tolérance et son intolérance ....

Dossiers : l'amour  Laïcité

 

Extraits :  la tolérance ne tolère pas l’idée de vérité. Elle lui préfère le doute ; ce faisant, elle ne tolère qu’elle-même, ce qui est chose aisée. Car elle doute de tout, sauf d’elle-même. En quoi elle confine à la tartufferie qui raffine le vice. Les récalcitrants qu’elle ne peut convertir à ses doutes sont pour elle autant de marginaux qu’elle exclut car ils ne peuvent à ses yeux la mériter. ..... la vérité est plurielle, seule l’erreur est unique, qui consiste à croire que la vérité peut être une et certaine.

le Traité sur la tolérance (1763) les ( les catholiques) dénonce, pape inclus, comme sectaires et fanatiques ; mais elle se projette bien au-delà : vers l’établissement d’un consensus permettant le libre-échange mondial des biens, des sexes et des idées reçues. De Voltaire à John Rawls, cette drôle de vertu sublime malaisément son inconscient mercantile et ses pulsions opéistes de troc, de trust ou autre trafic du capitalisme boursier.

Le bloc-notes d'Ivan Rioufol ....« L’histoire enseigne que lorsqu’une Eglise ne sait plus bien ce qu’elle croit, quand elle ne voit plus la différence entre sa doctrine et l’islam, elle devient musulmane sans presque s’en apercevoir. » ....  le Pape a souligné « l’importance de la réciprocité », en souhaitant que « les chrétiens qui émigrent vers les pays à majorité musulmane y trouvent accueil et respect de leur identité religieuse ».

en z relations ....  individualisme ...égocentrisme  ... l'homentranche .... capitalisme ...mondialisme  ... la paix mondiale par le commerce mondial  ... relativisme  ... l'indifférenciation  ... exclusion ... violence

 

 
 

Tolérance et fanatisme voltairiens

Abbé Christophe Héry

Objections - n°5 - avril 2006

 

Source:  http://revue.objections.free.fr/005/005.036.htm

 

« Je m’ennuie en France, car tout le monde y ressemble à Voltaire » (Baudelaire).

Rengaine édifiante de la morale consensuelle, la tolérance n’affiche pas toujours son vrai visage. Indulgente et conviviale en apparence, elle revêt volontiers, depuis Voltaire, l’habit blanc de Torquemada, pour exclure ou condamner, au titre du « fanatisme » (ou de l’intégrisme), toute trace de certitude - en particulier chrétienne. Tel est le prêche du directeur des consciences molles, André COMTE-SPONVILLE, au chapitre « Tolérance » de son Petit Traité des grandes vertus : « Le catholique [...], s’il est intellectuellement honnête, aime la vérité plus que la certitude. […] Aimer la vérité jusqu’au bout, c’est accepter aussi le doute à quoi, pour l’homme, elle aboutit » !

Du scepticisme à l’intolérance des Lumières

Pour les Lumières, la foi est une opinion et ne doit plus prétendre à la vérité. Reste ce commandement universel et absolu : Il faut être tolérant… l’impératif moral est unique et catégorique : il faut ! Adossée à un dogmatisme d’autant plus virulent qu’il demeure opaque, la « tolérance » voltairienne se dérobe elle-même au dialogue contradictoire. Sur un versant, elle fuit : il est facile d’avoir le courage des idées de tout le monde. Mais sur l’autre, la tolérance ne tolère pas l’idée de vérité. Elle lui préfère le doute ; ce faisant, elle ne tolère qu’elle-même, ce qui est chose aisée. Car elle doute de tout, sauf d’elle-même. En quoi elle confine à la tartufferie qui raffine le vice. Les récalcitrants qu’elle ne peut convertir à ses doutes sont pour elle autant de marginaux qu’elle exclut car ils ne peuvent à ses yeux la mériter.

Voltaire annonce le modèle cloné de la vertu aujourd’hui « citoyenne », d’une rigidité pateline, qui n’est plus le témoignage d’aucune vérité sinon “plurielle” : vérité individuelle, incernable et façonnable à merci, au gré du ressenti. Irréfutable aussi. Car le pluralisme philosophique s’arroge insidieusement un statut de religion surplombante et universelle. Voilà son dogme et sa certitude : la vérité est plurielle, seule l’erreur est unique, qui consiste à croire que la vérité peut être une et certaine.

Dès l’origine, la tolérance voltairienne est une arme sémantique qui vise non pas à promouvoir la paix civile ; elle est engagée dans un combat, spécialement dirigé contre l’Infâme, l’Église et ses certitudes superstitieuses. Veut-elle donner mauvaise conscience aux catholiques de bonne foi ? Sans doute : le Traité sur la tolérance (1763) les dénonce, pape inclus, comme sectaires et fanatiques ; mais elle se projette bien au-delà : vers l’établissement d’un consensus permettant le libre-échange mondial des biens, des sexes et des idées reçues. De Voltaire à John Rawls, cette drôle de vertu sublime malaisément son inconscient mercantile et ses pulsions opéistes de troc, de trust ou autre trafic du capitalisme boursier.

