réflexions sur le totalitarisme  ... de l'ENTRANCHE ...

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Extraits :   La visée, elle, n'a pas changé : il s'agit toujours de réduire la diversité au Même. « L'univers totalitaire de la rationalité technologique est la dernière incarnation en date de l'idée de raison », affirmait déjà Herbert Marcuse

Face à ces nouvelles menaces, la lucidité, la liberté et la clairvoyance de l'esprit critique sont plus que jamais indispensables.

les germes d'un totalitarisme nouveau dans certains traits des sociétés contemporaines :

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nature intrinsèquement prométhéenne de l'activité scientifique,

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autonomisation de la technique (« tout ce qui peut être fait techniquement le sera pratiquement »),

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accélération de la concentration industrielle et constitution de monopoles,

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uniformisation des moeurs et orientation de plus en plus conformiste des pensées,

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anomie sociale résultant de la conjonction paradoxale de l'individualisme et de l'anonymat de masse,

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extension de l'" arbitraire culturel » conditionnant la socialisation des individus par le biais des médias.

 

en z relations ....JE pense donc je suis ...la raison universaliste...  flux idéologiques  ... Révolution  ... République  ... droits de l'homme ... laïcisme ... . le discernement ... éducation  ... Parole Ouverte

Une censure globale des communications en Europe ?

Souriez, vous êtes filmés

 

 

Source:  http://iaboc.hautetfort.com/archive/1999/01/01/alain-de-benoist-25-reflexions-sur-le-totalitarisme-au-xxeme.html

Date : 11.03.06    

Alain de Benoist : 25 réflexions sur le totalitarisme au XXème siècle

 

medium_benoist.jpgCommunisme et Nazisme : 25 reflexions sur le totalitarisme au XXème siècle
Alain de BENOIST

Présentation de l'ouvrage sur la quatrième de couverture :

"Communisme et Nazisme ont incarné au XXème siècle le phénomène totalitaire. Bien que ces régimes appartiennent désormais au passé, la question de leur identité demeure d'une brûlante actualité et suscite de vives polèmiques. Dans cet essai, Alain de Benoist s'attache à comparer les deux idéologies totalitaires - ce qui ne signifie pas les assimiler, mais les penser ensemble, comme deux espèces distinctes d'un même genre, deux cas singuliers à l'intérieur d'une même catégorie.

Au-delà de leurs bilans meurtriers, au-delà des ressemblances formelles de leurs régimes, communisme et nazisme ont surtout exprimé le même espoir d'un monde purifié de sa diversité et des contradictions qui en découlent. Cet horizon reste celui de la modernité finissante, marquée par la mobilisation totale des hommes et des choses, la domination de la raison instrumentale, la volonté d'établir une société universelle entièrement transparente à elle-même, la soumission d'individus atomisés à des pouvoirs qu'ils ne maîtrisent pas plus qu'ils ne les choisissent.

Face à ces nouvelles menaces, la lucidité, la liberté et la clairvoyance de l'esprit critique sont plus que jamais indispensables. Elles supposent notamment de mesurer le nazisme et le communisme, non plus à l'aune d'une mémoire sélective et traumatique, mais au regard d'une histoire qui continue son cours."

Extrait : chapître 22

La mise en lumière de la parenté du totalitarisme et des démocraties bourgeoises a une conséquence importante. elle démontre que les régimes démocratiques libéraux ne sont par nature nullement immunisés contre le totalitarisme. Quoi qu'en disent leurs représentants, ils sont aussi menacés d'y glisser, à la façon dont 1789 a abouti à 1793. D'une part, les démocraties peuvent toujours user de moyens antidémocratiques: durant la dernière guerre, les démocraties libérales, pour venir à bout du japon impérial et de l'Allemagne nazie, n'ont pas reculé devant des massacres délibérés et massifs de populations civiles (Dresde, Hiroshima, Nagasaki). D'autre part si leurs formes diffèrent de toute évidence de celles des régimes totalitaires, leur inspiration originelle, on vient de le voir, ne s'en distingue pas fondamentalement.

Une fois reconnue la dimension moderne du totalitarisme, il n'est donc pas interdit de penser qu'il y a aussi une dimension totalitaire de la modernité. Si l'on admet par ailleurs que le totalitarisme se caractérise avant tout par sa visée, et non par les méthodes employées pour y parvenir, on comprend du même coup qu'il pourrait prendre également des formes très différentes de celles qu'on a connues. Cette éventualité est d'autant plus concevable que les régimes totalitaires, dans la mesure où ils visent à l'homogène, c'est-à-dire à la réduction du monde à l'identique, s'inscrivent parfaitement dans cette conception spécifiquement moderne de la liberté dont Adorno et Horkheimer ont montré qu'elle consiste à toujours préférer le Même (Freiheit zum Immergleichen). Il faut alors se demander dans quelle mesure des moyens extrêmes de répression (la « terreur ») sont indissociables de cette visée.

