de la volonté de témoigner du ressort ultime de son existence.

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« Sans rien renier de sa judaïté, le cardinal a été de ceux qui ont poussé le plus loin le dialogue entre les deux communautés, parvenant à rencontrer certaines des plus hautes autorités, et à dialoguer avec elles. »

 

Extraits :  

 

 

en z relations ....  homentranche  ....  l' amour du pouvoir ... Vade retro satanas ...

 René Girard ...à l'Académie française ...textes des discours de Michel Serres et de René Girard prononcés à l'occasion de la réception de ce dernier à l'Académie française le 15.10.2005  ..."Pendant les années de sécheresse et d’aridité, le père Carré se croyait abandonné à lui-même. En réalité, c’était lui qui se détournait de Dieu en essayant dans son volontarisme moderne de se rapprocher de Lui par ses seuls efforts.... "

La Passion et le cardinal Lustiger  ; lettre de l'homocoques au Cardinal .. illustrant parfaitement cette perception du cardinal en homenTranche   ... d'une tranche ...

 

n 

Source:  http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/homelie_vingt_trois_lustiger.pdf

Date : 10.08.07    

Messe des obsèques du cardinal Lustiger

10 août 2007

Homélie de l’Archevêque de Paris, André VINGT-TROIS

« Rien n’est impossible à Dieu… »

Cette parole de l’ange Gabriel à Marie, rapportée par l’évangile de

saint Luc que nous venons d’entendre, éclaire l’existence de chacun de ceux que

Dieu appelle et qu’Il accueille dans son alliance. Elle éclaire particulièrement la

vie du cardinal Jean-Marie Lustiger que nous accompagnons aujourd’hui tandis

qu’il entre dans la lumière de Dieu et avant que son corps ne repose dans cette

cathédrale, sa cathédrale.

A travers ce que sa discrétion et sa pudeur ont laissé paraître de son

histoire personnelle, nous comprenons que les enchaînements d’une vie peuvent

toujours être déchiffrés de manière différente, selon la clé de lecture que l’on

utilise. On peut évidemment lire l’histoire de la famille Lustiger dans la seule

logique des bouleversements européens du XX° siècle qui conduisirent une

famille juive à s’expatrier de Pologne en France, puis à subir la chasse

meurtrière des nazis. On peut aussi la lire comme un chemin au long duquel les

épisodes douloureux et les épreuves atroces sont comme la partie visible et

cruellement éprouvée d’une alliance entre Dieu et l’humanité, entre Dieu et son

Peuple élu, entre Dieu et chacun des humains dont Il veut faire ses fils.

Cette lecture croyante de l’histoire d’une vie est celle que Jean-Marie

Lustiger a voulu partager dans les quelques ouvrages où il a levé un voile sur

son histoire. Ce n’était pas chez lui un besoin de se justifier, moins encore un

exercice apologétique. C’était un acte de foi et d’action de grâce : la volonté de

témoigner du ressort ultime de son existence. Pouvons-nous quelques instants le

suivre sur cette voie de la foi et de l’action de grâce pour évoquer quelques traits

de cette personnalité si riche ?

Pour ceux qui ont eu la chance de l’approcher et de le connaître

personnellement, ce n’est ni son intelligence, ni l’acuité de son esprit, ni

l’amplitude de sa culture, toutes réelles qu’elles fussent, qui frappaient d’abord,

mais plutôt la vigueur et la force de sa foi. Avant tout, il était un croyant. Que ce

soit dans l’accueil de la Parole de Dieu, dans l’expérience vécue des sacrements

de l’Église, dans l’annonce de l’Évangile ou dans la conduite quotidienne de sa

vie, tout était reçu de Dieu et tout était rapporté à Dieu. Sa découverte et sa

rencontre en Jésus-Christ du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, avaient établi

définitivement sa vie dans le régime de la grâce, du don reçu gratuitement et

sans autre motif que la miséricorde du Dieu tout-puissant.

Persuadé d’avoir tout reçu gratuitement, il était passionné du désir

d’annoncer à tous la surabondance de l’amour de Dieu pour l’humanité et de

transmettre l’appel du Christ à vivre de cet amour. Depuis son premier ministère auprès des étudiants jusqu’à ses dernières initiatives apostoliques comme archevêque de Paris, toute son activité, foisonnante et incessante, était animée par ce désir.

