...ismes et occultisme ....

Dossiers : Etat- Nation

 

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l'homenTranche... élite ... franc maconnerie ...tout QUENOUS ....exclusif ...

 

 

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Auteur:   PRESENT

Source: http://www.present.fr/article-13387-7036.html

Date : 20.02.2010    

Le nationalisme allemand corrompu par l’occultisme ?

  

En avril dernier, ayant publié dans Présent un article sur l’ouvrage de Timothy W. Ryback, Dans la bibliothèque privée de Hitler, ainsi que sur celui d’Antoine Vitkine, Mein Kampf, histoire d’un livre, j’avais reçu quelque temps plus tard un coup de fil d’un de nos lecteurs alsaciens, dont le père, engagé dans l’armée allemande, était mort sur le front de l’Est. Mon correspondant s’intéressait d’autant plus à cette période qu’il avait vécu enfant durant dix ans avec sa mère en Allemagne : de 1939 à 1950. Pas la période la plus rose ! Mon article l’avait intéressé, mais il me reprochait de ne pas avoir assez souligné la part de l’occultisme dans la formation intellectuelle d’Adolf Hitler. Sujet d’ailleurs controversé. En décembre dernier nouveau téléphonage : mon correspondant m’annonçait qu’il serait de passage à Paris la semaine suivante. Nous déjeunâmes donc dans une petite pizzeria de mon quartier, entre Pigalle et Blanche. Nous aurions pu aussi y dîner puisque notre conversation se prolongea tout un après-midi. Au moment de nous quitter, notre lecteur alsacien m’offrit deux livres qu’il avait apportés dans sa sacoche : Les Racines occultistes du nazisme (Editions Pardès, 1989) et un ouvrage plus récent : Hitler et les sociétés secrètes, de Philippe Valode, aux Editions du Nouveau Monde. « Pour prolonger notre conversation », me dit-il. Evidemment, je les ai lus. Attentivement.

 

Levons d’emblée toute ambiguïté sur le mot nationalisme. Si le nationalisme français est basé sur la défense intransigeante de l’indépendance de notre pays, et de tout ce que nous devons à son passé, défense des hommes, de leur œuvre au fil des siècles, de leur art, de leur pensée, défense d’un patrimoine commun, d’un héritage à conserver, à enrichir et à transmettre, le nationalisme allemand fut d’emblée, rappelons-le, un nationalitarisme, botté et casqué, avec des objectifs de conquête territoriale. Bismarck ne proclamait-il pas, peu avant d’envahir la France : « Ce n’est pas par des discours et des votes à la majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, comme on le croyait en 1848, mais par le fer et le sang. » Tout un programme, dont les échos guerriers dureront jusqu’en 1945.

Né au début des années 1800, à la suite des guerres napoléoniennes, le nationalisme allemand s’est vite confondu avec le pangermanisme, doctrine qui fit d’emblée de la race sa pierre angulaire. Une explication historique à cela. Les Allemands étaient un peuple sans unité politique depuis la Réforme, lorsque le Saint Empire romain germanique fut divisé en une multitude de petits Etats indépendants. En 1911, dans le livre de référence des pangermanistes modernes, La plus grande Allemagne, Otto Richard Tannenberg écrit : « Quelle situation pitoyable que la nôtre, si l’on considère que pas moins de 25 millions d’Allemands, c’est-à-dire 28 pour cent de la race, vivent au-delà de limites de l’empire allemand ! » Le nationalisme germanique avait donc pour objectif primordial de réunir par-dessus les frontières l’ensemble d’un peuple issu de la même ethnie et partageant la même langue. Rassembler dans un Etat des hommes et des femmes d’un même sang. Une doctrine qui tire sa substance de penseurs comme Fichte (1762-1814) : « Un peuple, c’est l’ensemble des peuples qui vivent en commun à travers les âges et se perpétuent entre eux sans adultération, physiquement et moralement, selon des lois particulières au développement du divin. » Ou Hegel (1770-1831) : « L’erreur la plus fatale pour un peuple est d’abandonner ses caractères biologiques. (…) L’Allemagne proprement dite s’est gardée pure de tout mélange, sauf sur sa frontière méridionale et occidentale où la bande de territoire en bordure du Danube et du Rhin fut soumise aux Romains. La région entre l’Elbe et le Rhin est restée absolument indigène. » Le pangermanisme va donc proclamer la supériorité de la race allemande, culturellement et historiquement. Et c’est notamment parmi la population germanophone vivant en Autriche – celle-ci se trouvant depuis 1867 englobée dans l’empire austro-hongrois – que va s’exacerber cette doctrine, sous l’appellation Völkisch (nationalisme culturel travaillant à l’éveil de la conscience nationale). Les germanophones d’Autriche supportent mal de se retrouver à l’intérieur d’un empire multiethnique, dominés par des Tchèques, des Slovaques et des Hongrois. Un empire en proie à « l’anarchie slave ».