Socrate disait que personne ne fait le mal volontairement Les régimes totalitaires n'ont pas forcément été dirigés par des hommes qui aimaient faire le mal et massacraient pour le plaisir, mais par des hommes qui pensaient que c'était là le moyen le plus simple de parvenir à leurs fins. Si d'autres moyens, moins extrêmes, avaient été à leur disposition, rien ne dit qu'ils n'auraient pas choisi d'y avoir recours.

Pris dans son essence, le totalitarisme n'implique pas automatiquement de recourir à tel moyen plutôt qu'à un autre. Rien n'exclut que l'on puisse par des moyens indolores parvenir aux mêmes fins. La chute des systèmes totalitaires du XXe siècle n'éloigne pas le spectre du totalitarisme. Elle invite plutôt à s'interroger sur les formes nouvelles que celui-ci pourrait revêtir dans l'avenir.

On connaît ce célèbre passage du livre de Tocqueville, De la démocratie en Amérique - « Je pense que le mode d'oppression qui menace les peuples démocratiques ne ressemble à rien de ce que nous connûmes dans les uni vers du passé; nos contemporains ne peuvent en retrouver l'image en recourant à leurs souvenirs. Moi-même je cherche en vain l'expression qui rendrait exactement ridée que je m'en fais et qui la renfermerait. Les mots anciens de despotisme et de tyrannie ne conviennent pas pour cela ».

Tocqueville, dans ce texte, ne pensait pas à un système d'oppression fondé sur la violence, mais plutôt à une nouvelle forme de servitude, où l'homme se trouverait privé en douceur, voire avec son propre assentiment de son humanité. Le thème n'est pas nouveau, et ce n'est pas un hasard si Le discours de la servitude volontaire d'Etienne de La Boétie a tant retenu l'attention d'un Claude Lefort ou d'un Marcel Gauchet. Dans 1984, le génie de George Orwell a été d'imaginer une société dans laquelle Big Brother parvient, non seulement à se faire obéir, mais à se faire aimer de ceux qu'il a réduits à l'état d'esclaves.

Nombreux sont les auteurs qui ont constaté que la suppression de la diversité des hommes et des idées, des opinions et des sensibilités, son éradication au profit d'un modèle unitaire homogène, peuvent aussi bien s'obtenir par la persuasion et le conditionnement que par la violence brutale. Se référant eux-mêmes fréquemment aux avertissements prémonitoires de Tocqueville, ils se sont employés à rechercher les germes d'un totalitarisme nouveau dans certains traits des sociétés contemporaines :

  1. nature intrinsèquement prométhéenne de l'activité scientifique,

  2. autonomisation de la technique (« tout ce qui peut être fait techniquement le sera pratiquement »),

  3. accélération de la concentration industrielle et constitution de monopoles,

  4. uniformisation des moeurs et orientation de plus en plus conformiste des pensées,

  5. anomie sociale résultant de la conjonction paradoxale de l'individualisme et de l'anonymat de masse,

  6. extension de l'" arbitraire culturel » conditionnant la socialisation des individus par le biais des médias.

 

Les démocraties libérales défendent certes les droits de l'homme, mais cette posture est elle-même équivoque, puisque combattre au nom des droits de l'homme, c'est encore s'identifier à l'humanité avec le risque d'en exclure tous ceux qui contesteraient le bien-fondé de cette référence ou de cette lutte. Sur la base des droits de l'homme, les sociétés libérales ne professent en fait à bien des égards, qu'un pluralisme de façade. Elles ne croient pas sérieusement au « polythéisme des valeurs » constitutif de toute véritable vie démocratique, car elles s'imaginent que la raison « une et entière en chacun » peut donner des réponses univoques aux questions politiques et morales. Elles se réclament de l'idéologie des droits, mais elles pensent que ceux-ci peuvent être fondés sans tenir compte du fait que les intérêts, les finalités, les aspirations et les conceptions humaines de la « vie bonne » sont non seulement diverses, mais incommensurables. Elles croient quil est possible de parvenir, par des voies rationnelles, à un consensus sur les normes juridiques ou constitutionnelles, ce qui les oblige à exclure tout ce qui fait dissidence par rapport à ce consensus.

