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vendredi 20 juillet 2007
Ex 11, 10 ; 12, 1-14
Moïse et Aaron avaient accompli toutes sortes de
prodiges devant Pharaon ; mais le Seigneur avait endurci le coeur de
Pharaon ; et celui-ci ne laissa pas les fils d'Israël sortir de son
pays.
Dans le pays d'Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à
son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il
marquera pour vous le commencement de l'année. Parlez ainsi à toute la
communauté d'Israël : le dix de ce mois, que l'on prenne un agneau par
famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse
pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon
le nombre des personnes. Vous choisirez l'agneau d'après ce que chacun
peut manger. Ce sera un agneau sans défaut, un mâle, âgé d'un an. Vous
prendrez un agneau ou un chevreau.
Vous le garderez jusqu'au quatorzième jour du mois.
Dans toute l'assemblée de la communauté d'Israël, on l'immolera au
coucher du soleil.
« On prendra du sang, que l'on mettra sur les deux
montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa
chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans
levain et des herbes amères.
« Vous n'en mangerez aucun morceau qui soit à moitié
cuit ou qui soit bouilli ; tout sera rôti au feu, y compris la tête,
les jarrets et les entrailles. Vous n'en garderez rien pour le
lendemain ; ce qui resterait pour le lendemain, vous le détruirez en
le brûlant.
« Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les
sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte :
c'est la Pâque du Seigneur.
« Cette nuit-là, je traverserai le pays d'Égypte, je
frapperai tout premier-né au pays d'Égypte, depuis les hommes jusqu'au
bétail. Contre tous les dieux de l'Égypte j'exercerai mes jugements :
je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons
où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas
atteints par le fléau dont je frapperai le pays d'Égypte.
« Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en
ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C'est une loi
perpétuelle : d'âge en âge vous la fêterez. »
Ps 115 (116 B), 12-13, 15-16ac, 17-18
Comment
rendrai-je au Seigneur
tout le
bien qu'il m'a fait ?
J'élèverai
la coupe du salut,
j'invoquerai le nom du Seigneur.
Il en
coûte au Seigneur
de voir
mourir les siens !
Ne suis-je
pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont
tu brisas les chaînes ?
Je
t'offrirai le sacrifice d'action de grâce,
j'invoquerai le nom du Seigneur.
Je
tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui,
devant tout son peuple.
Mt 12, 1-8
En ce temps-là, Jésus passait, un jour de sabbat, à
travers les champs de blé, et ses disciples eurent faim ; ils se
mirent à arracher des épis et à les manger. En voyant cela, les
pharisiens lui dirent : « Voilà que tes disciples font ce qu'il n'est
pas permis de faire le jour du sabbat ! »
Mais il leur répondit : « N'avez-vous pas lu ce que
fit David, quand il eut faim, ainsi que ses compagnons ? Il entra dans
la maison de Dieu, et ils mangèrent les pains de l'offrande ; or, cela
n'était permis ni à lui, ni à ses compagnons, mais aux prêtres
seulement. Ou bien encore, n'avez-vous pas lu dans la Loi que le jour
du sabbat, les prêtres, dans le Temple, manquent au repos du sabbat
sans commettre aucune faute ?
« Or, je vous le dis : il y a ici plus grand que le
Temple. Si vous aviez compris ce que veut dire cette parole : C'est la
miséricorde que je désire, et non les sacrifices, vous n'auriez pas
condamné ceux qui n'ont commis aucune faute. Car le Fils de l'homme
est maître du sabbat. »
Homélie
« En ce temps-là » : le caractère
très vague de cette référence temporelle veut signifier que la leçon
à tirer de cette péricope est « de tous les temps ». L’événement a
probablement été rapporté par les apôtres dans le contexte de leur
catéchèse pour illustrer la liberté nouvelle à laquelle nous
introduit Jésus, en particulier en matière de prescriptions
religieuses.
Les pharisiens accusent les
disciples de moissonner un jour de sabbat. Pour quelques épis
arrachés, l’interprétation est pour le moins excessive ; elle trahit
soit de la malveillance, soit une conception légaliste de la Torah.
Par deux exemples, Jésus tente de
faire comprendre à ses interlocuteurs, que toute transgression de la
lettre ne conduit pas automatiquement au péché. Si David a pu manger
les pains de l’offrande réservés aux prêtres sans commettre de
faute, c’est donc que la sauvegarde de la vie est une valeur
supérieure à la stricte observance formelle des prescriptions
légales. Peut-être même dans ce cas précis, David a-t-il été plus
fidèle à la Loi en la transgressant qu’il ne l’eût été en
l’observant scrupuleusement ? Les préceptes du Seigneur de la vie ne
sauraient aller à l’encontre du maintien, de la promotion, de
l’épanouissement de ce don primordial.