 

Guido von List et l’aryanisme

 

C’est chez ces Allemands d’Autriche floués par l’Histoire que le pangermanisme va devenir le plus virulent. L’écrivain viennois Guido von List (1848-1919), auteur d’ouvrages romanesques sur fond de néopaganisme germanique – Le secret des runes, L’ésotérisme de la religion des Germains, Le passage du wotanisme au christianisme, Les rites des Germano-Aryens –, va s’ériger en théoricien d’une doctrine millénariste très brumeuse : l’aryanisme. « Dans ses livres et ses conférences, List invitait les vrais Allemands à conserver les restes du merveilleux Etat théocratique de leurs ancêtres aryo-germaniques. Etat gouverné sagement par des prêtres-rois et des initiés gnostiques et dont les traces étaient clairement discernables, selon lui, dans le folklore, le paysage et les sites archéologiques de son pays. » Ses lecteurs, même ceux qui ne croyaient pas à ses fariboles, le considéraient « comme un vieux patriarche barbu dont le regard clairvoyant avait su mettre en pleine lumière le glorieux passé aryen et germanique de l’Autriche en le débarrassant des scories déposées par les influences étrangères et la civilisation chrétienne ». Guido von List est violemment anticatholique. Ce chantre des vieilles légendes germaniques (comme Richard Wagner) soutenait que « le judaïsme et le christianisme avaient corrompu l’ancienne et authentique religion ». List va aussi être le premier à amalgamer l’idéologie völkisch avec le théosophisme de l’aventurière germano-russe Helena Blavatsky. A cette dernière, il empruntera le rôle occulte des Templiers, la lutte manichéenne entre les races des seigneurs (c’est-à-dire les Aryo-Germains) et les races d’esclaves (les non-Aryens), ainsi que le thème du continent polaire disparu, terre originelle des Aryens. Ainsi, ajoutant des utopies maléfiques à ses rêvasseries chimériques, List va-t-il apporter sa pierre tout à la fois à l’occultisme et au pangermanisme, propageant chez quelques initiés « une croyance semi-religieuse en une race de demi-dieux aryens, croyance aussi en la nécessité d’exterminer les êtres inférieurs afin de réaliser un merveilleux monde à venir, où pendant mille ans, les Allemands domineront la terre entière ».

Dans le milieu du XIXe siècle, l’occultisme est à la mode dans beaucoup de sociétés européennes. Et tout particulièrement en Allemagne et en Autriche, où toute une classe moyenne, profondément enracinée dans de vieilles traditions, subissait les métamorphoses brutales et souvent néfastes de l’industrialisation. D’où un substrat d’angoisses et de rancœurs favorable à de telles divagations. A ces gens désemparés, List offrait un fatras doctrinal délirant mais sécurisant dans lequel il combinait religions exotiques, mythologie, ésotérisme, alchimie, ordres militaires et religieux, liant le tout avec des rites empruntés aux Rose-Croix et à la franc-maçonnerie. Si invraisemblable que soit cette fantasmagorie, elle avait la vertu de mettre un présent décevant et anxiogène en rapport avec un passé lointain mythique, même si ces mythes dévoyés relevaient surtout de la mystification. Les Allemands ont d’ailleurs toujours eu une propension à l’ésotérisme : au XIXe siècle les Rose-Croix comptaient parmi leurs membres le roi Frédéric-Guillaume II et son Premier ministre, Johann Christoph von Wöllner. « Pour List, la race héroïque des Aryo-Germains devait être dispensée de tous les travaux réservés à la classe ouvrière et de toutes les tâches dégradantes afin de pouvoir régner sans conteste sur les peuples non aryens réduits à l’état d’esclaves. » Nous ne sommes pas loin de la politique étrangère mise en œuvre trente-cinq ans plus tard par le IIIe Reich.

 

Jörg Lanz von Liebenfels et l’Ordre du Nouveau Temple

 

Le disciple de List le plus radical est sans conteste un autre Viennois, Jörg Lanz von Liebenfels (1874-1954) donc de vingt-six ans son cadet, moine cistercien défroqué, qui professait que la race « aryenne » descendait « d’entités divines interstellaires ». Chez Lanz le mythe du Graal est réinterprété comme la quête du sang pur des Aryens. « En mêlant des conceptions racistes aux écritures, aux apocryphes, aux découvertes archéologiques et à l’anthropologie, il élabora une sorte de doctrine du bien auquel il assimila les races aryennes et les races noires, mongoloïdes et méditerranéoïdes à celui du mal (la race aryenne étant caractérisée, selon les sociaux darwinistes (…) par les yeux bleus et les cheveux blonds). C’est en transformant ces idées et préjugés en doctrine gnostique que Lanz apporta une contribution originale à l’idéologie raciste. Selon cette doctrine, les Aryens étaient les défenseurs de l’ordre, tandis que les races à peau foncée étaient les agents du chaos. » Manipulant comme son inspirateur les espérances millénaristes, Lanz annonce la résurrection de la gnose sexo-raciste selon laquelle « les Aryens retrouveront, par la sélection, leur pureté raciale et donc leurs pouvoirs divins qui leur permettront d’établir un Etat aryen mondial ».