Pas plus que les totalitarismes d'hier, elles ne sont donc disposées à accepter que leurs normes ne fassent pas nécessairement autorité. Elles aussi tendent à s'imposer comme le seul système universellement possible, au nom d'une idéologie qui, fût-elle « humaniste », ouvre la voie à tous les abus dès lors qu'elle est présentée comme une « évidence » censée s'imposer à chacun.

Le marché, la technique et la communication affirment aujourd'hui, avec d'autres méthodes, ce que les Etats, les idéologies et les armées affirmaient hier : la légitimité de la domination complète du monde. Le fantasme de transparence et de maîtrise totale à l'oeuvre dans les systèmes totalitaires est lui aussi toujours là. La société libérale continue à réduire l'homme à l'état d'objet en réifiant les rapports sociaux, entransformant les citoyens consommateurs en esclaves de la marchandise, en ramenant toute valeur aux critères de l'utilité marchande. L'économique a repris aujourd'hui la prétention du politique à détenir la vérité ultime sur les affaires humaines. Il en résulte une « privatisation » progressive de respace public qui menace d'aboutir au même résultat que la « nationalisation » progressive de respace privé par les systèmes totalitaires.

Pierre Rosanvallon, après Louis Dumont a bien montré combien la pensée de Marx prend place paradoxalement dans l'histoire de rindividuafisme. « De ce point de vue, écrit-il, l'utopie d'une société communiste d'abondance qui vise à assurer le plein épanouissement de l'individu s'inscrit bien dans la vision libérale ». Il n'est dès lors pas absurde de comparer la volonté de gouvernement scientifique ou rationnel affichée par les régimes totalitaires à d'autres formes de rationalité gouvernementale, « en particulier sur le plan industriel, par exemple l'idée de l'organisation systématique, scientifique du travail ou de la planification, qui a été largement développée dans les pays à gouvernement libéral ». « Quand la vie conditionnée par des dispositifs disciplinaires et des formes d'assujettissement éclit Jean-Marie Vincent se présente essentiellement comme un matériau pour faire de la force de travail, elle ne vaut que ce qu'elle peut rapporter au capital. Il y a, certes, un saut qualitatif entre la mise au rebut de forces de travail dévalorisées et l'anéantissement systématique de millions d'hommes, mais dans un cas comme dans rautre la vie humaine sert d'aliment à des machineries sociales ». On constate aussi que, dans les sociétés libérales, la normalisation n'a pas disparu, niais changé de forme.

La censure par le marché a remplacé la censure politique. Les dissidents ne sont plus déportés ni fusillés, mais marginalisés, maintenus à l'écart ou réduits au silence. La publicité a relayé la propagande, et le conformisme prend la forme de la pensée unique. L'« égalisation des conditions », dont Tocqueville craignait qu'elle ne fasse surgir un nouveau despotisme, engendre mécaniquement la standardisation des goûts, des sentiments et des moeurs. Les habitudes de consommation façonnent de manière de plus en plus uniforme les comportement sociaux. Les modes de vie singuliers disparaissent peu à peu. Et le recentrage des partis politiques aboutit dans les faits à recréer un régime de parti unique, dont les formations existantes ne représentent plus guère que des tendances qui s'opposent sur les finalités, mais seulement sur les moyens à mettre en oeuvre pour diffuser les mêmes valeurs et parvenir aux mêmes buts.

La visée, elle, n'a pas changé : il s'agit toujours de réduire la diversité au Même. « L'univers totalitaire de la rationalité technologique est la dernière incarnation en date de l'idée de raison », affirmait déjà Herbert Marcuse. Ernst Nolte, dans son dernier livre, n'hésite pas à cerner les contours d'un « libéralisme totalitaire ». Le discours selon lequel le libéralisme constituerait le contraire absolu du totalitarisme peut donc être révoqué en doute. A la limite, comme le dit Augusto Del Noce, l'échec du système communiste administre seulement la preuve que l'Occident libéral était plus capable que lui de réaliser son idéal. Avec la fin du communisme, le libéralisme a perdu son meilleur faire-valoir. Il cherche aujourd'hui à capitaliser sur le souvenir des régimes totalitaires en se présentant comme le seul système respectable, voire comme le seul possible, pour continuer à bénéficier d'un repoussoir quand on lui oppose ses propres tares.

