La nouvelle grille .. Henri Laborit

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Présentation :... il s'agit du livre testament de Henri Laborit  ... dans lequel est présent d'une manière didactique l'ensemble de ses réflexions et de ses travaux . la première édition de cet ouvrage date de 1974... Comme le dit lui-même ce livre n'a pas de cesser d'intéresser un public toujours plus large.

Comme il le dit :« Mes amis, du moins assez francs pour vous dire des choses désagréables, m'ont souvent déclaré que c'était le meilleur livre que j'avais écrit. »

je viens de le découvrir... à lire **** ...

je suis sans doute quelque peu partisan, car la grille de lecture de l'homocoques se situe tout à fait dans ce prolongement...

 

Extraits :   Etre homme consiste avant tout à utiliser les aires cérébrales qui nous distinguent des autres espèces animales et nous permettent de créer de nouvelles structures. Etre révolutionnaire, ce n'est pas appliquer des grilles inventées à une époque où les deux tiers de nos connaissances scientifiques contemporaines restaient encore à découvrir, une époque en particulier qui restait confinée dans le langage conscient, dans les analyses logiques utilisant le principe de causalité linéaire sans mettre en cause les pulsions, et les automatismes qui menaient et qui mènent encore nos discours. Etre révolutionnaire consiste d'abord à imaginer de nouvelles grilles conceptuelles, de nouvelles structures prenant en charge l'essentiel de l'apport de l'ensemble des disciplines biologiques, et cela pas en pièces détachées, en bric-à-brac culturel, mais sous -une forme intégrée.....

Etre révolutionnaire n'est plus alors l'affaire de quelques leaders inspirés, d'une élite éclairant la masse, mais celle de tous. C'est sans doute la finalité de l'espèce humaine, car il s'agit d'une révolution permanente et culturelle, non d'une culture langagière ou d'une praxis sociale uniquement.

en z relations .... structure systémique de l'infiniment petit à l'infiniment grand... l'information structurante... Le pouvoir, ombre de l'amour (Jung) ... l'HOMENUN... L'HOMENTRANCHE... à l'ombre de L'HOMENMULTETUN ...

 

n  Auteur:   extraits choisis par l'homocoques

Source:  la nouvelle grille de Henri Laborit, folio

Date : 3 avril 2007   

 

INTRODUCTION

Est-il possible de résumer notre projet? Je le voudrais afin que le lecteur ne soit pas trop décontenancé par la lecture des premiers chapitres. Si sa culture est avant tout littéraire, il risque de fermer ce livre et de l'abandonner. Soyez gentil, faites l'effort de lire les deux premiers chapitres, même si certaines notions vous paraissent obscures. Elles sont fondamentales puisqu'elles tentent de fournir une vision dynamique de l'organisation des systèmes vivants à partir des théories récentes de l'information, de la théorie des systèmes et de la cybernétique. Elles s'éclairciront par la suite dans les chapitres qui abordent, dès le troisième, le niveau sociologique pour lequel ce livre a été écrit. Le second chapitre schématise la structure fonctionnelle du système nerveux. Comment en effet continuer à ignorer l'essentiel concernant ce merveilleux instrument que nous utilisons de notre naissance à notre mort et qui autorise toutes nos relations avec le monde qui nous entoure, ce monde que peuplent les hommes, les autres hommes, et qui permet aussi la conscience que nous avons du monde qui vit en nous? Or ce monde-là, le monde de l'inconscient, est bien différent de la conscience que nous en avons. Comment se structure-t-il ? Non pas seulement avec des mots, mais d'abord avec des molécules.

C'est avec ces instruments conceptuels, qui n'ont jamais encore été utilisés à notre connaissance dans l'approche expérimentale des faits sociaux que nous aborderons l'ensemble du thème, social, économique et politique. Ils n'ont encore jamais été utilisés parce que leur expression est trop récente et que la synthèse que nous en avons faite est difficile à réaliser par le spécialiste.

Il m'est reproché fréquemment de chercher dans le social l'analogie avec le biologique. Le raisonnement par analogie jouit avec raison d'une mauvaise réputation et je ne suis pas certain que ce reproche, pour ceux qui l'expriment, ne soit pas simplement une manière de se débarrasser, de refouler, des faits gênants, en demeurant au sein d'un territoire limité, le leur, qui les gratifie et qu'ils défendent. J'utilise parfois l'analogie, mais l'essentiel de ce que j'apporte n'est pas à mon sens du domaine analogique. En réalité, l'observation des faits biologiques nous a fait découvrir, je le crois, des lois structurales qui paraissent valables pour tout le domaine du vivant. Nous reprocher ce qu'un examen superficiel et un jugement teinté d'affectivité considèrent comme analogique, s'apparente au fait de reprocher à quelqu'un l'application des lois de la gravitation, à un chien, à un groupe de parachutistes ou à un caillou. Nous sommes bien d'accord par contre pour dire que ce n'est pas, par exemple, parce qu'il y a des « artères » qui permettent la circulation dans une ville, que l'on peut comparer une ville à un organisme et le coeur de la cité à celui des mammifères, si ce n'est sous la plume des poètes et de certains urbanistes.

Par contre, préciser les notions d'énergie, de masse et d'information, permet d'aborder la sociologie, l'économie et la politique, sur un trépied solide puisqu'il supporte l'édifice de la science contemporaine. Mais avant d'atteindre le niveau d'organisation des sciences dites « humaines », ce trépied doit aussi servir de base à la mise en place de la biologie générale et de celle des comportements humains en situation sociale. Nous les retrouverons donc à chaque page des onze chapitres suivants.