Le haut-lieu de la tolérance voltairienne : la Bourse de Londres ou de Bassora…

Pour Voltaire en effet, selon Ghislain WATERLOT (« Voltaire ou le fanatisme de la tolérance », Esprit, août-sept. 1999), « la tolérance doit servir le développement du libéralisme naissant », « l’essor du commerce » et « indirectement la célébration moderne du travail ». Elle est la vertu cardinale unique du concert des nations.

Le Dictionnaire philosophique (Genève, 1764), ouvertement dirigé contre l’Église, définit ainsi la tolérance : « C’est l’apanage de l’humanité. […] Pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature. » Chacun a intérêt à pardonner son voisin s’il veut faire affaire avec lui. L’aspect doucereux et commisératoire est mis en avant. Mais aussitôt, Voltaire illustre son propos. Le haut-lieu de cette vertu unique n’est rien d’autre que « la bourse d’Amsterdam, de Londres, ou de Surate ou de Bassora », où « le banian, le juif, le mahométan, le déicole chinois, le chrétien, le quaker […] trafiquent ensemble ». Cette définition marque la fin ultime de la tolérance : le travail et libre marché. Il en va de même dans Zadig (scène du « Souper ») où la dispute religieuse entre marchands est résolue par la reconnaissance commune d’un Être suprême, qui leur permet enfin de conclure entre eux d’excellentes affaires.

Dans la 6e Lettre philosophique, le lexique religieux est emblématique : la tolérance substitue le culte de Mammon à celui de Dieu et de Jésus-Christ. La bourse est une « assemblée » universelle, de connotation cultuelle ; l’échange du travail et des contrats y tient lieu de rite œcuménique ; y sont conviés tous les « fidèles » : ceux qui possèdent des biens à échanger. Cette religion de la « raison », seule sérieuse, célèbre le travail et l’argent (qui tient lieu de certificat de baptême), et vise « l’utilité [matérielle] des hommes » (qui remplace le Salut éternel). Le commerce mondial et l’enrichissement nécessitent une paix entre des religions devenues ridicules.

L’« excommunication » prévue par le patriarche de Ferney n’est pas anodine. Elle marque l’ambivalence venimeuse de sa « tolérance ». Trente ans seulement séparent le Traité sur la Tolérance de la Terreur. Comme le conclut Ghislain WATERLOOT (ibid.) : « il n’est pas absurde de parler de la tolérance voltairienne comme d’un fanatisme. Arme dans un combat destiné à promouvoir une vision politique et sociale du monde, la tolérance devient violence. »

 

L’antisémitisme fanatique de Voltaire

« Les Juifs […] nous regardent comme des idolâtres et, quoique nous les tolérions aujourd’hui, ils pourraient bien, s’ils étaient les maîtres, ne laisser au monde que nos filles. Ils seraient dans l’obligation indispensable d’assassiner tous les Turcs, cela va sans difficulté : car les Turcs possèdent le pays des Éthéens, des Jabuséens, des Amorrhéens, Jersénéens, Hévéens, Aracéens, Cinéens, Mamatéens, Samaréens : tous ces peuples furent dévoués à l’anathème ; leur pays, qui était de plus de vingt-cinq lieues de long, fut donné aux Juifs par plusieurs pactes consécutifs ; ils doivent rentrer dans leur bien ; les mahométans en sont les usurpateurs depuis plus de mille ans. Si les Juifs raisonnaient ainsi aujourd’hui, il est clair qu’il n’y aurait d’autre réponse à leur faire que de les mettre aux galères. »

Voltaire, Traité sur la tolérance (1762), Flammarion, 1989, p. 122-123.

texte hébergé en mai 06                     

 

 
 

Une tolérable intolérance

Le bloc-notes d'Ivan Rioufol

26 mai 2006, (Le Figaro Rubrique Opinions)

Ce qui ne se dit pas : des chrétiens sont victimes de l’intolérance islamique. Or, cette christianophobie indiffère les gardiens des droits de l’homme et de l’antiracisme. En France, même les évêques préfèrent s’indigner du projet de loi sur l’immigration choisie plutôt que du sort des catholiques dans les pays musulmans. Tels sont les effets conjugués de l’angélisme, de l’ignorance et de la haine de soi.

Qui a entendu, la semaine dernière, l’inquiétude du Vatican devant la diminution des catholiques au Proche-Orient ? En Iran, leur nombre a été divisé par dix (0,01 % de la population) en trente ans. De semblables « nettoyages » s’observent en Irak, Syrie, Palestine, Egypte. Les chrétiens de Turquie, de Bosnie-Herzégovine, du Kosovo (150 églises et couvents détruits depuis 1999) subissent ces mêmes humiliations poussant au repliement.