Pourtant si la chute du système soviétique a incontestablement représenté une victoire du capitalisme, il reste à démontrer qu'elle a correspondu aussi à une victoire de la démocratie. Dans le passé, on avait utilisé l'antifascisme pour légitimer le communisme et l'anticommunisme pour légitimer le nazisme. Aujourd'hui, c'est la critique ou l'évocation du totalitarisme qu'on instrumentalise pour faire accepter le libéralisme ou les dégâts du marché. Ce procédé, cause de désespoir pour nombre d'individus et de peuples qui n'aperçoivent plus d'alternative entre le libéralisme ou I'horreur, n'est pas plus acceptable. Pas plus que les acquis positifs d'un régime totalitaire ne sauraient justifier ses crimes, ou que les crimes d'un régime totalitaire ne sauraient justifier ceux d'un autre, le souvenir des systèmes totalitaires ne saurait faire accepter la société actuelle dans ce qu'elle a de plus destructeur et de plus déshumanisant On n'a pas le droit d'accepter un sort injuste sous le prétexte qu'on pourrait en subir un pire. Les systèmes politiques doivent être jugés pour ce qu'ils sont non par comparaison avec d'autres, dont les défauts atténueraient les leurs. Toute comparaison cesse d'être valide quand elle devient une excuse : chaque pathologie sociale doit être étudiée séparément.

 

texte hébergé en  02/06

 

 

Discours de milosevic

le 12/03/2006 00:25:37, Gogol1er a écrit :

http://liberezmilosevic.free.fr/smilosevic.htm

Textes, discours et interventions de Slobodan Milosevic

Comme premier texte, nous publions une longue interview à la ”Stampa“ (Milan) qui constitue le testament politique de dix années de combat pour l’indépendance de la Yougoslavie. Entretien publié dans le numéro 11 du trimestriel LA CAUSE DES PEUPLES.

Comment vous sentez-vous M. Milosevic, un leader trahi par son peuple ou l'objet d'un complot international et la victime de la politique américaine ?

Slobodan MILOSEVIC : Je n'ai pas été trahi par mon peuple. Je considère le peuple serbe à la fois comme héros et victime. Je ne suis pas non plus certain que les résultats des élections de septembre soient l'expression de sa volonté. Cette consultation s'est tenue sous une grande pression extérieure et intérieure, médiatique, psychologique et militaire. Il ne s'agissait pas d'un conjuration mais de l'activité bien orchestrée d'une part influente de la communauté internationale. On pourrait encore considérer l'hypothèse du sacrifice d'un leader devenu le symbole de l'opposition à la politique américaine. Si c'était vraiment le cas, je voudrais que ce fût la dernière fois. Je voudrais qu'il n'existât plus jamais une politique pour laquelle celui qui pense différemment et guide un petit peuple, devrait être sanctionné pour "désobéissance".

Vous pensez avoir été puni seulement parce que vous désobéissiez ?

Slobodan MILOSEVIC : Est-ce que le monde moderne ne présente pas les idées de liberté, de démocratie, de droits de l'homme et du citoyen comme une sorte de manifeste ? Et comment se fait-il que ce manifeste commence à coller à l'image d'un pays puissant et arrogant qui avec l'uranium, appauvri ou non, punit les peuples désobéissants et leur leader, comme cette fois-ci, avec le fouet ? L'administration du plus grand pays du monde, ayant une attitude hostile envers moi (qui incarnait la politique d'indépendance et d'autonomie de la Yougoslavie) a eu la possibilité de projeter cette attitude sur ses alliés européens. Et cette administration s'est donné pour alliés les grands pays développés d'Europe pour des raisons beaucoup plus importantes et complexes que l'attitude à avoir vis-à-vis du chef d'un petit pays balkanique. Ensuite, ils ont pu tous ensemble organiser une atmosphère de pression matérielle, financière, politique, psychologique, diplomatique et médiatique sur l'opinion publique yougoslave. Une pression en faveur des résultats électoraux que l'on voulait obtenir.

Ce sont les raisons d'une défaite historique ?

Slobodan MILOSEVIC : Dans les dernières élections ont joué trois facteurs : les pressions, la peur et la corruption. La première pression a été médiatique : le peuple et le gouvernement on été diabolisés, puis la diabolisation a été concentrée sur le gouvernement, c'est-à-dire sur un groupe de personne et finalement sur moi. Second type de pression, les pressions économiques : pendant presque une décennie nous avons été soumis à des sanctions qui comme on l'affirmait, auraient été levées à condition d'un changement de pouvoir. Enfin la pression militaire : la Serbie a été bombardée tous les jours pendant trois mois. Les menaces se sont renforcées avant les élections. Il semblait que la Serbie aurait été bombardée de nouveau si elle n'avait pas changé de gouvernement.