Des chemins de la Terre Sainte aux routes de Chartres, des appels

paroissiaux à « Agir par la Foi » aux initiatives diocésaines couronnées par

« Paris-Toussaint 2004 », toutes ces entreprises dans lesquelles il s’est engagé 

sans réserve visaient à faire connaître le Christ, Sauveur du monde.

Loin de se laisser enfermer dans le monde ecclésiastique, il avait dans

la société française et dans le monde entier d’innombrables contacts: dans

l’université comme dans le monde économique, dans les milieux politiques

comme dans l’univers culturel. Son élection à l’Académie Française établit avec

cette illustre compagnie des liens qui n’étaient pas seulement de convenance. Ce

tissu serré de relations était comme une sorte de paroisse universelle où il

voulait exercer son ministère de prêtre du Christ et de témoin de la foi. Créé

cardinal par le regretté Pape Jean-Paul II, il portait avec lui le souci pastoral de

l’Église entière en partageant profondément sa vision de l’homme dans le

monde de ce temps.

Avec l’encouragement et le soutien de Jean-Paul II, il a posé pour le

développement des relations entre les juifs et les chrétiens des actes décisifs que

peut-être lui seul pouvait engager. Son histoire personnelle le conduisait à se

reconnaître comme un témoin privilégié de la vocation universelle de l’Alliance

conclue au Sinaï entre Dieu et son Peuple. Quelles que soient les

incompréhensions bien explicables quelles que soient les souffrances secrètes

dont il fût blessé, jamais il ne renonçait à ce qu’il comprenait comme sa mission

propre.

Ce que l’acuité de l’analyse et la perspicacité de l’intelligence lui

révélaient comme une fulgurance se traduisait immédiatement en projet d’action

et d’évangélisation. Ce qui lui advenait devait servir à l’accomplissement de la

mission avec une exigence dont tous ses collaborateurs ont été les témoins et les

acteurs sous son impulsion. Dans une période de la vie de l’Église Catholique où

les regrets et les lassitudes risquaient de réduire les ambitions apostoliques à la

mesure des moyens supposés, il discernait, - et pas seulement pour le plaisir

intellectuel du paradoxe -, des opportunités nouvelles , il engageait de nouveaux

projets, quitte à perturber la quiétude même des moins timorés. Ce n’était chez

lui ni le désir de promouvoir ses oeuvres propres, ni l’impatience d’agir, comme certains pouvaient l’en soupçonner. Cette tension permanente vers des objectifs à atteindre relevait de l’espérance raisonnée et d’une lecture des « signes des temps ».

En un quart de siècle cette passion de l’évangélisation s’est exprimée

par des fondations qui trouvent peu à peu leur maturité : création de nouvelles

paroisses, constructions d’églises, École cathédrale, Radio Notre-Dame,

Séminaire diocésain, Fraternité Missionnaire des Prêtres pour la Ville, télévision

KTO, Faculté Notre-Dame, Collège des Bernardins sont autant de ces projets

dont l’articulation et la cohérence apparaissent à mesure qu’ils se développent. Il

faut aussi évoquer les Journées Mondiales de la Jeunesse de Paris en 1997 et

leur rayonnement tant en France que dans le monde et le lancement des Congrès

pour l’évangélisation dont Budapest sera la prochaine étape en septembre 2007.

Cette activité était enracinée dans une vie de communion au Christ.

Prêtre, puis évêque d’Orléans et Archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger fut

vraiment un maître spirituel. Il ne fut pas seulement un prédicateur talentueux et

écouté, il avait le souci de la qualité de la prière dans l’Église, jusque dans la

perfection de la mise en oeuvre liturgique, conscient que Dieu agit à travers les gestes et les signes donnés aux hommes. Les moins avertis pouvaient bien n’y voir qu’un travers de maniaquerie ; en fait, ce qui l’animait était le souci de vivre par la pureté et la beauté des signes le sens profond des rites et d’aider les fidèles à y entrer. Comment pourrions-nous l’oublier dans cette cathédrale dont

il a souhaité et réalisé le réaménagement que nous voyons et où il a si souvent

présidé la Messe dominicale, célébré la Messe chrismale, ordonné les prêtres et

les diacres du diocèse ?

