« J’étais étranger, et tu m’as accueilli. » Que
doit faire le chrétien face à un immigré, démuni, déraciné, en
délicatesse avec la loi – « sans-papiers » dit-on aujourd’hui ! –
sinon voir en lui le visage du Christ souffrant ? Devant la réalité
concrète, immédiate, dramatique, nous sommes appelés à la charité et
à la bonté, notre attitude doit témoigner de la charité même du
Christ, et c’est par amour pour Lui que nous devons considérer
l’étranger comme notre frère. Lui vouloir du bien. Espérer jouir
avec lui du bonheur éternel !
Hélas, ce n’est pas ce que dit le récent message
du Conseil d’Eglises chrétiennes en France « à l’occasion du premier
dimanche de Carême », revêtu d’un poids particulier en cette « Année
européenne des Eglises pour les migrations ». Le texte, cosigné,
dans l’ordre, par ses co-présidents, le pasteur Claude Baty
président de la Fédération protestante de France, Mgr Emmanuel,
président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, et le
cardinal André Vingt-Trois, en sa qualité de président de la
Conférence des évêques de France, se situe sur un plan plus
politique.
Ensemble, ils demandent que soient reconnues et
protégées les associations d’aide aux immigrés ou qui apportent une
aide aux immigrés – mais dont certaines militent activement pour la
régularisation systématique des illégaux, récusant pratiquement le
droit de l’Etat de fixer une limite ou des conditions au séjour et à
l’installation des immigrés en France.
Florilège :
• « Chaque fois que cela est nécessaire, nous vous
engageons à aborder la question des migrations avec les autorités
locales ; elles ont besoin d‘être encouragées dans leurs choix
politiques pour que notre pays reste une terre d’accueil. »
• « Les associations ont aussi besoin de bénévoles
pour accueillir et accompagner des migrants, en les aidant par
exemple à régulariser leur situation administrative. Nous vous
encourageons à vous rendre disponibles, de manière ponctuelle ou
régulière. »
Bref, faire preuve de solidarité à l’égard des
migrants, ce n’est pas leur apporter le secours matériel et la
chaleur humaine dont chacun peut avoir besoin. C’est encore moins
leur faire connaître le Christ, notre souverain bien, notre trésor
inestimable que nous n’avons pas le droit, en effet, de garder pour
nous. Evangéliser l’étranger, l’amener à connaître la splendeur de
la vérité ? Le Conseil d’Eglises chrétiennes n’y pense même pas. Ou
en tout cas n’ose pas le dire…
Notant que « l’Europe est une destination
privilégiée et la France l’un des principaux pays “choisis” par les
migrants », le Conseil choisit l’augmentation de cette pression par
la récompense des comportements hors la loi. Des décennies de cette
politique d’immigration-là ont pourtant montré leurs limites, et
pour la population autochtone, et pour les immigrés eux-mêmes
lorsque, loin de leur pays natal, ils s’enlisent dans des situations
d’assistanat…
Le Conseil confond le devoir personnel et les
attitudes politiques, qui mettent en œuvre d’autres responsabilités
et un devoir de protection du bien commun national.
Mais même sur le plan personnel, voici que ces
responsables religieux demandent à chacun de se libérer des « idées
fausses », des « préjugés » ou des « représentations inexactes » :
« Parmi les chrétiens, comme parmi nos concitoyens, peuvent circuler
des réponses simplistes à ce problème complexe. »
Le problème, c’est que la réponse qui consiste à
privilégier « l’accueil » à tout prix, à tout niveau, passe
justement à côté de la réalité. La réalité est celle d’une présence
massive d’étrangers dont la culture est souvent radicalement
différente de la nôtre, dont « l’intégration » se traduit par une
défrancisation des quartiers ; la réalité, c’est que cette
immigration en grande partie musulmane pose un défi réel à ce qui
reste de foi chrétienne dans ce pays. Les familles chrétiennes
doivent-elles donc changer leur « regard » sur les quartiers
musulmans, aller y vivre, y exposer leurs filles aux agressions que
les jeunes musulmanes cherchent à éviter en se voilant ? Il s’est
trouvé des prêtres pour le dire. Et c’est de la folie, tant qu’il
n’y a pas d’abord une affirmation forte de l’identité nationale et
chrétienne, tant qu’on n’impose pas d’abord le respect de la loi,
tant qu’on n’affirme pas que l’émigration vers n’importe quel pays
n’est pas un droit de l’homme. On peut lire à propos de l’islam le
remarquable texte du Père Daniel-Ange sur libertepolitique.com.
Le Conseil d’Eglises ose affirmer que
le « contexte est de plus en plus restrictif en matière de
politiques migratoires ». Sur le blog Perepiscopus
(« Observatoire des évêques de France), Maximilien Bernard démontre
le contraire en quelques chiffres :
« Le problème c’est que c’est faux. Et les
chiffres 2009 le montrent : — 29 288 étrangers en situation
irrégulière ont été reconduits à la frontière. — 173 991 titres de
long séjour ont été délivrés. — 108 275 étrangers ont été
naturalisés. »
JEANNE
SMITS