Au début vous avez parlé de corruption, par qui ?

Slobodan MILOSEVIC : L'argent, les flots d'argent qui ont joué un grand rôle dans les évènements des dernières années, en particulier en automne dernier. Avec cet argent, on a non seulement acheté les votes d'une partie des citoyens mais aussi la conviction que les activités de ce type n'étaient pas amorales, que l'argent permettrait de soutenir la création d'un système dans lequel on vivrait mieux. Dans les derniers mois, la peur a conditionné l'opinion publique. Les incendies des sièges institutionnels, les gens frappés dans la rue, les violences physiques de nature, comment dire, non européennes… Voilà, tout ceci a fait peur. Et beaucoup ont pensé : s'ils ont brûlé le parlement fédéral et la télévision, pourquoi pas ma propre maison, mon magasin, mon entreprise ? Ils ont frappé le directeur de la télévision d'Etat et ses journalistes les plus connus, pourquoi pas ma propre famille ? Puis est arrivée la marée des destitutions : directeurs de banque, d'hôpitaux, d'écoles, recteurs de l'université, pressions physiques et psychologiques. La peur est devenue un facteur politique, pour faire avancer les choses selon les intérêts de ceux qui la déchaînaient. Et cela continue aujourd'hui.

Jusqu'aux accords de Dayton, l'Occident vous considérait comme le seul facteur de stabilité dans les Balkans : qu'est-il arrivé ensuite ?

Slobodan MILOSEVIC : Les pays occidentaux, ou plutôt leur gouvernements, m'ont soutenu tant que leur profitait la stabilité dans les Balkans. Au moment où ils ont commencé à trouver intéressant sa déstabilisation, j'ai perdu leur appui. Ce ne sont ni ma politique, ni le rôle de la Serbie mais les intérêts des grandes puissance qui ont changé.

Vous l'avez dit vous-même, la Serbie n'est pas un grand pays…

Slobodan MILOSEVIC : Mais il est important pour la stabilité de la région. Je me suis employé pendant dix ans à un politique d'indépendance. Pendant un certain temps, cela arrangeait l'Occident, puis plus du tout. Ils m'ont considéré comme un allié tant qu'ils acceptaient une orientation de ce genre. Quand j'ai commencé à les gêner, ils m'ont transformé en adversaire.

Qu'est-ce qu'ont représenté les guerres yougoslaves des dix dernières années ?

Slobodan MILOSEVIC : L'Europe occidentale et particulièrement l'Allemagne, enivrée de sa victoire dans la guerre froide, de l'unification allemande et de la destruction de l'Union Soviétique, a commencé à vouloir mettre l'Est sous un contrôle économique et politique total. Toutes les institutions productives des pays de l'Est ont été démontées, causant un appauvrissement vertigineux, et l'acquisition à bas prix par les occidentaux d'une industrie détruite. Aucun pays de l'Est n'a réussi à revenir au niveau économique d'il y a dix ans.

Mais la Yougoslavie n'était pas un pays de l'Est.

Slobodan MILOSEVIC : Elle ne l'était pas ni n'était membre du pacte de Varsovie. C'était un pays qui construisait son système propre basé sur l'économie de marché et l'égalité nationale. Son économie devenait de plus en plus fructueuse. Elle était le modèle d'un futur fédéralisme européen.

La Yougoslavie constituait donc une expérience dangereuse ?

Slobodan MILOSEVIC : C'était un "mauvais exemple" pour les propagandiste des nouveaux équilibres sur le vieux continent. Et c'est pour cela que son éclatement a été soutenu de l'extérieur, en jouant sur les tensions entre les ethnies et les républiques de l'ex-fédération. A ce moment a commencé la diabolistaion de la Serbie, pendant qu'en Croatie on chantait "Danke Deutschland" pour les remercier de la constitution de l' "Etat croate".

Vous croyez que tout peut se réduire à cette perspective historique ?

Slobodan MILOSEVIC : Je ne suis pas encore arrivé à la fin de l'histoire. La République Fédérale de Yougoslavie, survivant en 1992 à travers la Serbie et le Monténégro, devint à un certain moment le nouvel objectif. Toute la décennie est marquée par la lutte pour la liberté, l'indépendance, la paix et la dignité nationale. Les protagonistes du nouvel ordre mondial n'ont pu accepter ce précédent : l'opposition d'un petit pays balkanique au nouveau colonialisme. Puis ils ont inventé les prétextes du Kosovo pour commencer en 1999 une guerre illégale et criminelle. Et quand la guerre n'a pas donné tous les objectifs escomptés, on a eu recours à tous les moyens. Aujourd'hui nous avons les tendances séparatistes du Monténégro, la hâte de donner l'indépendance au Kosovo, en créant ainsi une crise au Vojvodine et dans la région de Raska et Polimlje.