Jörg Lanz von Liebenfels trouva vite de riches sponsors parmi la bourgeoisie viennoise. Leurs dons lui permirent d’acquérir un château médiéval, Burg Werfenstein, « perché sur un escarpement rocheux dominant le Danube ». Dans ce nid d’aigle romantique, qu’il fit restaurer, Lanz créa sa propre secte, l’Ordre du Nouveau Temple (ONT) sur le modèle des ordres de chevalerie qu’il admirait tant. Certes, il est question des Templiers, mais aussi du culte d’Odin, des Rose-Croix, des Illuminés de Bavière. « Ce Ordre du Nouveau Temple prêche la pureté raciale : seuls des hommes blonds aux yeux bleus peuvent y être admis. Et encore faut-il qu’ils s’engagent à épouser leur semblable au féminin ! Il exhorte aussi à la violence, à la haine de l’Eglise et à celle des juifs. »

Pour propager les idées de l’ONT, Lanz von Liebenfels crée une revue, Ostara, (tirée parfois à cent mille exemplaires) dont le credo peut se résumer ainsi : « La religion des Aryens avait été fondée sur une connaissance ésotérique ; un complot satanique avait occulté cette religion, mais sa résurrection était imminente et elle allait permettre la renaissance d’une élite aryenne… » A longueur de pages, Lanz rappelait que « l’histoire raciale est la clef de la compréhension de la politique » et que « toute laideur et tout mal proviennent du métissage ». Les temps étaient arrivés : « Il fallait mettre un terme à l’influence sans cesse croissante des races inférieures sur le vieux continent et dans ses colonies. » Il fallait les « exterminer ». Lanz fulmine contre la compassion des chrétiens pour les faibles et les inférieurs… Parmi ses lecteurs assidus, entre 1910 et 1913, Ostara (nom d’une déesse germanique) compta un jeune homme fiévreux, intéressé par ces idées, même s’il n’adhérait pas totalement à leur religiosité : Adolf Hitler.

 

Rudolf von Sebottendorff et la société Thulé

 

Des idées qu’il retrouverait six ans plus tard par le truchement de la société de Thulé. Une loge plus ou moins dissidente de l’ONT, fondée durant la Première Guerre mondiale par Rudolf von Sebottendorff, sorte d’aventurier cosmopolite féru d’occultisme, ayant, dans sa jeunesse, beaucoup bourlingué. Né dans un milieu d’ouvriers prussiens, il sera plus tard, au cours de ses pérégrinations, adopté par un vieil aristocrate allemand vivant en Turquie, qui l’initiera à la franc-maçonnerie orientale. Sous la férule de ce baron par adoption, la société de Thulé continue de prôner les fondamentaux de l’ONT : l’antisémitisme, le paganisme et le racisme. « Son symbole, la croix de Wotan, divinité prégermanique, n’est pas sans rappeler la croix gammée. Le salut de Thulé “Heil und Sieg” (salut et victoire) sera repris par Hitler qui le transformera en “Sieg Heil”. » Thulé répercute la doctrine abstruse de Guido von List et de Jörg Lanz von Liebenfels. « L’idéologie de l’Ordre était fondée sur la croyance en l’existence de surhommes et d’une race humaine supérieure : les Aryens qui auraient vu le jour dans l’hypothétique Hyperborée. L’un de ses textes de référence s’appelait Les Protocoles des sages de Sion. » A noter que Thulé est le nom que Pythéas « avait donné à la terre la plus septentrionale qu’il avait découverte vers 300 av. J.-C. ». La plus éloignée des patries « méditerranéoïdes » porteuses de chaos… Sebottendorff exhortait les membres de sa secte nordique à combattre « jusqu’à ce que le svastika s’élève victorieusement dans l’obscurité glacée ». Après la défaite de l’Allemagne (celle de 1918), Sebottendorff se distingua toutefois « comme un organisateur important de la réaction nationaliste au gouvernement Eisner et à la République communiste qui lui succéda à Munich ». Sept membres de Thulé furent d’ailleurs massacrés par les rouges. Parmi eux, quatre aristocrates titrés, dont le prince Gustav von Thurn und Taxis et la comtesse Heila von Westarp. Sebottendorff agit sur le plan militaire en favorisant la formation d’un corps franc, Oberland, dirigé par Ernst Röhm, futur chef des SA, et qui participa à la libération de Munich. Puis dans le domaine journalistique il créa le Völkischer Beobachter, futur organe du mouvement nazi, dont le rédacteur en chef sera à partir de 1923 Alfred Rosenberg, le philosophe semi-officiel du national-socialisme. Sur le plan politique, Sebottendorff contribua à mettre sur pied un parti, susceptible d’attirer des prolétaires, le Parti ouvrier allemand, par le biais de trois membres de Thulé ou proches d’elle : Anton Drexler, Karl Harrer et Gottfried Feder.