« L’Arabie saoudite, qui finance les constructions de mosquées à travers le monde, ne permet pas chez elle la construction d’une chapelle », rappelle le rapport 2005 sur les « Persécutions antichrétiennes dans le monde ». Les émeutes antichrétiennes de février au Nigeria (16morts) ont été vite oubliées. L’Italie a sauvé l’honneur en accueillant, en mars, un Afghan condamné à mort pour s’être converti.

En Algérie, la loi du 1er mars 2006 punit de prison celui qui « incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion » ou à « ébranler sa foi ». Le texte met sous la surveillance des autorités, l’exercice d’un autre culte. Autant d’atteintes à la liberté religieuse, inconcevables en France. Qui les dénonce ?

En voulant ignorer le prosélytisme islamique, les évêques participent à l’affaiblissement de leur Eglise. En quarante ans, les chrétiens pratiquant ont diminué des trois quarts en France. L’Eglise compte désormais moins de fidèles que l’islam, comme le rappelle Alain Besançon dans la dernière livraison de la revue Commentaire : « Dans la plupart des pays d’Europe, les chrétiens forment une minorité de plus en plus réduite. » Personne n’entend.

L’irénisme clérical, qui n’ose regarder les réalités au nom de l’amour du prochain et du respect de l’autre, contribue à l’affaiblissement du catholicisme, quand il se montre incapable de faire respecter son histoire, son héritage, ses valeurs. Les chrétiens doivent-ils se résoudre à être méprisés et soumis ?

« Réciprocité »

L’Eglise catholique peut se laisser subvertir. Alain Besançon : « L’histoire enseigne que lorsqu’une Eglise ne sait plus bien ce qu’elle croit, quand elle ne voit plus la différence entre sa doctrine et l’islam, elle devient musulmane sans presque s’en apercevoir. » Déjà, des membres du clergé plaident pour le rapprochement, en invoquant « l’injustice subie par le peuple palestinien, injustice dont se sentent solidaires tous les Arabes, chrétiens et musulmans » (Père Michel Lelong, Jean-Paul II et l’islam, Editions François-Xavier de Guibert).

C’est cette vision que défend le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah. En visite en France, il a rappelé (Le Figaro, 17 mai) qu’en Palestine, « chrétiens et musulmans sont un seul peuple », réfutant l’explication d’un exode des chrétiens dû à la haine contre les Croisés. Pour lui, « L’émigration est un phénomène naturel ». L’adversaire n’est pas le totalitarisme vert ou le Hamas, mais Israël et les Etats-Unis. Les médias en redemandent.

Mais cette capitulation n’est pas inexorable. De saintes colères se laissent deviner. A commencer par celle de Benoît XVI, qui a supprimé le conseil en charge du dialogue avec l’islam, pour confier l’ensemble du dialogue interreligieux au cardinal Paul Poupard. L’autre jour, le Pape a souligné « l’importance de la réciprocité », en souhaitant que « les chrétiens qui émigrent vers les pays à majorité musulmane y trouvent accueil et respect de leur identité religieuse ». Le ton est nouveau.

L’Eglise est appelée à se ressaisir. Le secrétaire du Saint-Siège, Mgr Giovanni Lajolo, l’a invitée « à ne pas reculer et à prendre position clairement et courageusement pour affirmer l’identité chrétienne ». En ajoutant : « Nous savons bien que l’islam radical profite de chaque signe qu’il interprète comme un point faible. » La remarque incitera-t-elle les évêques à se libérer de leur pieux prêt-à-penser ?

Le conformisme d’Ardisson

Il faut dire que le politiquement correct est omniprésent. Lundi, dans Le Figaro, il faisait déclarer à l’historienne de la psychanalyse, Elisabeth Roudinesco, que ceux qui déplorent « la perte des repères, des frontières, la fin de la famille et l’invasion de l’islamisme, le tout sur fond du mythe de l’abolition des différences » étaient évidemment d’extrême droite. Quant aux émissions de télévision perçues comme impertinentes, elles se révèlent majoritairement confites en conformisme immigrationniste, antiaméricain, altermondialiste.

Cette dernière démonstration est soutenue par Jean Robin (Ils ont tué la télé publique, Editions du Journalisme continu), qui a notamment mis au jour l’idéologie défendue par Thierry Ardisson, après avoir visionné quatre ans de « Tout le monde en parle ». Robin : « Pour ses invités qui se disent pro-islamiques, c’est le tapis rouge qu’il déroule (...) Pour ce qui est des anti-islamistes, Ardisson les invite pour mieux les piéger. » Parmi les victimes : Maurice G. Dantec, Salman Rushdie, Caroline Fourest.

Quelque chose de pourri

Flemming Rose, l’éditeur danois des caricatures de Mahomet, envisage de s’exiler aux Etats- Unis pour fuir les menaces des radicaux. Oui, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.

 

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