Est-il possible que dans ce désastre, la nation serbe n'ait aucune responsabilité ?

Slobodan MILOSEVIC : La responsabilité des Serbes est nettement moindre que celle des Croates, des Slovènes et de ceux qui ont participé à la partition du Pays. Les Serbes ont essayé de sauver la République Fédérale, peut-être parce qu'ils vivaient sur tout le territoire. Il est injuste de dire que les Serbes qui tenaient le plus à la Yougoslavie, soient accusés par l'Occident de son éclatement.

Vous ne reconnaissez aucune faute ?

Slobodan MILOSEVIC : Les accusations injustes ont été envoyées à la mauvaise adresse, soit en ce qui concernait le peuple, soit en ce qui me concernait. Devant certaines manipulations de la vérité, on reste impuissant. Les moyens d'information transformés en armes sont, comme toutes les armes, dans les mains des riches et des puissants. Grâce à leur richesse et à leur pouvoir, seul ce qu'ils auront décidé sera honnête, courageux, intelligent et bon. Et malhonnête, lâche, stupide et méchant ce qu'ils auront décidé.

Vous, personnellement, avez-vous fait tout votre possible ?

Slobodan MILOSEVIC : J'ai fait tout ce que je pouvais en tant qu'homme et guide d'une des républiques, partie du Pays. Mon rôle dans les évènements liés à la partition de la Yougoslavie, est un thème dont s'occupe continuellement la soit-disant communauté internationale. On devrait s'étonner que les mêmes questions n'aient pas été adressés aux chefs des autres républiques de l'ex-Yougoslavie. Le président de la Croatie, par exemple, met en relief ses propres mérites dans l'éclatement du pays. Pourquoi donc la soi-disant communauté internationale le sous-estime tant et me dédie toute son attention ? C'est offensant pour mes collègues…

Vous ne pensez pas vous être trompés, surtout dans la question du Kosovo ?

Slobodan MILOSEVIC : Je n'étais pas en retard. Dans un sens politique, moral et national, j'ai remué la question en 1986, quand je n'étais pas président de la Serbie. Je considérais la situation au Kosovo comme un des problèmes principaux de la Yougoslavie, et en particulier de la Serbie. Quant aux bombardements à l'uranium, je n'ai pas été surpris. Je dirais avec amertume : comme vous, j'espère. Comme chaque homme normal sur cette planète, j'espère.

Dans ce cas, la vielle amitié avec Richard Holbrooke, l'ambassadeur américain n'a pas servi non plus.

Slobodan MILOSEVIC : Avec Holbrooke, nous avons travaillé ensemble avec succès jusqu'aux accords de Dayton. Il a contribué de façon décisive à la trêve, lorsque les troupes serbes se sont retrouvées en situation critique. Je lui ai dit catégoriquement que nous aurions mis fin aux pourparlers, et lui, a arrêté l'armée croate devant Prijedor qui devait tomber comme Banja Luka. Après Dayton et la promesse de mettre fin aux sanctions, cependant, ils n'ont pas tenu parole. Ils n'ont pas introduit le prétendu "mur externe" et ils ont continué les pressions. En 1998, quand s'est posée de façon infondée la question du Kosovo, j'ai dit à Holbrooke : "Vous, les Albanais ne vous intéressent pas, vous avez un tout autre but" "Lequel ?" m'a-t-il demandé. "S'assurer de votre rôle de leader en Europe" "C'est vrai, nous sommes une superpuissance et nous avons intérêt à cela" a conclu Holbrooke. J'aimerais que la nouvelle administration américaine demandât à la précédente : "De quelle façon avez-vous servi les intérêts nationaux américains en faisant alliance avec la narco-mafia albanaise, avec des trafiquants d'êtres humains, des assassins et des terroristes ?"

Mais entre autres problèmes dans votre pays, vous ne pensez pas au fait de ne pas avoir géré une démocratie ?

