La linguiste Colette Grinevald est
chercheur au laboratoire dynamique du langage de l'Institut des
sciences de l'homme Lyon-II. Spécialiste du monde amérindien, elle a
aidé l'Unesco à définir les critères de vitalité des langues
Environ 6 000 langues sont parlées
sur Terre. Combien en restera-t-il à la fin du siècle ?
Chiffres
6 000 langues sont parlées dans le
monde. 96 % d'entre elles ne sont employées que par 3 % des Terriens.
En 2000, 1 995 langues étaient
utilisées en Afrique, 1 780 en Asie, 1 250 en Amérique, 1 109 en
Nouvelle-Guinée, 234 en Australie, 250 dans le Pacifique, 209 en
Europe.
Les 10 langues les plus parlées (en
première ou deuxième langue) : chinois (1 120 millions de locuteurs),
anglais (480), espagnol (320), russe (285), français (265),
hindi/ourdou (250), arabe (221), le portugais (188), le bengali (185),
japonais (133), allemand (109).
En 2050, 166 millions des 15-24 ans
parleront le chinois. Viendront ensuite l'hindi/ourdou (74), l'arabe
(72), l'anglais (65), l'espagnol (63), le portugais (32), le bengali
(32), le russe (15), le japonais (11), le malais (10).
Sur internet
www.teluq.uquebec.ca/diverscite/entree.htm
Langues mayas : www.okma.org/
À lire
Halte à la mort des langues, de
Claude Hagège, Poches Odile Jacob, 2002, 381 p., 10 €.
Ces langues, ces voix qui
s'effacent, de Daniel Nettle et Suzanne Romaine, éd. Autrement, 2003,
240 p., 19 €.
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Le rythme de disparition s'accélère.
D'ici un siècle, la moitié des langues parlées actuellement dans le
monde auront disparu. C'est une estimation basse. En Australie et sur
le continent américain, cette proportion sera bien plus élevée, de
l'ordre de 90 %.
Avant l'arrivée des Blancs, 300
langues étaient parlées dans ce que sont aujourd'hui les Etats-Unis.
En 1992, il n'y en avait déjà plus que 175 utilisées par au moins une
personne. On estime que cinq seulement auront survécu à la fin du XXIe
siècle. Même l'avenir du navajo est incertain, et pourtant c'est aux
Etats-Unis la langue indigène qui a le plus de locuteurs, environ 120
000. Elle est de moins en moins apprise par les enfants.
Pourquoi cette accélération ?
La globalisation économique entraîne
un exode rural des populations indigènes. Elles se perdent dans les
villes et ne peuvent perpétuer leurs traditions et leur modèle
familial. Dans le monde amérindien, les parents sont persuadés que
parler une langue indienne est un handicap pour avoir un travail.
Cette pression est aussi
psychologique sur fond d'idéologie encore dominante du bienfait du
monolinguisme dans un Etat-nation. Certains "monolingues" voient dans
le multilinguisme un signe de division des capacités intellectuelles.
Quelles langues risquent de
disparaître ?
Une langue est menacée, selon les
linguistes, si elle n'a plus de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle.
C'est le cas d'une centaine de langues en Europe et autant en Amérique
du Sud, selon l'Atlas publié par l'Unesco. Le breton, le
franco-provençal ou le poitevin saintongeais sont ainsi "sérieusement
en danger". Parfois, une langue paraît vivace car elle est utilisée
par des millions de locuteurs, comme les langues quechua en Amérique
du Sud. Mais celles-ci sont déjà, dans certaines régions en Equateur
et au Pérou, comme des morts-vivants : aucune personne de moins de 20
ans ne les apprend ou ne veut les parler.
Quelles seront les conséquences ?
De nombreuses connaissances captées
par ces langues vont se perdre. Comme les propriétés des plantes
vénéneuses en Amazonie ou celles qui peuvent avoir un intérêt dans la
pharmacopée. Les langues apportent également une ouverture d'esprit.
Elles permettent de voir différemment le monde et de montrer les
facettes les plus diverses du génie humain. Au Guatemala, par exemple,
je travaille sur le popti', en péril, qui classifie tous les objets
par la matière dont ils sont faits.
Que dire des répercussions
sociologiques...
Cela peut créer de réels problèmes
identitaires. La langue permet de s'ancrer dans une histoire, un lieu.
Beaucoup d'Amérindiens ont dû renier leur langue maternelle au profit
de l'anglais ou de l'espagnol. Cela crée ce qu'on appelle de l'anomie,
un entre-deux linguistique et culturel, où aucune des deux langues
n'est maîtrisée. Cette situation peut devenir source de violence et
entraîne chez les Amérindiens diverses formes d'autodestruction, comme
l'alcoolisme et le suicide. J'ai observé le même phénomène aux
Etats-Unis chez de jeunes Mexicains et Portoricains. Je reconnais
parfois en France ce même type de malaise chez certains étudiants
maghrébins qui ne connaissent pas l'arabe et chez des sourds qui
revendiquent la langue des signes sans dominer le français écrit. On
apprend mieux toute autre langue si on peut être fier et bien ancré au
départ dans la sienne.
Quel rôle joue Internet ?
Un rôle double, tout à la fois
poison et antidote, facteur d'uniformisation mais aussi de diversité.