Soucieux d’encourager les prêtres dans l’engagement spirituel de leur

ministère, il a renouvelé les propositions de retraite sacerdotale, il a mis en

oeuvre des « lundis de prière » où il aimait se joindre aux prêtres dans un climat

de recueillement et de partage fraternel. Encore ne savons-nous rien du secret de

sa prière et de sa relation personnelle avec Dieu. Tout juste peut on pressentir

qu’elle était assez forte pour surmonter les fausses modesties et les craintes

humaines quand il était convaincu que l’annonce de l’Évangile était en cause.

Au cours de l’année écoulée, l’aggravation de son état de santé l’a

contraint à réduire ses activités et à servir d’une autre manière. De chacune des

étapes de sa maladie, il a accueilli les symptômes avec lucidité et courage. Il a

offert sans se plaindre la nécessité d’un temps de vie dans la dépendance de la

maladie. Le véritable sacrifice offert à Dieu, ce fut d’accepter cette limitation

avec sérénité.

Si le temps de l’historien n’est pas encore venu, nous sommes déjà

dans le temps de l’action de grâce. Nous rendons grâce à Dieu d’avoir envoyé

sur notre chemin un témoin tel que Jean-Marie Lustiger. Les fruits de son

ministère parmi nous ne révèlent pas seulement une personnalité

exceptionnelle ; ils sont à reconnaître comme des signes de l’oeuvre de Dieu

dans l’histoire humaine. Ils nous encouragent à comprendre comment nos

limites et nos faiblesses, les difficultés rencontrées et les épreuves subies, sont

autant d’occasions de reconnaître la puissance de Dieu agissant dans la faiblesse

de ses serviteurs. Quelle que soit la valeur de la « poterie », pour reprendre

l’expression de Paul, c’est de Dieu, - nous en sommes convaincus -, que vient la

puissance extraordinaire du trésor qui nous est confié. C’est Dieu Lui-même qui

se penche sur la faiblesse de ses serviteurs et de ses servantes pour les couvrir de

l’ombre de son Esprit et les associer à l’enfantement mystérieux auquel participe

la création tout entière.

Le 8 décembre 1979, lors de sa consécration épiscopale à Orléans, la

liturgie de la fête de l’Immaculée Conception proposait le récit de

l’Annonciation dans l’évangile selon saint Luc. Est-ce cette occasion

providentielle ou un choix plus délibéré qui conduisit Jean-Marie Lustiger à

prendre le message de l’ange comme une phrase de référence, sinon comme une

devise : « Rien n’est impossible à Dieu ! » ? Toujours est-il qu’il aimait revenir

à cette profession de foi en la puissance de Dieu à travers la faiblesse des

comportements humains. Ses entreprises les plus hardies n’ont-elles pas été

marquées par cette confiance que Dieu seul construit et conduit son Église selon sa volonté ? S’il s’émerveillait, ce n’était ni de la notoriété, des charges ou des honneurs, ni non plus des incompréhensions, des jalousies ou des méchancetés, qui constituent la face visible de l’existence de quiconque approche des sommets des organisations humaines. Ce qui était la source de sa joie et de son action de grâce, c’était de voir que la Providence accomplissait son oeuvre par

des voies qui nous restent souvent mystérieuses mais que la foi apprend à

reconnaître. Il ne recherchait pas l’approbation du monde, mais il cherchait

toujours avec confiance et obstination à déchiffrer cet itinéraire par lequel Dieu veut conduire son Peuple.

Par le témoignage de sa vie, comme de celle de tant de disciples du

Christ depuis deux mille ans, nous avons la preuve quotidienne que, vraiment,

« rien n’est impossible à Dieu. » Ce qui a été vrai dans la vie de la Vierge Marie,

ce qui a été vrai dans la vie de Jean-Marie Lustiger, est vrai aussi dans chacune

de nos existences, et donc chacune et chacun d’entre nous, nous sommes appelés

avec lui à reprendre à notre compte la réponse de Marie au message de l’ange :

« Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

 

L’Archevêque de Paris, André VINGT-TROIS

 

page ouverte en  06/07

 

 

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