Slobodan MILOSEVIC : Pendant mon gouvernement "antidémocratique", j'ai proposé en 1993 la constitution d'un gouvernement d'unité populaire qui a duré jusqu'à la fin d'octobre 2000. Aujourd'hui en Serbie, c'est le gouvernement d'un seul parti. Durant mon gouvernement "antidémocratique", 95% de la presse était entre les mains de l'opposition, comme presque toutes les télés locales, environ 500. Dans ces media financés par l'étranger, ma famille et moi avons été insultés avec les mots les plus vulgaires, nous accusant de tous les crimes du monde. Jamais il n'y a eu de réponses à ces accusations infondées. Il n'y a eu aucuns livres, spectacles ou films interdits. Les portes du Pays étaient ouvertes à des milliers de journalistes étrangers, même à ceux qui venaient avec des articles déjà écrits, à tous les diplomates, même à ceux qui agissaient de façon non démocratique. J'ai même rencontré l'opposition, mais eux ont évité les communiqués de presse.

Et la censure imposée aux journaux ?

Slobodan MILOSEVIC : Une invention dégoûtante. Dans le seul Kosovo, il y avait plus de 40 journaux en langue albanaise, complètement voués à me salir, moi et ma famille. Et cela pendant 10 ans. Peut-être que j'ai un reproche à me faire : j'ai laissé les media abaisser le sens éthique national.

Vous avez rencontré le président Kostunica dans la nuit du 6 octobre. Que pouvez-vous en dire ?

Slobodan MILOSEVIC : Kostunica m'a informé que la Court Constitutionnelle confirmait sa victoire. J'ai accepté cette information. Mais je ne m'attendais pas à ce que les violences et l'anarchie continuassent. Il y avait un scénario pour provoquer l'effusion de sang qu'heureusement nous avons évité. On sait bien qui en aurait été accusé. Dans ma ville natale, Pozarevac, ils ont saccagé et incendié ce qui appartenait à mon fils. C'est évident que tout cela était programmé.

Nous sommes arrivés à un point délicat, le poids de votre famille sur les affaires du pays.

Slobodan MILOSEVIC : Tout ce qu'on a écrit sur nous n'est que mensonge. A présent le nouveau gouvernement menace de faire des procès pour des crimes qu'ils ont inventé dans leur bureaux. Cette pratique de montages de procès appartient aux expériences des années les plus noires du nazisme et du maccartisme.

Kostunica refuse l'hypothèse de vous remettre au tribunal de La Haye même si des personnes comme Biljana Plavsic se sont livrées spontanément.

Slobodan MILOSEVIC : Je n'ai pas encore d'opinion sur le nouveau président. Il faut un peu de temps pour pouvoir juger. En revanche, j'ai toujours considéré le tribunal de La Haye comme une institution amorale et illégale, inventée en représailles contre des représentants désobéissants de peuples désobéissants, comme à une époque où il existait des camps de concentration pour les peuples superflus et les gens superflus. Ce tribunal est là avant tout pour les Serbes. C'est la même forme d'intimidation que les nazis ont utilisé d'abord contre les Juifs puis contre tous les peuples slaves.

Quant à Plavsic ?

Slobodan MILOSEVIC : Avec sa décision d'aller volontairement à La Haye, Biljana Plavsic a voulu montrer sa confiance dans le tribunal et l'administration qui vient d'abandonner la scène politique américaine. De nationaliste féroce, Biljana Plavsic s'est transformée en collaboratrice de l'ex-administration américaine. Vous ne pouvez pas espérer être amnistiée comme cela de leur fureur.

Et si deviez comparaître à Belgrade ?

Slobodan MILOSEVIC : Cela voudrait dire à La Haye. Les accusations sont inventées. Mais à Belgrade, à moins de ne pas s'en rendre compte, on est en train de monter une filiale du tribunal…

On vous accuse d'avoir fait passer des capitaux à l'étranger.

Slobodan MILOSEVIC : Ils les cherchent depuis des années. Une fois j'ai dit à Holbrooke qui menaçait de les bloquer : "Ne vous donnez pas tant de peine. Prenez simplement ce que vous réussissez à trouver". Je n'ai aucun compte à l'étranger, je n'en ai jamais eu. Toute ma vie, je n'ai eu que mon salaire. Et aujourd'hui je ne l'ai même plus.

Vous vous sentez en danger ?

Slobodan MILOSEVIC : Les règles veulent que les conditions de vie d'un chef d'Etat sortant, soit une question d'honneur et de morale pour le nouveau chef d'Etat. Peut-être, mais il y aura toujours une part d'honneur et de morale de la part des autres, de tout un peuple. Quant à ma sécurité et à celle de ma famille, non, je ne sens pas en sécurité. Nous sommes dans les Balkans ; ce n'est pas étonnant que l'Europe nous regarde comme une partie du continent qui devrait ne pas exister.