Il existe par exemple de plus en plus de sites Internet de langues
amérindiennes gérés par des Indiens, pour des Indiens. Au Guatemala,
une collègue linguiste a passé plus de dix ans à former des Mayas qui
sont devenus linguistes et s'occupent d'un site en espagnol et
plusieurs langues mayas. Leur travail prolonge le combat de Rigoberta
Menchu (Prix Nobel de la Paix en 1992) qui a permis une reconnaissance
officielle des 28 langues mayas.
Quelles seront les langues
majoritaires à la fin du siècle ?
L'anglais bien sûr, l'espagnol, à
cause de l'Amérique du Sud, l'arabe, puis des langues d'Asie, comme le
chinois et l'hindi. Sur le continent africain, le swahili, le wolof
sont en plein essor et avalent les langues de la région.
Y aura-t-il une langue mondiale ?
Oui, probablement l'anglais, avec un
statut de langue véhiculaire : une seconde langue relativement
simplifiée, adaptée au commerce et aux échanges scientifiques, mais
pas faite pour faire la cour, par exemple.
De nouvelles langues vont-elles
apparaître ?
Très peu je pense. La formation
d'une langue est un processus lent, en plusieurs étapes. La première
est la création d'un "pidgin", un code inventé généralement pour
faciliter les échanges commerciaux. Il peut, au bout d'une ou deux
générations, devenir un "créole", doté d'un vocabulaire mixte et d'une
grammaire relativement simplifiée. Très peu ensuite se développent au
point de devenir des langues officielles, comme ce fut le cas du tok
pisin, en Mélanésie, ou de l'haïtien. Il existe d'ailleurs de plus en
plus de formes créolisées de l'anglais, en Inde par exemple, ou en
Afrique.
Où en sera le français à la fin du
siècle ?
Le français ira bien, mais les
Français devront parler plusieurs langues. Regardez le Danemark, où la
moitié du cursus universitaire se fait en anglais : il n'y a pas de
confusion, les Danois parlent danois entre eux et utilisent l'anglais
car personne d'autre dans le monde ne parle leur langue. Le
multilinguisme est parfaitement à la portée de l'intellect humain. Les
enfants sont tous capables d'apprendre trois ou quatre langues.
Propos recueillis par Laure Belot et
Hervé Morin
Article paru dans l'édition du
01.01.06
Auteur:
Emmanuel Ratier
Source:
Faits et Documents
Date :
1/15 avril 2006
Aux Editions de la Forêt (87 montée
des Grapilleurs, 69380 Saint-Jean-des-Vignes), parution (avec une
préface du Pr Jean Haudry) de La Guerre des mots
(bibliographie) d'Ivan Karpeltzeff. Il s'agit d'une remarquable étude
(par ailleurs très drôle) sur la véritable guerre subversive
idéologique qui se déroule actuellement en France par le biais du
langage et la volonté de certains d'utiliser et de favoriser certains
mots (« citoyen», «négationnisme», «pluriculturel», «démocratie»,
(étranger», etc.) ou d'en faire disparaître d'autres (« honneur»,
«patrie» , etc.

Quand l'idéologie a
engendré la folie. Dépêche de l'UNEC :
"Zapatero devient fou. On savait
qu'il était fanatiquement pro-rouge, anti-catholique et pro-gay. Mais
maintenant il a pété les plombs. Il veut interdire les termes "père"
et "mère" dans la législation en donnant ainsi la preuve que les
unions homosexuelles sont vraiment anti-familiales. En 2005 une loi
avait promulgué la légalité des "mariages" entre personnes du même
sexe, pourtant seuls 500 couples se sont formés suite à cette nouvelle
loi: une minorité infime! Mais le soutien du gouvernement est total
voire sectaire. On leur a accordé même le droit d'adopter des enfants,
chose inouïe dans le reste de l'Europe. L'argument suprême des
Socialistes : la famille a changé avec les temps, et ainsi le mariage.
Et le 3 mars 2006 le Gouvernement
espagnol a décrété que les nouvelles naissances sont désormais à
enregistrer dans les registres civils d'Etat et dans les livrets de
famille en désignant le père par "parent A", et la mère par "parent
B". Les mots père et mère sont désormais désuètes [sic]. Rien que ça!
Bientôt on aura "Grand-A" et "Grand-B"...
Ceci n'empêche pas le Gouvernement de se dire "au fond pro-familial".
Il paraît que même les associations féministes et lesbiennes refusent
ces ordonnances anti-familiales. Espagne catholique, où vas-tu?"

La
cour de justice européenne se rallie à l'idéologie du genre
Le refus d'accorder une
pension à une transsexuelle passée du sexe masculin au sexe féminin
viole le droit communautaire. C'est en substance
ce qu'a décidé la Cour de justice des Communautés européennes en
jugeant illégale une loi britannique accordant les droits de retraite
des transsexuels en fonction de leur sexe d'origine.
La plus haute cour européenne a
estimé que "le droit de ne pas être discriminé en raison de son
sexe était un droit fondamental". Soit, mais en l'occurence,
Margaret Richards est un homme ! Le Britannique Sarah Margaret
Richards a subi en 2001 une opération de changement de sexe. 'Il' a
demandé en 2002 à bénéficier de la retraite à son 60e anniversaire
alors que la loi britannique considère que les hommes doivent attendre
65 ans pour en bénéficier, contre 60 ans pour les femmes.
Le Cour a tranché que, bien que né
de sexe masculin, Sarah Margaret Richards devrait être traitée comme
une femme. La Cour reconnaît donc
l'idéologie
du genre, laquelle considère que les humains sont
sexuellement polymorphes et qu'il n'y a donc plus d'identité sexuelle
!