Profitant de la perplexité de ses
interlocuteurs qui ne peuvent contredire le bien-fondé de son
argumentation, Jésus leur montre comment leur lecture
fondamentaliste les met également en opposition avec une pratique
courante dans le temple de Jérusalem. Si personne ne s’offusque de
voir les prêtres transgresser le repos du sabbat, n’est-ce pas parce
que leur activité ce jour-là rejoint davantage la finalité du sabbat
que le repos prescrit ? Dans les deux cas cités, la charité - envers
le prochain comme envers Dieu - prime sur l’observance. Il y a donc
des situations où une interprétation trop littérale des préceptes
trahirait l’intention de Dieu formulée dans sa Parole ; auquel cas,
l’obéissance à l’esprit de la Loi exige de transgresser la lettre.
Notre-Seigneur conclut par un
argument « a fortiori ». Les deux exemples cités se déroulent l’un
dans « la maison de Dieu », l’autre dans « le Temple », c’est-à-dire
en présence du Très-Haut, dans sa proximité immédiate, sous son
regard. En précisant « il y a ici plus grand que le Temple », Jésus
fait allusion au mystère de l’incarnation : sa très sainte humanité
est désormais le véritable Temple, le sanctuaire non fait de mains
d’hommes qui abrite le Verbe de Dieu. Citant l’auteur juif Jacob
Neusner (A Rabbi talks with Jesus), Benoît XVI écrit dans son récent
ouvrage Jésus de Nazareth : « Jésus et ses disciples peuvent faire
ce qu’ils font le jour du sabbat parce qu’ils ont pris la place des
prêtres dans le Temple : le sanctuaire est déplacé. Il est désormais
constitué par le cercle du Maître et de ses disciples » (p. 130).
« Si vous aviez compris ce que
veut dire cette parole : “c’est la miséricorde que je désire et non
les sacrifices”, vous n’auriez pas condamné ceux qui n’ont commis
aucune faute ». Qui est le Juste condamné sans avoir commis la
moindre faute sinon Jésus lui-même ? S’il a été offert en sacrifice,
c’est parce que la connaissance du vrai Dieu, ami de la Vie, «
tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de
fidélité » (Ex 34, 6), s’était perdue suite au péché. Coupés de la
source divine de la charité, les hommes se sont servis des préceptes
de la Loi pour condamner le Juste. Ils ont oublié que dans les
Ecritures, l’« Accusateur » est toujours et exclusivement le démon.
Hélas, combien de fois ne faisons-nous pas de même, invoquant les
prescriptions divines pour accuser, voire condamner notre prochain,
alors que Jésus lui-même déclarait : « Je ne suis pas venu pour
juger le monde mais pour le sauver » (Jn 12, 47) ?
« Viens Esprit Saint, ouvre les
yeux de notre cœur, purifie-nous du levain de l’hypocrisie
religieuse ; ne permets pas que nous soyons les ennemis de
Jésus-Christ en accusant ses frères au nom de sa Parole ; mais que
celle-ci soit pour eux comme pour nous “une lampe sur nos pas, une
lumière sur notre route”. »
Père Joseph-Marie

vendredi 20
juillet 2007
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Commentaire du jour :
Aelred de Rielvaux (1110-1167), moine cistercien
Le Miroir de la charité, III, 3,4 (trad. cf. Brésard, 2000 ans B, p.
80 et Bellefontaine 1992, p. 186)
Observer le sabbat
Dans un premier temps, il nous faut transpirer en faisant de
bonnes oeuvres, pour nous reposer ensuite dans la paix de notre
conscience… C’est la célébration joyeuse d’un premier sabbat où l’on
se repose des oeuvres serviles du monde…et où l’on ne transporte
plus les fardeaux des passions.
Mais on peut quitter la chambre intime où on a célébré ce
premier sabbat et on peut rejoindre l'auberge de son coeur, là où on
a coutume de « se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, de
pleurer avec ceux qui pleurent » (Rm 12,15), « d'être faible avec
ceux qui sont faibles, de brûler avec ceux qui sont scandalisés »
(2Co 11,29). Là on sentira son âme unie à celle de tous ses frères
par le ciment de la charité ; on n'y est plus troublé par les
aiguillons de la jalousie, brûlé par le feu de la colère, blessé par
les flèches des soupçons ; on est libéré des morsures dévorantes de
la tristesse. Si on attire tous les hommes dans le giron pacifié de
son esprit, où tous sont étreints, réchauffés par une douce
affection et où l'on n'est plus avec eux « qu'un coeur et qu'une âme
» (Ac 4,32), alors, en savourant cette merveilleuse douceur, le
tumulte des convoitises fait aussitôt silence, le vacarme des
passions s'apaise, et à l'intérieur s'opère un total détachement de
toutes choses nuisibles, un repos joyeux et paisible dans la douceur
de l'amour fraternel. Dans la quiétude de ce deuxième sabbat la
charité fraternelle ne laisse plus subsister aucun vice… Imprégné de
la douceur paisible de ce sabbat, David a éclaté en un chant de
jubilation : « Voyez comme il est bon, comme il est doux d’habiter
en frères tous ensemble » (Ps 132,1).
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