Et la politique italienne ?

Slobodan MILOSEVIC : C'est pareil pour les Italiens. Vous essayez d'agir avec des principes, de respecter les autres, de réfréner vos propres intérêts, de ne pas entrer en conflit avec l'Europe, mais de compter. Le ministre Dini a eu en maintes occasions de bonnes intentions, justes et cordiales, envers notre Pays, dans les années difficiles et particulièrement durant la guerre contre l'Otan. Malheureusement, l'Italie n'a pas eu la force de s'opposer à ce crime insensé contre notre peuple, en 1999.

Que voudriez-vous dire pour conclure au public italien ?

Slobodan MILOSEVIC : Rien ne peut grandir un homme petit, ni rendre honnête un malhonnête ou lâche un courageux, ou mauvais un bon. Même si on y met toute son énergie financière, technologique, médiatique, diplomatique et psychologique.

 

Entretien réalisé par Giuseppe Zaccaria, La “Stampa” du samedi 3 février 2001.

Copyright traduction française : Service de Presse du PCN-NCP - mars 2001

Lisez les comptes rendus des procés de milosevic

http://forum.subversiv.com/162580.html

le 15/03/2006 07:18:48, Gogol1er a écrit :

C'est des perles ces comptes rendus, des milliers de pages à lire mais que c'est trés intéréssant, par exemple ça:

 

>""Question de la défense : Veuillez m'indiquer, s'il vous plaît, si vous savez quoi que ce soit au sujet de la libération des pilotes français en 1995 ?

Réponse du témoin de la défence le docteur patrick Barriot : Oui, c'est un sujet important et sensible.

Précisément, M. Jugoslav Petrusic a joué un rôle important dans cette libération. Je

tiens à dire que M. Rajda Tabouche a réalisé un reportage télévisé qui

s'appelle "le prix d'une poignée de main", sur la libération des pilotes

français en 1995. Il se trouve que ce reportage a été censuré par les

autorités françaises, parce qu'il apparaît dans ce reportage qu'une

importante somme d'argent qui était censée servir de rançon, et je précise

que cette rançon n'avait pas été réclamée par les autorités, donc il

apparaît dans ce reportage qu'une importante somme d'argent a été détournée

par ""des"" politiciens français à cette occasion. Je m'explique. Alors que nos

deux pilotes étaient prisonniers des Serbes de Bosnie, la DST française,

donc la direction de la Sécurité du territoire, a envoyé au mois de

novembre 1995, deux missions de négociation pour faire libérer les pilotes.

Ce que je veux dire est très important. La première mission de négociation

a été confiée par la DST, donc par M. Raymond Martre au général

Pierre-Marie Galois. Le général Pierre-Marie Galois s'est rendu en Bosnie

où il a rencontré le général Ratko Mladic, le 17 novembre 1995. De retour à Paris, le général Pierre-Marie Galois a rendu compte de sa mission, et a précisé l'exigence modeste du général Mladic, puisque le général Mladic ne demandait aucune rançon. Tout ce que demandait le général Mladic, c'était une poignée de main de la part du chef d'état- major de l'armée de l'air française, le général Dwynne [phon], en échange de la libération des pilotes.

Curieusement, une deuxième mission de négociation a été engagée quelques jours plus tard, toujours par la DST, mission confiée à M. Jean-Charles Marchiani, qui est Académie de marquois [phon], qui a rencontré ces deux personnes, qui ont rencontré le général Mladic le 25 novembre 1995, soit huit jours après la rencontre avec le général Pierre-Marie Galois. De retour en France, ils ont dit : le général Mladic

veut bien libérer les pilotes, mais, en échange d'une rançon de quelques millions d'euros Donc, en définitive nos pilotes ont été libérés le 12 décembre 1995, après

que le général Mladic ait serré la main du chef d'état-major de l'armée de l'air française. Mais je précise et j'insiste sur le fait que le général Mladic n'a pas reçu un euro, donc une importante somme d'argent ..."">

 

Pourquoi aprés une telle déclaration n'y a t'il pas une enquéte par un juge ou mieux par l'assemblée nationale pour voir ce qu'il esn est?

Il semblerait que des enculés de politiciens se soient goinfrés avec quelques sous fifres sur le dos de la France et de ses citoyens en prétendant faussement que Mladic demandait une rançon contre la libération des pilotes français!C'est pas des ministres socialistes à cette époque là?

Qui est ce politicard ripoux?

 

 

 

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