Nous verrons comment le fait de posséder un lobe orbito-frontal et des systèmes associatifs corticaux développés, permet à l'homme de traiter l'information et par quels mécanismes son imagination ajoute de l'information au monde qui l'entoure. Comment cette propriété spécifique fut à l'origine de sa domination du monde inanimé et plus tard la base des hiérarchies de dominance uniquement fondées sur le degré d'abstraction de l'information technique, professionnelle, qu'un individu utilise. Nous verrons pourquoi les sociétés animales et les sociétés humaines sont soumises à cette pression de nécessité des structures hiérarchiques. Nous analyserons les mécanismes d'établissement des pouvoirs et des dominances, de la notion de territoire et de propriété, le mythe de la démocratie, de l'égalité et de la liberté, mots qui n'expriment qu'une affectivité pulsionnelle satisfaite, gratifiée ou au contraire aliénée, dépendante, soumise à la dominance de l'autre.

Nous tenterons de fournir les prémices d'une solution et pour cela nous développerons la distinction entre information professionnelle, introduisant l'individu dans un processus de production de marchandises, et l'information généralisée dont ce livre est un vade-mecum. Seule, celleci peut donner au citoyen la dimension d'un homme. Cette information ne concerne pas les faits, mais les structures, les lois générales permettant d'organiser les faits en dehors des jugements de valeurs, des automatismes, socioculturels, des préjugés, des morales, des éthiques, qui ne sont jamais que celles des plus forts capables de les imposer par la police, la guerre, les lois, l'abrutissement par les mass media, l'aliénation économique, l'obscurantisme affectif, l'aveuglement de la logique langagière et surtout la gratification hiérarchique professionnelle. Cette information, cette mise en forme des systèmes nerveux humains en un système ouvert, capable d'évolution, ne peut se satisfaire des slogans éculés, d'une phraséologie faussement révolutionnaire qui retrouve, après avoir soi-disant détruit les structures capitalistes, la dominance hiérarchique et la gratification du pouvoir.

Etre homme consiste avant tout à utiliser les aires cérébrales qui nous distinguent des autres espèces animales et nous permettent de créer de nouvelles structures. Etre révolutionnaire, ce n'est pas appliquer des grilles inventées à une époque où les deux tiers de nos connaissances scientifiques contemporaines restaient encore à découvrir, une époque en particulier qui restait confinée dans le langage conscient, dans les analyses logiques utilisant le principe de causalité linéaire sans mettre en cause les pulsions, et les automatismes qui menaient et qui mènent encore nos discours. Etre révolutionnaire consiste d'abord à imaginer de nouvelles grilles conceptuelles, de nouvelles structures prenant en charge l'essentiel de l'apport de l'ensemble des disciplines biologiques, et cela pas en pièces détachées, en bric-à-brac culturel, mais sous -une forme intégrée, qui partant de la physique aboutit à l'espèce humaine dans la biosphère, dans le temps de l'évolution et celui de l'individu, dans l'espace gratifiant d'un homme et celui de tous les hommes, la planète.

Etre révolutionnaire n'est plus alors l'affaire de quelques leaders inspirés, d'une élite éclairant la masse, mais celle de tous. C'est sans doute la finalité de l'espèce humaine, car il s'agit d'une révolution permanente et culturelle, non d'une culture langagière ou d'une praxis sociale uniquement. Il n'y a pas d'expérience fructueuse sans hypothèse de travail, mais l'expérience ne peut se limiter à vérifier une théorie qui n'a pu prendre en compte des lois fondamentales qui ont été découvertes après qu'elle fut émise. Toute théorie insuffisante à expliquer certains faits d'expérience doit être incluse dans une théorie plus vaste dont elle devient un sous-ensemble si par ailleurs, bien entendu, elle fournit cependant une interprétation logique et surtout vérifiable de beaucoup d'autres. Sinon, c'est un mythe et tout esprit lucide se doit de l'abandonner.

Nous verrons combien les mots, les expressions sont dangereux du fait que très vite on oublie l'objet ou le concept qu'ils sont censés représenter et qu'à travers eux, on se contente d'atteindre l'affectivité insatisfaite et d'exploiter la frustration qui résulte de l'impossibilité grandissante qu'il y a à réaliser des actes gratifiants. La pensée politique nous paraît de plus en plus encombrée par un tel langage.

Conscience, connaissance, imagination, sont les seules caractéristiques de l'espèce humaine. Ce sont celles aussi le plus exceptionnellement employées. Par contre, l'homme entretient de lui une fausse idée qui sous la pelure avantageuse de beaux sentiments et de grandes idées, maintient férocement les dominances. La seule façon d'arracher ces défroques mensongères est d'en démonter les mécanismes et d'en généraliser la connaissance.

La Vérité est une femme nue qui sort d'un puits. Le puits, c'est l'obscure faconde de notre inconscient.

Je dédie ce livre sans pitié à ceux qui souffrent, aux pauvres, aux aliénés, aux prisonniers, aux drogués, aux contestataires, à tous ceux qui ne se sentent pas tellement bien dans leur peau. Mais je le dédie aussi aux nantis, aux honnêtes gens, aux flics, aux candidats à la présidence, aux notables, à tous ceux qui sont sûrs de détenir la vérité, quelle qu'elle soit, de droite ou de gauche, en espérant qu'ils y découvriront au moins les germes de l'incertitude, soeur de l'angoisse, et mère de la créativité.

 

à suivre .....

 

 

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