais la sagesse de
Dieu, qui apparaît souvent folie aux yeux du monde ».
« L’Eglise, a affirmé le pape, sait
bien que le Christ vit dans les Saintes Ecritures » et c’est pour cela
que « l’on a toujours entouré les Saintes Ecritures d’une vénération
semblable à celle réservée au Corps même du Seigneur ».
« L’Eglise et la Parole de Dieu sont
intrinsèquement liées » parce que, comme le dit saint Pierre, « aucune
Ecriture prophétique n’est sujette à une interprétation privée ».
Benoît XVI rappelait qu’en « ces
derniers temps, grâce aussi à l’impulsion imprimée par cette
constitution dogmatique Dei Verbum, a été plus profondément réévaluée
l’importance fondamentale de la Parole de Dieu ».
« Il en est découlé, faisait
remarquer le pape, un renouveau dans la vie de l’Eglise, surtout dans
la prédication, la catéchèse, la théologie, la spiritualité, et pour
le chemin œcuménique lui-même. L’Eglise doit toujours se renouveler et
rajeunir, et la Parole de Dieu, qui ne vieillit jamais et en s’épuise
jamais, est un moyen privilégie dans ce but. C’est en effet ka Parole
de dieu, qui, grâce à l’Esprit Saint, nous guide toujours à nouveau
vers la vérité tout entière ».
Et dans ce sens, le pape recommande
la pratique de la très ancienne « Lectio divina »: « La lecture
assidue de l’Ecriture Sainte accompagnée par la prière réalise ce
colloque intime dans lequel, en lisant on écoute Dieu qui parle, et en
priant, on lui répond, avec une ouverture du cœur confiante. Cette
pratique, si elle est promue efficacement, apportera à l’Eglise, j’en
suis convaincu, un nouveau printemps spirituel. En temps que référence
ferme de la pastorale biblique, la Lectio divina doit être de nouveau
encouragée, grâce à l’utilisation de méthodes nouvelles, soigneusement
pesées, pour notre époque. Jamais on ne doit oublier que la Parole de
Dieu est lampe pour nos pas, et lumière sur notre chemin ».
« Que la Parole du Seigneur courre
jusqu’aux extrémités de la terre, afin que par l’annonce du salut, le
monde entier croie, en croyant espère, en espérant, aime », a conclu
le pape Benoît XVI.