Quand le soldat Adolf Hitler, embauché par l’armée comme inspecteur de renseignements se rend en septembre 1919, sur ordre de son supérieur, à une réunion de ce minuscule groupuscule, il le trouve de prime abord dérisoire et sans grand intérêt. Il va toutefois y adhérer parce qu’il s’est aperçu que derrière cet embryon de parti il y a Thulé. Et que cette société paramaçonnique recèle dans ses rangs nombre de notables, susceptibles de l’aider. Il y trouvera effectivement son premier mentor : l’écrivain antisémite, premier rédacteur en chef du Völkischer Beobachter, Dietrich Eckart (1868-1923). C’est lui qui introduisit le jeune chef de parti auprès de milieux riches et influents. Peu avant de mourir, Eckart confia à Karl Haushofer et Alfred Rosenberg : « Suivez Hitler ; il danse, mais c’est moi qui ai écrit la musique. Surtout ne me regrettez pas : j’aurai influencé l’histoire plus qu’un autre Allemand. » Sebottendorff affirmera lui-même plus tard, en 1934, « avoir semé ce que le Führer avait fait lever ». Le second mentor d’Adolf Hitler, (qui fut aussi celui de Rudolf Hess) sera Paul Haushofer, plus jeune général de la Grande Guerre et grand géopoliticien d’Allemagne. Passionné d’ésotérisme (il appartenait à tout un enchevêtrement de sociétés occultes), il était aussi l’un des principaux animateurs de Thulé.

Parmi les premiers compagnons de Hitler, les plus éminents et ceux de sa garde rapprochée étaient donc tous affiliés à Thulé : Rudolf Hess bien sûr qui, féru de magie et d’astrologie, se prétendait « spirite d’origine égyptienne ». Mais aussi Henrich Himmler, Alfred Rosenberg, Ernst Röhm, Julius Streicher, Hermann Esser, Hans Franck ; plus quelques autres. Et même, un peu plus tard, Hermann Göring…

Bien sûr, très vite, l’autocrate Hitler prendra ses distances avec Thulé. Pas question pour lui de partager son pouvoir. Ce ne semble pas être le cas de certains membres de son entourage : Hess, Himmler, Haushofer. L’aura intellectuelle de Thulé dans lequel est né le national-socialisme se développera donc avec lui, créant cette mystique de religiosité païenne qui se voulait annonciatrice du surhomme. L’Ordre noir des SS, sous l’impulsion d’Himmler, en sera en quelque sorte le bras séculier exterminateur. Quand Hitler écrit dans Mein Kampf : « Ce qui n’est pas de bonne race dans ce monde ne vaut rien », il fait écho à toutes les doctrines aryosophistes qui, de List à Thulé en passant par l’Ordre du Nouveau Temple de Liebenfels, ont cheminé de façon souterraine durant cinquante ans avant de jaillir dans le chaos germanique de l’après-défaite. Des doctrines basées sur un mysticisme dévoyé exaltant jusqu’à l’absurde la défense du sang pur, prétendant préparer l’avènement de la « race des seigneurs » et d’un tout aussi hypothétique âge d’or, vieilles lunes des penseurs et écrivains ésotériques et autres légendes initiatiques venues du monde barbare. En 1934, Hitler confiera à un proche : « Je travaille au marteau, et m’emploie à détacher tout ce qui peut être débile ou vermoulu… Nous ferons croître une jeunesse devant laquelle le monde tremblera, une jeunesse violente, impérieuse, intrépide, cruelle. »

Selon un historien anglais, Thulé comptait aussi des adeptes du satanisme dans ses rangs. De toute façon, Lucifer rôde toujours plus ou moins dans les parages de l’occultisme. En s’incarnant dans un mouvement politique dont Hitler aura été le médium, ces idées ténébreuses ont gangrené et corrompu le nationalisme allemand de manière apocalyptique !

JEAN COCHET

 

 

 

 

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